L'adjudant-chef Youssouf appartient à la 4e compagnie de la Garde nationale malienne. Engagé depuis 2002, il possédait déjà une solide expérience militaire en 2012, lorsque les évènements ont plongé le pays dans une crise inédite. Les épreuves traversées depuis n'ont pas émoussé chez lui l'espoir de voir un jour le Mali retrouver le calme et la sérénité d'autrefois. Pour ce sous-officier en poste dans le Gourma, les vieilles rancœurs sont les pires obstacles à la réconciliation nationale.
« Dès mon plus jeune âge, je rêvais de rejoindre la Garde nationale ! »
« J'ai toujours considéré la garde nationale comme l'élite des Forces Armées Maliennes. Tout petit, j'en rêvais déjà ! » confie l'adjudant-chef Youssouf. En 2002, il est admis sur concours à l'école des sous-officiers de Ségou. Après deux ans de scolarité, il est affecté à l'école d'état-major de la Garde nationale, qui l’amena à participer à ses premières opérations à Nara, dans le cercle de Koulikoro.
En 2010, il rejoint Ménaka. « Pour moi, tout a vraiment commencé ici. En janvier 2012, le bataillon de l'Armée de terre et la compagnie de la Garde nationale de la ville ont été simultanément attaqués » se remémore-t-il. « L'ennemi nous a surpris, il s'était longuement préparé. Cette crise était d'une nature et d'une violence encore inconnues pour nous ». Après quelques temps passés à Kidal, il est aujourd'hui en garnison à Gossi.
« La paix : le plus bel hommage à mes compagnons tombés au champ d'honneur »
L'adjudant-chef Youssouf a perdu des camarades au combat. « Dans les premiers temps, tu éprouves de la haine pour ceux qui commettent de tels actes : tu veux venger tes compagnons » explique-t-il. « Mais peu à peu tu réalises que si tu laisses la haine t'envahir, tes amis sont tombés pour rien ». L'adjudant-chef pense tous les jours à ses camarades disparus et à leurs familles. « Pour que leur sacrifice ne soit pas vain, il faut que ce pays se reconstruise dans la paix ».
Alors le sous-officier tend la main à quiconque veut y contribuer, d'où qu'ils viennent : « les Tamasheqs, les Peulhs, les Bambaras, les Bozos ou les Dogons... peu importe ! Pendant des lustres nous avons réussi à vivre ensemble. Pourquoi ne serait-ce plus possible aujourd'hui ? Ce que je veux vraiment ? Que les gens du Mali redeviennent unis dans ce pays qui a tant à offrir ».
« Pour avancer sur le chemin de la paix, il faut des actions au quotidien »
L'adjudant-chef Youssouf et ses hommes ne ménagent pas leurs efforts dans la ville de Gossi. Patrouilles, contrôles de zones et d’identités, de jour comme de nuit : tout est fait pour rassurer les villageois et affirmer la présence de l'Etat malien dans la région. « Mes soldats veulent instaurer un climat de confiance avec toutes les populations, car c'est bien à leur profit que nous agissons ». Les habitants interagissent avec les militaires en patrouille, et se confient à eux sur leurs conditions de vie. « Notre présence fait un bien fou à tous ces gens, ils nous le disent souvent. Ils recommencent à vivre normalement... Pour quelqu'un de respectable et de responsable à la fois, que désirer de plus pour ses enfants ? » demande-t-il pour conclure.
Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger, et Tchad. Elle regroupe environ 4 500 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense