L’adjudant Mathieu est malien, l’adjudant Nicolas français. Ils ne sont pas nés au même endroit, ils sont de cultures différentes et n’ont pas le même parcours professionnel. Leurs trajectoires se sont croisées à Gao, le temps d’une mission d’actions civilo-militaires (CIMIC). Ils partagent la même vision de leur fonction visant à faciliter l’insertion des forces armées dans un environnement civil complexe.
« De l’action sociale aux actions civilo-militaires, il n’y a qu’un pas naturel à franchir !»
Mathieu a intégré l’école des sous-officiers (ESO) de Banankoro en 2011 pour une formation de deux ans. Affecté à Tombouctou, il se destine à une carrière militaire classique mais la crise qui éclate modifie une voie qui semblait toute tracée. Alors replié à Ségou, plus au sud, la magnitude de la crise qui frappe le pays lui fait prendre conscience du besoin d’assister les militaires et leurs familles dans la gestion de leurs problèmes sociaux. Ses chefs misent sur lui et l’autorisent à préparer le concours d’entrée à l’institut national des formations des travailleurs sociaux (INFTS). Son diplôme en poche, il rejoint en 2015 la direction du service social des armées (DSSA), un organisme spécialisé dans la prise en charge sociale des militaires, de leurs épouses et de leurs veuves, des orphelins, des retraités, des grands malades et de tout autre cas nécessitant un accompagnement social. Dans son bureau de Bamako, il sait que derrière chaque dossier se cache un réel besoin et parfois même une détresse. Il s’investit totalement dans son travail et part à la rencontre de personnes en situation critique. En 2017, il découvre les actions civilo-militaires à l’école militaire interarmes de Koulikoro. Il adhère aussitôt. « Mes compétences dans le secteur social m’apportent beaucoup » explique-t-il, « et parce que l’état-major s’est appliqué à irriguer l’action sociale au cœur des régions, me voilà affecté à Gao en 2018 ».
« Mon parcours ne me prédisposait pas aux actions civilo-militaires. J’ai relevé le défi ! »
Nicolas s’est engagé en 2002 à l’école nationale de sous-officiers d’active de Saint-Maixent, puis il intègre le 3e régiment médical de La Valbonne en tant que spécialiste finance et budget où il s’épanouit. En 2018, il est affecté au centre interarmées des actions sur l’environnement de Lyon pour occuper le poste de chef de la section financière. Très vite, ses nouveaux chefs considèrent sa personnalité, son aisance relationnelle et son intelligence sociale compatibles avec la fonction de chef d’équipe CIMIC. « Lorsque le centre expert des actions civilo-militaires m’a proposé une formation puis de m’envoyer en mission au Mali, j’ai immédiatement accepté ! » confie-t-il.
« Entre nous, le courant est tout de suite passé ! »
L’adjudant Mathieu et l’adjudant Nicolas ont la même vision de leur fonction CIMIC. « Avant de réaliser un projet, il faut s’assurer d’avoir compris les besoins réels des populations. Nous étions sûrs que la rénovation du groupe scolaire Thionville du quartier Château était au cœur des préoccupations des familles de Gao. Alors nous (français et maliens) avons financé le projet » explique l’adjudant Nicolas. « Il est impératif d’impliquer le plus grand nombre dans les projets menés : un défaut d’appropriation par les populations elles-mêmes et c’est la prise en charge systématique qui est encouragée... Il faut viser la responsabilisation, pas la tutelle permanente », complète l’adjudant Mathieu. S’impliquer personnellement et collectivement, voilà pour eux les maîtres mots. Les deux adjudants se quittent avec une pointe d’émotion, c’est le temps des adieux. Ils garderont un souvenir indélébile de leur complicité professionnelle sur ce projet qui va considérablement améliorer la scolarisation de milliers d’enfants maliens.
Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération BARKHANE a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad. Elle regroupe environ 5 100 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.
Sources : État-major des armées
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