BARKHANE : De monitrice d’équitation à munitionnaire

« Je m’étais bien renseignée avant de m’engager : oui, les sports équestres existent à l’armée »

Le MDL Ketty signe en 2013 un contrat de dix ans en tant que cavalier de manège, l’équivalent de palefrenier soigneur dans le milieu civil. Elle est affectée aux écoles de Saint-Cyr Coëtquidan. Elle y mesure alors toute la place du cheval dans l’histoire et les traditions militaires françaises. « Mais ce n’est pas seulement une question d’héritage ou d’identité », précise-t-elle, « l’équitation concourt à l’aguerrissement des combattants par le sport, participe au rayonnement de nos militaires dans le milieu de la compétition, contribue à la condition des familles de militaires, mais aussi soutient nos blessés physiques et traumatisés psychiques par la médiation équine ». Major au certificat militaire élémentaire et promue brigadier, elle décide de concourir pour le corps des sous-officiers. Elle est ainsi nommée maréchal-des-logis en 2017, se classant une nouvelle fois parmi les meilleurs à l’école nationale des sous-officiers d’active de Saint-Maixent. Mutée à l’école militaire d’équitation de Fontainebleau, le MDL Ketty obtient le certificat technique de sous-maître de manège puis devient monitrice d’équitation militaire et civile. Elle donne de nombreux cours aux militaires ainsi qu’à leurs familles. Elle participe aussi au débourrage des jeunes chevaux. Mais elle nourrit très vite d’autres projets.

« Je rêvais de rejoindre le 1^er Régiment de Hussards Parachutistes (1^er RHP) de Tarbes »

Bien que monitrice d’équitation, une micro-population au sein des armées, le MDL Ketty est une militaire à part entière. Elle veut donc accéder à de plus hautes responsabilités et goûter au milieu opérationnel. L’occasion se présente en 2019 lorsqu’elle intègre un régiment de cavalerie où elle y devient l’adjoint de la section équestre. « J’avais envie de repousser mes limites et d’acquérir une culture opérationnelle » confie-t-elle, « et me voilà enfin dans le régiment de cavalerie où je voulais vraiment aller ». Le MDL Ketty, toujours dynamique et volontaire, est vite remarquée par ses chefs, qui n’hésitent pas à lui confier de plus en plus de responsabilités. Ultime preuve de confiance de leur part, ils la projettent au Mali auprès de ses camarades combattants du régiment.

« Le Mali aura été pour moi une école fantastique »

La départ du MDL Ketty en opération extérieure a d’abord intrigué ses camarades, plus habitués à sa présence au manège du régiment. « Ici au Mali, je suis munitionnaire », précise-t-elle, « et j’exerce des responsabilités dans le secteur logistique, tant sur l’emprise de Ménaka qu’en opération sur le terrain ». Elle y découvre tous les aspects de la vie en campagne. Elle apprend vite, et sa personnalité joviale lui vaut la bienveillance et la sympathie de tous. « Mes camarades m’ont donné des cours pour accélérer mon intégration. Aujourd’hui c’est chose faite ». Ses chefs lui confient des tâches dont elle s’acquitte parfaitement et son autorité sur ses subordonnés ne souffre aucune contestation. « Ce que je retiendrai avant tout de cette aventure unique, ce sont l’expérience et les compétences acquises, et mes efforts particuliers pour vaincre les a priori du début. On a toujours fait bloc, nous avons eu tant de moments de partage ».

Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération BARKHANE a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad. Elle regroupe environ 5 100 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.