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BARKHANE : Au cœur de la conduite des opérations 3D

Mise à jour  : 04/11/2020

Les opérations menées par la Force Barkhane sont conceptualisées, commandées et conduites depuis le Poste de commandement interarmées de théâtre (PCIAT), implanté à N’Djamena. Le Centre des opérations interarmées (COIA) en est un élément essentiel. Sa mission : suivre en temps réel les différentes opérations terrestres et aériennes en bande sahélo-saharienne et gérer les situations de crise. Deux officiers jouent un rôle-clé au sein du COIA dans le domaine aérien, appelé « 3D » (3e dimension), le lieutenant-colonel (LCL) Jean-Michel et le commandant Didier, qui opèrent quotidiennement pour appuyer de façon optimale les troupes au sol grâce aux différents aéronefs.

Dans le COIA, les opérations aériennes sont suivies en direct par la cellule de coordination et de conduite des opérations aériennes (AOCC – Air operation command center). Comme l’explique le LCL Jean-Michel : « La cellule AOCC en bande sahélo-saharienne est localisée au sein du COIA à N’Djamena et nous sommes rattachés au Joint Force Air Command (JFAC), basé à Lyon, qui a la charge de toutes les opérations aériennes françaises. Notre présence sur l’opération BARKHANE, dans le COIA, est très importante car elle nous permet de comprendre immédiatement les besoins des unités déployées ou directement des chefs afin de l’exprimer sans perte de temps au JFAC. Notre place est donc très précieuse afin de faire le lien entre ces entités ». Le commandant Didier est quant à lui « l’expert hélicoptères » du COIA : « J’ai la charge de toute la partie aérocombat. Mon rôle est d’être un véritable facilitateur et coordinateur entre les composantes de la Force sur le terrain, le groupement tactique désert aérocombat et les chefs du PCIAT. Je dois également m’assurer de la compatibilité des moyens d’Évacuation médicale héliportée (EVM) pendant les opérations en lien avec le médecin en charge de la planification et de la régulation médicale ».

La conduite de la 3D au sein du COIA représente un travail conséquent : pour le mois d’octobre 2020, pour l’aérocombat, ce sont plus de 800 heures de vol d’hélicoptères effectuées en mission opérationnelle, dont plus de 35 tonnes de fret acheminées au plus près des troupes au contact et plus de 350 soldats héliportés. Côté composante aérienne, cela représente plus de 700 heures de vols tous secteurs confondus, plus de 680 tonnes de fret acheminées et 2600 soldats transportés.

Au sein des Groupements tactiques désert (GTD), ils ont des interlocuteurs privilégiés qui, chaque jour, font remonter les besoins de leurs unités en matière d’avions et d’hélicoptères au COIA ; pour les avions ce sont les Contrôleurs tactiques air (CTA) et pour les hélicoptères ce sont les cellules S3 des groupements. Grâce à leur expertise, le LCL Jean-Michel et le CDT Didier priorisent les demandes en fonction de la situation opérationnelle et de la disponibilité des appareils et choisissent le vecteur le plus adapté. Comme l’explique le CDT Didier : « Je dois en permanence avoir une vision à l’instant T de la disponibilité des hélicoptères. Savoir lequel est disponible. Lequel ne l’est pas. Lesquels sont en maintenance. Cette vision en temps réel me permet de voir quelles missions sont réalisables et quelles missions ne le sont pas afin d’apporter mon expertise aux chefs ». Pour le LCL Jean-Michel, à la cellule AOCC, cette vision en temps réel de la disponibilité des moyens est essentielle : « Nous avons en permanence deux coordinateurs à la cellule, chargés de suivre 24h/24 les différents appareils afin de nous permettre de répondre au plus vite, en lien avec le JFAC, aux besoins opérationnels émanant du COIA et des soldats au sol ».

Par ailleurs, en cas d’évènement inopiné au cours d’une opération comme une prise à partie par l’ennemi, le centre des opérations interarmées doit avoir la capacité de réagir immédiatement en réarticulant le dispositif ou en réorientant les moyens. Ainsi, dans le domaine aérien, en cas d’événement particulier sur le terrain, le COIA peut appuyer à tout moment les unités terrestres par trois moyens d’intervention : l’intervention des avions de chasse, celle des hélicoptères d’attaque et les moyens d’évacuation médicale héliportée. Comme le souligne le LCL Jean-Michel : « Il nous arrive quotidiennement de devoir réorienter les appareils en fonction de la conduite des opérations. Notre fonction nous demande donc beaucoup de souplesse car différents éléments tant opérationnels que météorologiques peuvent perturber la programmation des avions ou des autres aéronefs ».

Enfin, dans la conduite des opérations 3D, d’autres acteurs entrent en compte pour compléter le tableau : l’Air space manager (ASM) doit gérer les interactions 3D pour la partie armée de Terre, en lien étroit avec le Joint Force Air Command - Afrique Centrale et de l’Ouest (JFAC AFCO) basé à Lyon, qui gère la composante aérienne. L’ASM intègre dans le schéma global les zones de tirs mortiers, de vol de drones de l’armée de Terre, qui évoluent à des hauteurs plus basses que les aéronefs ALAT et de l’armée de l’Air et de l’Espace. Cela permet de laisser un maximum d’actions aux intervenants dans la 3D tout en garantissant leur sécurité. À noter que chaque sortie d’aéronef, chaque tir mortier est également dépendant de la météo. En effet, celui que l’on surnomme la « grenouille » a un rôle crucial de conseiller, les contraintes météo étant différentes en fonction des aéronefs. La météo est un facteur prépondérant pour la prise de décision d’une opération impliquant la 3D.

                               

          

                

Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération BARKHANE a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad. Elle regroupe environ 5 100 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.


Sources : État-major des armées
Droits : EMA