--- Seul le prononcé fait foi ---
Monsieur le Secrétaire général,
Monsieur le Chef d’Etat major des armées,
Monsieur le Secrétaire général pour l’administration,
Messieurs les Chefs d’état-major d’armées,
Monsieur le Directeur général de la Gendarmerie nationale,
Messieurs les officiers généraux,
Mesdames, Messieurs les officiers, sous-officiers et militaires du rang,
Mesdames, Messieurs,
Avant toute chose, permettez-moi de vous présenter mes excuses pour avoir modifié le déroulement de votre session pour l’adapter aux contraintes de mon agenda européen.
Permettez-moi aussi de vous dire ma fierté d’être aujourd’hui à la tête d’une communauté de femmes et d’hommes dont je connais l’engagement au service des Français et des valeurs de la République.
Cet engagement, je le constate dans ma ville de Bordeaux, sur un territoire où, vous le savez, la Défense est fortement implantée. A chaque réunion, à chaque échange, je suis frappé par l’esprit de responsabilité, le sens de l’intérêt général et l’immense dévouement des membres de la communauté militaire. Au moment où je vous parle, j’ai une pensée pour nos soldats déployés en Côte d’Ivoire.
Cet engagement total au service de notre pays, j’ai eu l’occasion d’en prendre toute la mesure il y a quelques jours, lors de ma visite à l’Hôpital Percy. Cette rencontre avec des soldats blessés en opérations était mon premier contact avec nos forces depuis mon arrivée au Ministère. Elle m’a inspiré deux sentiments très forts.
- Le respect, bien sûr – respect pour l’engagement, le don de soi et le sens de la mission de ces hommes qui se sont sacrifiés jusque dans leur chair pour la sécurité des Français, pour notre sécurité à tous. C’est la raison pour laquelle, dès mon arrivée, j’ai demandé au Premier ministre que les militaires ayant servi sur le théâtre afghan puissent bénéficier du régime de la campagne double accordé aux soldats ayant participé à des opérations de guerre, répondant ainsi à une attente forte du Conseil supérieur de la fonction militaire.
- Le deuxième sentiment que j’ai retiré de ces contacts, c’est une profonde confiance en l’avenir de notre pays. Et je voudrais vous dire à quel point leur conviction, leur enthousiasme et je dirais même leur bonne humeur m’ont impressionné, dans notre société où chacun a trop souvent tendance à se plaindre.
Aujourd’hui, à travers les membres du Conseil supérieur de la fonction militaire, à travers vous tous ici rassemblés, c’est la communauté militaire toute entière que je rencontre, dans sa diversité et dans sa richesse.
Je voudrais donc vous redire mon respect, ma confiance, comme j’aurai l’occasion de les exprimer aux représentants du Haut Comité d’évaluation de la condition militaire, que je recevrai prochainement.
Je voudrais également vous assurer de la détermination qui est la mienne à assumer le mieux possible la lourde tâche qui m’a été confiée par le Président de la République. Nous avons une réforme majeure à mener. Elle n’est pas achevée. Nous devons la réussir.
- Nous devons la réussir pour nos soldats déployés en opérations, pour leur donner les moyens de toujours mieux remplir leur mission au service des Français.
- Nous devons la réussir pour nos concitoyens, que nous devons protéger contre de nouvelles menaces tout en prenant part à l’indispensable effort collectif de redressement des finances de l’Etat.
- Nous devons la réussir pour faire avancer l’Europe de la défense et permettre à notre continent de peser de tout son poids dans les affaires du monde.
Cette réforme, nous la réussirons ensemble. Et je souhaite que nous développions un échange régulier, nourri et sincère pour faire avancer les grands chantiers qui sont devant nous.
Pour cette 83e session, vous aviez de longue date prévu de vous consacrer à la modernisation de la concertation dans les armées. A cet égard, je tiens à saluer le climat de sérénité et l’esprit de responsabilité dans lesquels se sont déroulés vos travaux.
Depuis la dernière session du Conseil supérieur de la fonction militaire, une étape importante a été franchie avec la rédaction de la charte de la concertation. Ce document, que j’ai trouvé d’excellent niveau, formalise nos engagements réciproques en conciliant deux exigences :
- La première, c’est de permettre à la communauté militaire d’exprimer ses inquiétudes, et ses aspirations. Cette expression sera pour moi une aide précieuse à la prise de décision.
- La deuxième exigence, c’est de respecter les spécificités de l’état militaire, qui selon le Statut général, « exige en toute circonstance esprit de sacrifice pouvant aller jusqu’au sacrifice suprême, discipline, disponibilité, loyalisme et neutralité ».
Cette charte sera un atout majeur pour nous aider à relever les deux défis qui nous attendent.
Le premier, c’est de poursuivre notre effort d’interarmisation tout en préservant vos identités d’armées, auxquelles je sais que vous êtes très attachés.
- Il ne s’agit pas de transformer en profondeur vos instances de concertation.
- Il s’agit d’imaginer le mode de représentation le plus adapté pour le personnel affecté dans les bases de défense ou au sein des structures interarmées et qui ne bénéficie pas à l’heure actuelle d’un conseil de la fonction militaire.
Notre deuxième défi, c’est de préserver l’unité de votre statut. Comme vous le savez, le ministère de l’Intérieur prépare actuellement un renouvellement de la grille indiciaire des sous-officiers de la gendarmerie, pour suivre l’évolution de celle des policiers. Ma conviction, c’est que la communauté de défense doit recevoir le même traitement quel que soit son ministère d’appartenance. J’ai donc demandé au Premier ministre qu’une grille analogue soit appliquée aux sous-officiers de la défense. Mes services travaillent d’ores et déjà sur ce projet.
Au-delà de la concertation, je voudrais évoquer avec vous un sujet d’actualité qui, je le sais, fait aujourd’hui l’objet de toutes vos préoccupations : la réforme des retraites.
Cette réforme était indispensable pour préserver notre régime par répartition auquel nous sommes tous attachés. La communauté militaire ne pouvait pas ne pas contribuer à l’effort national.
Je sais cependant que la réforme suscite de nombreuses inquiétudes.
- Des inquiétudes liées aux situations transitoires, comme celles des militaires en fin de contrat après 15 ans de service ;
- Des inquiétudes chez les militaires du rang et les sous-officiers ;
- Des inquiétudes liées à la gestion des carrières.
Ces inquiétudes sont naturelles et nous mettons tout en œuvre pour leur apporter les meilleures réponses.
En premier lieu, permettez-moi de rappeler que la réforme reconnaît pleinement la spécificité du métier des armes en préservant les éléments fondamentaux du régime de retraite des militaires.
- Je pense au droit à liquidation anticipée par dérogation au droit commun des pensions ;
- Je pense aussi aux bonifications ou au cumul de la pension avec un revenu d’activité.
Par ailleurs, mes services recherchent actuellement des solutions pour limiter les effets les plus sensibles de la réforme. Trois mesures sont notamment à l’étude :
- Une indemnité compensant la perte du droit au minimum garanti avant l’atteinte des 19,5 années de services ;
- Une mesure de gestion destinée à éviter la perte d’un mois de pension entre la fin de la solde et le paiement de la première pension ;
- La poursuite des contrats pour les militaires du rang ou sous-officiers qui auraient atteint 15 années de service.
Mesdames, Messieurs,
Vous le voyez, nous avons beaucoup à faire dans les mois qui viennent.
Je sais pouvoir compter sur vous pour aborder ce dialogue dans un esprit constructif.
Vous pouvez compter sur moi pour être à votre écoute et pour apporter des réponses aux attentes de la communauté militaire.
J’ai toujours conçu mon rôle de ministre non pas seulement comme celui de responsable politique en charge des grands dossiers relevant de sa compétence (et Dieu sait s’ils sont lourds dans ce ministère, puisqu’il s’agit de la sécurité de notre pays et de nos concitoyens), mais aussi comme patron – si vous me le permettez - d’une organisation, d’une institution constituée d’hommes et de femmes qui sont parties prenantes de la mission qui nous est confiée.
Cela implique pour moi de travailler en équipe avec vos chefs.
Cela implique aussi une attention portée aux conditions de travail et de vie de l’ensemble des personnels.
Cela implique enfin une volonté de concertation car, même si la discipline militaire est un principe, une valeur vitale dans toute armée, elle n’est pas incompatible avec le dialogue, l’expression des attentes et des points de vue, la concertation.
C’est dans cet esprit que j’ai la ferme intention de travailler avec vous.
Mon adjudant-chef, je vous donne la parole.
--- Seul le prononcé fait foi ---