A Gao, la force Barkhane conduit depuis plusieurs années une action civilo-militaire (CIMIC) d’importance dans les maraîchages de la ville.
Bèche à la main, Alassane retourne la terre sur sa petite parcelle. Et il n’est pas peu fier de montrer ses 11 lots de 4 mètres par 6 : « Ici, je cultive des salades et sur les autres parcelles j’ai planté des carottes. Je travaille au maraichage tous les jours avec mes enfants et ma femme ». Plus de 200 familles travaillent aujourd’hui dans ce maraîchage et tirent un salaire de cette activité.
Après le conflit qui a touché le nord du pays en 2013, le maraîchage a pourtant failli disparaître. Mais dès son arrivée à Gao, la force Serval, puis la force Barkhane ont lancé un projet de réhabilitation de ce maraîchage en délimitant notamment les zones de culture et en installant une motopompe pour alimenter les cultures en eau. Moins d’un an après, les maraîchers ont atteint l’autosuffisance alimentaire pour leurs familles et se sont engagés dès la deuxième année dans la vente de leurs produits au marché de Gao. Ce fonctionnement leur a ainsi permis d’autofinancer l’entretien et l’achat de leur matériel.
A son arrivée au maraîchage ce matin-là, le major est accueilli par Idrissa, responsable des futurs travaux. « Aujourd’hui, nous finalisons le financement pour l’extension de 2 hectares », explique Idrissa. « La force Barkhane continue en effet à soutenir le projet. Grâce à elle, nous allons pouvoir financer la future clôture, la création de six bassins de rétention d’eau ainsi que l’achat de 500 mètres de tuyaux. C’est un projet très important car il va permettre d’offrir du travail à plus de 100 familles ».
Pelle à la main, le major Patrick pose le premier piquet de clôture de la nouvelle zone. Un geste symbolique mais important pour tous les futurs maraîchers : « Dans très peu de temps, la nouvelle zone de 2 hectares pourra être cultivée. A l’intérieur, 40 parcelles seront réservées à des femmes pour qu’elles puissent produire et vendre directement sur le marché. C’est une donnée très importante. Au Mali, les femmes sont très impliquées et en les associant aux projets CIMIC nous sommes convaincus que nous avons plus de chances de réussite, pour le bien de la population ».
Pour comprendre toute l’importance de ce maraîchage, il faut se rendre sur le « marché Boiteux » dans le centre de Gao. En s’enfonçant dans le marché couvert, on retrouve l’épouse d’Alassane: « Le matin, pendant que mon mari travaille au maraîchage, je suis sur le marché pour vendre nos produits. Chez nous c’est la femme qui se charge de l’argent. C’est très important ce maraîchage. Il nous permet de gagner de l’argent pour acheter du riz, de la farine ou des vêtements ».
Au-delà de l’aspect économique, le maraîchage de Djidara est aussi une véritable réussite car il constitue un vecteur d’intégration important pour les plus jeunes. « En participant au développement du maraîchage de Djidara, la force Barkhane offre un avenir aux plus jeunes », souligne le major Patrick, membre des équipes civilo-militaires de la force Barkhane à Gao. « Cette dernière leur offre un travail, un métier qui leur permettra dès demain de gagner de l’argent, de faire vivre leur famille et surtout d’éviter le désœuvrement, souvent synonyme de ralliement vers les groupes armés terroristes. Le rôle de la force Barkhane est aussi d’accompagner le Mali sur le chemin du développement. Une paix durable ne pourra s’installer que par une reprise économique ».
Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad. Elle regroupe environ 4 500 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace notamment dans le cadre de la force conjointe du G5 Sahel en cours d’opérationnalisation.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense