--- Seul le prononcé fait foi ---
Monsieur le Préfet,
Mesdames, Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Maire,
Mon général,
Mesdames, Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs les officiers, sous-officiers et militaires du rang,
Mesdames, Messieurs,
Quelques semaines à peine après mon arrivée au ministère de la Défense, j’ai tenu à vous rencontrer, vous qui, avec l’ensemble de vos camarades de l’armée de Terre, avez fait le choix de l’engagement le plus total – celui qui peut aller jusqu’au sacrifice suprême - au service de la paix dans le monde et de la sécurité de nos concitoyens.
Certains d’entre vous ont déjà derrière eux une belle carrière opérationnelle. D’autres la débutent. Mais que vous soyez caporaux, jeunes sergents ou adjudants aguerris, lieutenants prometteurs ou capitaines expérimentés, vous partagez une même exigence d’excellence, un même enthousiasme, une même foi dans votre mission.
Cet enthousiasme, j’ai pu en prendre la mesure dès ma prise de fonctions, lors de ma rencontre à l’Hôpital Percy avec nos soldats blessés en opérations. Devant leur courage et leur impatience de retrouver leurs frères d’armes restés au combat, devant leur volonté inébranlable de continuer d’une manière ou d’une autre à servir la France, j’ai perçu la spécificité et la noblesse du métier des armes, cette acceptation du risque de la mort, celle que l’on peut recevoir comme celle qu’on peut être amené à donner. Surtout, j’ai perçu la force de votre conviction et de votre engagement.
Cet engagement est essentiel à l’heure où notre armée de Terre est redevenue une armée d’emploi et où vous êtes tous appelés, demain, dans 6 mois, dans un an, à rejoindre les 45 000 soldats français déployés chaque année en opération, sur le territoire national comme sur les théâtres extérieurs.
Et je sais qu’au moment de partir, vous serez prêts.
Vous serez prêts parce que vous aurez reçu une formation solide et complète, qui vous permettra de maîtriser parfaitement votre spécialité. Je l’ai constaté, ici, à Draguignan, où vous bénéficiez d’un enseignement de qualité et d’un encadrement expérimenté. A cet égard, je tiens à saluer l’ensemble du personnel civil et militaire des centres d’entraînement et des écoles, qui se mobilise pour vous permettre d’apprendre ou de réacquérir les fondamentaux du métier de fantassin ou d’artilleur.
Vous serez prêts parce que vous aurez reçu une préparation opérationnelle parfaitement adaptée à votre future mission. J’ai découvert tout à l’heure l’ampleur des moyens qui sont mis à votre disposition, notamment en termes de simulation. En recréant les conditions de l’engagement opérationnel, en vous permettant de vous entraîner avec les équipements qui seront les vôtres sur le théâtre, nous vous donnons tous les atouts pour réussir.
Vous serez prêts, enfin, parce que vous disposerez des équipements les plus performants. Les principaux matériels actuellement déployés en opérations m’ont été présentés sur le plateau de Canjuers. Véhicule blindé de combat d’infanterie (VBCI), canon CAESAR, hélicoptère TIGRE, j’ai pu constater leur performance technologique, leur niveau de protection, leur capacité de manœuvre et leur capacité de tirs à longue distance. J’ai également constaté l’importance accordée à la coordination et à l’efficacité des unités sur le terrain, avec des matériels de plus en plus conçus de manière intégrée et cohérente, mais aussi avec des plateformes de combat et des systèmes d’information innovants, qui relient entre eux les hommes et les systèmes. Je pense bien sûr à la numérisation de l’espace de bataille et à l’équipement FELIN.
Vous le voyez, nous mettons tout en œuvre pour vous permettre de remplir au mieux votre mission.
C’est aussi dans cet esprit que nous avons engagé le vaste effort de modernisation et de rationalisation de notre outil de défense dans lequel s’inscrit le transfert de l’école d’infanterie de Montpellier à Draguignan.
Je sais que pour vous tous, ce déménagement a représenté et représente encore un véritable défi. Je voudrais donc remercier :
- Les parlementaires et les élus locaux, qui se mobilisent en permanence à vos côtés ;
- Le personnel civil et militaire des écoles et les familles de la communauté de défense de Draguignan et de Canjuers, pour la manière exemplaire dont ils s’adaptent et participent à la vie locale. Je pense notamment aux 280 familles supplémentaires arrivées en 2010, pour lesquelles nous avons mis en œuvre des moyens importants, avec 119 logements neufs et un projet original de 25 logements éco-responsables - le projet « habitats muse » - livrés en 2010.
Au-delà de ces changements, je suis conscient des interrogations, voire des inquiétudes suscitées par la réforme.
- Je sais que face au mouvement croissant d’interarmisation, certains redoutent de perdre leur identité d’armée et d’arme, à laquelle vous êtes tous très attachés.
- Je sais que les mutualisations bouleversent vos repères. Je pense en particulier à la politique d’emploi et de gestion des parcs, qui atteint désormais son régime de croisière et doit vous amener à repenser entièrement votre entraînement courant en garnison.
- Je sais que la réforme des structures de soutien dans le cadre de la mise en place des bases de défense soulève des questions et des appréhensions.
- Je sais que la réorganisation de nos implantations territoriales et les obligations opérationnelles vous conduisent à être de plus en plus souvent loin de vos garnisons. Je suis conscient de la difficulté que représentent ces longues séparations, pour vos familles comme pour vous-mêmes.
Ces inquiétudes sont naturelles, je les comprends et je suis déterminé à les dissiper. Permettez-moi aujourd’hui d’insister sur quatre points.
Premier point : l’interarmisation, ce n’est pas la disparition des identités d’armées et des identités d’armes. C’est l’opportunité de mieux travailler ensemble, dans une meilleure connaissance mutuelle et dans le respect de l’identité de l’autre. Ici, à Draguignan, vous le savez, puisque le regroupement des écoles d’artillerie et d’infanterie vous permet de développer l’esprit interarmes entre les combattants de la mêlée et leurs camarades des appuis.
Deuxième point : les mutualisations, ce ne sont pas des coupes dans les budgets. C’est au contraire la possibilité, en mettant les moyens en commun, de dégager des marges de manœuvre afin de moderniser vos équipements. Pour accompagner la montée en puissance des écoles militaires de Draguignan, nous avons ainsi consenti un effort considérable : 35 millions d’euros d’investissements, notamment dans les domaines de la simulation, des infrastructures de formation et des espaces de tir, d’entraînement et de manœuvre.
Troisième point : la réorganisation des structures de soutien, ce n’est pas un obstacle à la préparation opérationnelle. C’est une réforme indispensable pour adapter notre outil de défense aux nouveaux risques et aux nouvelles menaces identifiées par le Livre Blanc sur la défense et la sécurité nationale. Cette réforme, il vous revient désormais de vous l’approprier et de proposer les ajustements qui feront des nouvelles structures de soutien le meilleur atout au service de la préparation opérationnelle.
Quatrième point : la réorganisation de notre carte militaire, ce n’est naturellement pas la volonté d’éloigner nos soldats de leur base. C’est la volonté de rapprocher les unités dont les activités sont complémentaires et qui doivent s’entraîner ensemble ; de rapprocher aussi les lieux de vie des espaces d’entraînement et de manœuvre, comme ici, à Draguignan, où l’école d’infanterie bénéficiera directement de la proximité du camp de Canjuers.
Car, sachez-le, je partage avec votre chef d’état-major le souci de ménager, même au cœur des périodes d’entraînement les plus denses, des moments de respiration qui permettent de préserver une vie privée et familiale indispensable à votre force morale. Je profite de cette occasion pour rendre hommage à celles et ceux qui partagent votre vie et qui constituent vos meilleurs soutiens dans votre engagement.
Avant de conclure, permettez-moi de revenir un instant sur un sujet qui, je le sais, vous a beaucoup préoccupés : la réforme des retraites. La Défense y a pris toute sa part, car elle ne pouvait se dispenser de contribuer à l’effort national indispensable pour préserver notre régime par répartition.
Sachez cependant que j’ai d’ores et déjà pris un certain nombre de mesures pour en limiter les effets les plus sensibles.
- J’ai notamment demandé que les contrats des militaires non officiers qui auraient atteint 15 ans de services en 2011 ou 2012 et qui auraient perdu le bénéfice de la pension à jouissance immédiate soient prolongés jusqu’à l’ouverture de ce droit.
- Pour ceux qui bénéficieront de la pension à jouissance immédiate, mais sans minimum garanti, j’ai également initié auprès du Premier ministre la mise en place d’une indemnité proportionnelle de reconversion pour pallier la perte de ce minimum garanti.
Mesdames, Messieurs,
Vous le voyez, la finalité ultime de tous nos efforts, la raison d’être de toutes nos réformes, c’est de vous permettre d’être toujours mieux protégés, équipés et entraînés pour accomplir votre métier de soldats. Je me rendrai d’ailleurs prochainement sur un théâtre d’opérations pour rencontrer vos camarades qui défendent loin du sol français la sécurité de nos concitoyens.
Je sais pouvoir compter sur vous pour être à la hauteur des défis qui vous attendent.