Entre incendies, aéronef en difficulté ou sauvetage d’équipage, les pompiers sauveteurs aéronautiques de la base de Gao répondent toujours présents. Nous suivons leur quotidien pendant une journée.
Nous sommes à Gao, il est cinq heure trente, à la caserne la journée débute. L’adjudant Florian, chef de la Section de sécurité incendie et sauvetage (SSIS) explique : « la section est composée d’une dizaine de militaires, répartie en deux équipes : une première équipe dite « piste » chargée d’intervenir pour tout incident concernant les aéronefs et leur équipage et une seconde équipe dite de « camp » chargée d’intervenir dans le domaine de la protection des installations aéroportuaires ».
Après la séance de sport matinale, l’heure de la prise de garde est venue. Direction le parc de véhicules pour effectuer les tests journaliers sur les camions, et plus particulièrement les tests en eau des canons et des lances à incendie, sous le regard attentif des chefs d’agrès, responsables des véhicules. Les résultats sont bons, tous les matériels fonctionnent. Direction les cuves, afin de recompléter le peu d’eau utilisée dans les citernes des camions. Le sergent Yacine précise : « nous devons en permanence être à cent pour cent de nos capacités en eau. Parfois quelques litres peuvent faire la différence ».
Une fois les tests et le recomplètement des véhicules terminés, l’adjudant Florian rassemble sa section pour un point de situation. Il aborde les étapes importantes de la journée, notamment l’instruction et l’exercice du jour. Tous les jours, les pompiers aéronautiques de Gao suivent une instruction dans les domaines techniques et pratiques afin d’entretenir leurs connaissances. Le sergent Alan ajoute : « dans notre métier, la répétition des gestes est primordiale pour être plus performant et plus rapide. Cela permettra peut-être de sauver une vie ».
L’alerte retentit, déclenchée par la tour de contrôle. Cela signifie qu’un aéronef a des difficultés. Sans tarder, les pompiers aéronautiques se dirigent au vestiaire où sont entreposées les tenues de feu. Les hommes et femmes du détachement sautent dans leurs bottes, enfilent leur veste, attrapent leur casque et courent vers les camions. Pendant ce temps, les conducteurs sont équipés, au volant, prêt à partir. Chacun se met à son poste, en cabine ou bien perché sur le toit du camion prêt à servir le canon à eau. Ils se dirigent vers le tarmac. À leur arrivée sur zone, ils découvrent que c’est un exercice. Les hommes de l’adjudant doivent intervenir sur un hélicoptère en flamme renfermant un pilote blessé. Les flammes fictives de l’aéronef sont éteintes. L’appareil est mis en sécurité. Les pompiers aéronautiques peuvent désincarcérer l’occupant. Une passerelle est mise en place pour accéder à la cabine du pilote.
L’adjudant Florian explique : « suivant le type d’aéronef sur lesquels nous devons intervenir, nous avons besoin de matériel spécifique comme la passerelle. Nous suivons des formations spécialisées en fonction des types d’aéronefs avant de venir on opération ». Les gestes de premiers secours sont effectués, la victime est immobilisée. Elle est extraite du cockpit pour être allongée sur un brancard, puis amenée à l’ambulance. Une fois l’exercice terminé, les pompiers regagnent leur caserne. Les matériels sont désinfectés, les cuves remplies. Les tenues de feu soigneusement rangées, prêtes à être utilisées immédiatement si besoin.
À midi, les équipes se rendent au mess pour manger par rotation. Au retour, ils ont un moment pour se détendre. Chacun utilise son temps comme il le désire, entre sieste réparatrice pour certains, lessive ou partie de cartes pour d’autres.
L’heure du débriefing de l’exercice du matin arrive. L’exercice s’est parfaitement déroulé, les temps d’intervention et de prise en charge de la victime sont excellents. L’adjudant Florian aborde les points à améliorer et conclut : « on peut toujours faire mieux ».
A 17h30 la nuit tombe sur Gao. Le chef de section, avec ses cadres, prépare les ordres du lendemain. Les pompiers aéronautiques se rendent au mess pour dîner, toujours par rotation. Pour certains c’est la première mission, pour d’autres, la troisième. Tous sont unanimes sur le fait que BARKHANE est très riche professionnellement. « C’est rare d’avoir autant de variété d’aéronefs sur une même base. Nous sommes spécialisés dans l’aéronautique, nous sommes chanceux de pouvoir acquérir autant de connaissances dans ce domaine en seulement quatre mois. De plus, nous avons pu échanger avec les pompiers d’autres nations présentes, autant professionnellement que culturellement ».
À vingt-deux heures, les radios sont mises sur les socles pour être rechargées. Derniers contrôles dans les vestiaires, où les pompiers rangent leurs tenues de feu. Au moindre signal, au cours de la nuit, la section de l’adjudant Florian sera prête à intervenir.
7 jours sur 7, 24h sur 24, les soldats du feu ne cessent de veiller sur les soldats et les infrastructures de Gao. Ils effectuent quotidiennement leur mission avec un mot d’ordre : « au service des autres ».
Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération BARKHANE a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad. Elle regroupe environ 5 100 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.
Sources : État-major des armées
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