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BARKHANE : Dans la peau d'un chef de corps en opération dans le Gourma

Mise à jour  : 16/04/2019

Le colonel Jean-François Calvez est chef de corps du 2e régiment d'infanterie de marine (2ème RIMa). Le groupement tactique désert Richelieu qu'il commande depuis le 21 février 2019 conduit des opérations essentiellement terrestres contre les groupes armés terroristes agissant dans le Gourma.

Fin mars, il s’est déployé avec plus de 700 combattants et de 150 véhicules pour conduire la première opération majeure menée cette année par la force Barkhane dans la cette région dite des « trois frontières ».

« C'est une extrême fierté et un réel plaisir d’avoir la chance de commander une telle machinerie »

Le colonel Calvez a planifié et conçu depuis Gao l'ensemble de l'opération avec le poste de commandement interarmées de théâtre.

Cette opération s'inscrit dans la continuité des missions menées dans la région. Longues et éprouvantes pour les organismes et les matériels, ces opérations nécessitent de pouvoir s’appuyer sur des plots logistiques faisant office de relais. Ainsi en est-il de la plateforme opérationnelle de Gossi située à mi-distance entre Gao et Hombori. Selon lui, «Gossi est désormais le port d'attache à partir duquel nous pouvons conduire des opérations en profondeur dans le Gourma ».

Le colonel Calvez a réuni, -autour du noyau du groupement Richelieu constitué par le 2e RIMA-, l'ensemble des fonctions opérationnelles qui lui permettront de remplir sa mission avec succès et ce, face à un adversaire qui maîtrise parfaitement le terrain et use de modes d’action le plus souvent non conventionnels.

Il sait également pouvoir s’appuyer en toute confiance sur le groupement tactique désert aérocombat, le groupement tactique désert logistique, mais aussi sur les éléments spécialisées dans l’acquisition du renseignement. Ces facteurs lui permettent de pouvoir décupler les effets qu’il produit sur le terrain et l’adversaire : « C'est une extrême fierté et un réel plaisir d’avoir la chance de commander une telle machinerie. Tous les acteurs sont complémentaires et tout l’enjeu réside dans notre capacité à les mettre en synergie afin de conduire la mission mais également d’anticiper le coup d’après ».

La plupart des transmetteurs, des pilotes et autres logisticiens étaient déjà déployés en opération il y a à peine quelques jours. Selon le chef de corps, la bascule quasi immédiate d’une opération majeure à une autre, a constitué un véritable défi logistique et a exigé beaucoup des hommes, qui pour certains enchaîneront près de huit semaines d’opérations : « Je considère que le défi a été relevé avec beaucoup de réactivité et un investissement collectif remarquable ».

Le colonel a délibérément choisi de mener cette opération à pieds, en véhicules mais aussi par moyens aériens, de nuit comme de jour pour varier les modes d’action et maintenir son adversaire dans l’incertitude pour tenter de le frapper quand il s’y attend le moins. Il reste néanmoins lucide : « On ne maîtrise pas les mouvements et les intentions de notre adversaire, on joue sur son terrain. Comme j'aime à le dire, nous sommes comme dans une partie d’échecs, reste à savoir qui jouera avec les blancs pour porter le premier coup. Si l’adversaire avance ses pions en premier, à nous d'être précis et réactifs dans notre réponse pour le déstabiliser du premier coup ».

Donner du sens à l’action en général et à cette opération en particulier est essentielle pour le chef de corps, cela participe à la création d’un esprit de corps et garantit un engagement sans faille de la part de tous. Le colonel est formel ; son objectif est de désorganiser, perturber, neutraliser l'ennemi et obtenir des effets sur le long terme : « Tous les Marsouins, Bigors, Sapeurs de Marine, Bisons sont extrêmement motivés et donneront leur maximum tout au long de la mission. Ils savent, je leur ai dit et écrit, que j’exigerai beaucoup d’eux. Seul prime l’accomplissement de la mission ».

« Malgré des températures infernales […] et un environnement opérationnel des plus exigeants, Richelieu ne lâchera rien, j’y veillerai ! »

En 2003, le colonel Calvez, alors jeune capitaine, a été envoyé durant 3 mois à l'école des Lanceros en Colombie. Il occupait alors le poste d'officier jungle au 9e RIMa à Cayenne. Pour acquérir de l'expérience mais aussi une légitimité, il a effectué ce stage particulièrement éprouvant (combat en jungle, méthodes de survie, techniques d'évasion…). « Avec le recul dont je dispose aujourd’hui, je pense que c'est ce qui m'a demandé le plus de résistance physique et mentale. Cela a été une expérience bouleversante au cours de laquelle j’ai appris beaucoup sur moi-même. Depuis et même si cela remonte maintenant à de nombreuses années, je sais que, quelles que soient les circonstances, il ne faut jamais rien lâcher. C’est exactement ce que nous faisons ici, malgré des températures infernales, d’énormes contraintes logistiques et un environnement opérationnel des plus exigeants. Richelieu ne lâchera rien, j’y veillerai ! ».

Saint-cyrien issu de la promotion général Lalande (1996-1999), le colonel Calvez a servi au 21e RIMa à Fréjus, au 9e RIMa à Cayenne puis au 3e RIMa à Vannes. Il a également été détaché auprès du Ministère de l’Europe et des affaires étrangères pendant trois ans. Il commande le 2e RIMa depuis le 28 juin 2018. C'est son deuxième passage au Mali, après avoir effectué un mandat à Serval en 2013 en tant que chef opérations.

Le respect mutuel, la clé de voûte des unités de combat

Le colonel aime avoir des relations franches et chaleureuses avec ses hommes qui le savent dur et exigeant mais également juste dans ses décisions : « Je peux tout demander à mes hommes, à partir du moment où on leur donne un objectif clair à atteindre et que l’on est franc en leur disant quels seront les défis qu’ils auront à relever. »

Il a toujours eu à cœur de créer avec eux des liens fraternels fondés sur le respect mutuel et la prise en compte du facteur humain, constituant la clé de voûte des unités de combat.

Pour lui, l'infanterie est l’arme de l’humain, du collectif, du surpassement et de l’engagement au contact : « Ce que nous vivons ici au Mali, me conforte tous les jours dans ce choix qui est au final, un choix de vie. Mes hommes sont rudes, parfois rugueux, mais je sais qu’ils ont un cœur énorme et sont prêts à tout donner, sans rien attendre en retour. Je mesure chaque jour ma chance d’être leur chef ».

Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger, et Tchad. Elle regroupe environ 4 500 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.


Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense