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ARTICLE UMEX 2020

Mise à jour  : 04/03/2020

Cette édition du salon UMEX démontre, au travers des innovations présentées, que la frontière traditionnelle entre drones navals, terrestres, et aériens tend à devenir de plus en plus poreuse. Les progrès de miniaturisation et les capacités logicielles d’intégration permettent en effet une réelle perméabilité, visible à travers l’intégration d’un même capteur sur plusieurs plateformes ou mieux encore l’intégration en un seul système de plusieurs capteurs. Un drone naval ou terrestre pouvant devenir une base de départ pour drone aérien. Le fonctionnement en « swarm » de ces systèmes étant clairement envisagé. L’emploi d’armements par l’une ou l’autre de ces composantes, voire les deux, sera très probablement la prochaine étape dans les développements.

Au contraire des derniers salons couverts par le SITTA, la quantité de moyens de luttes anti-drones n’était que peu représentée sur UMEX.

Drones terrestres ou UGV

Plusieurs systèmes terrestres étaient présents sur le salon, parmi lesquels des versions « mule », non armées, des drones armés, et des versions multi-rôle emportant un drone aérien.

Milrem robotics (Estonie) - UGV Themis / Threod Systems (Estonie) – Titan quadcopter

UGV Themis

Mis en place début 2019 au Mali au sein des forces estoniennes, l’UGV cargo Themis (MILREM Robotics) a déjà parcouru plus de 1000 km sur ce terrain particulièrement exigeant. Employé généralement pour des missions de transport grâce à ses 1200 kg de charge utile, il est notamment utilisé pour emporter les roues de secours des blindés Patria. Si actuellement il suit directement les convois grâce à son option "follow me", l'étape suivante sera de le rendre totalement autonome. Il peut également être télé-opéré jusqu'à 1500 m. Cette plateforme est totalement modulable, allant jusqu'à l'écartement des deux blocs de chenilles. Elle peut emporter modules ISR, tourelles armées ou encore drone volant.

En ce qui concerne les UAV, le Themis emporte notamment le quadcopter Titan, produit par l’entreprise estonienne Threod. Ce quadcopter est relié par un câble électrique de 80 m qui lui autorise 10 heures d'autonomie en vol stationnaire. Le couple Thémis/quadcopter devient ainsi une plateforme idéale pour une mission de protection de force au profit d'éléments déployés et isolés en terrain hostile. Le Titan est équipé de moyens ISR (jusqu’à 4 kg) afin de remplir sa mission de jour comme de nuit.

Advanced one (Afrique du Sud) - UGV Badger

UGV Badger

Drone terrestre multifonction, le Badger est en fait une plate-forme sur laquelle tous types d'équipement peuvent être montés. Il dispose d’une d'autonomie à pleine charge de six heures en conditions désertiques, et peut-être télécommandé ou fonctionner entièrement de manière autonome. Deux modèles étaient présentés sur le salon : l'un avec un tourelleau armé d’une mitrailleuse de calibre 7.62 mm et l'autre tractant une civière dans un scénario de récupération de blessé sous le feu. Le Badger est capable de tracter 450 kg.

QINETIQ North America - SPUR

Spur

Première présentation du SPUR dans cette région du monde, pourtant déjà commandé par les forces américaines à raison de 3000 exemplaires. L'un des atouts du SPUR est de proposer, conjointement à d'autres producteurs de drones, une station de contrôle commune et partageable entre plusieurs modèles d'engins pourtant très différents. L'un des scenarios envisagé était ainsi pour un seul opérateur de contrôler simultanément un SPUR et un drone aérien de type Raven avec la même console, gardant l'un en mode automatique pendant qu'il gère le second. Cela permet ainsi, grâce aux deux écrans de contrôle, de manipuler le SPUR en bénéficiant également d'une vue verticale, ou au contraire de piloter le Raven afin d’indiquer le meilleur itinéraire au vecteur terrestre.

Drones aériens ou UAV/UAS

ADASI (EAU) – Garmousha

Garmousha

Dévoilé au premier jour du salon en présence de nombreux VIP dont le chef d’état-major des armées algériennes, le drone hélicoptère Garmousha est le premier engin entièrement fabriqué aux EAU, à l’exception de la boule optronique. Cet engin de grande taille est capable d’emporter une charge utile d’une centaine de kilos durant 6 heures (rayon d’action supérieur à 150 km). Son utilisation permet aux armées de sauvegarder les appareils pilotés pour les missions critiques. Coté applications civiles, l’industrie pétrolière l’emploie pour la surveillance des pipelines. Prévu d’entrer en service à la fin de l’année, il nécessite trois opérateurs (un pilote, un opérateur senseur et un technicien) et un shelter de mise en œuvre.

Threod Systems (Estonie) – UAV Stream C

UAV Stream C

Threod présentait également son drone modulable Stream C. Cet appareil à voilure fixe dispose d’une option VTOL. Le passage d’une configuration à l’autre est extrêmement rapide. Si la configuration VTOL permet l’emport d’une charge utile plus élevée et l’absence de toute infrastructure pour sa mise en œuvre, la configuration classique permet une plus grande endurance et une altitude de vol plus élevée. En revanche, en configuration classique, le Stream C perdra en charge utile et nécessitera une catapulte de lancement et un parachute de récupération.

Simultanément, THREOD présentait plusieurs boules optroniques légères pouvant être montées aussi bien sur ses propres produits qu’adaptées sur d’autres plateformes.

Defsecintel Systems (Estonie) – Surveilaiz

Defsecintel Systems présentait son projet de drone de surveillance à courte distance surveilaiz (environ 15 km) faisant largement appel aux technologies d'intelligence artificielle et de "machine learning". Il est optimisé pour les missions ISR et de protection de force et devrait être déployé au Mali pour des tests en conditions opérationnelles. Ce couple « drone quadcopter/station sol entièrement automatisé est en mesure de détecter, classer et suivre tout objet découvert. Ce système sera pleinement dévoilé lors du prochain salon Eurosatory qui se tiendra à Paris en juin prochain.

Surveilaiz

Insitu et Hood Tech Co. (Etats-Unis) – Integrator avec boule Alticam-14

Integrator

L’entreprise américaine Insitu présentait sous forme de maquette le drone aérien Integrator équipé de la nouvelle boule optronique Alticam-14 (société Hood Tech Co.). L’Integrator est désormais une plateforme militarisée reconnue pour ses qualités, même s’il reste un drone tactique relativement petit, avec une capacité d’emport limitée. L’Alticam-14, par les capacités qu’elle propose, permet désormais à l’Integrator d’atteindre des performances bien supérieures à un engin de même gabarit. La boule est équipée d’un télescope haute définition jour/nuit, couplé à un télémètre et à un désignateur laser. Bien que plus importante en termes de gabarit, elle est en réalité exceptionnellement compacte et légère au vu de ses performances. L’Integrator peut maintenant transmettre un flux vidéo de très grande qualité en restant à distance de sécurité, performance qui ne serait autrement accessible qu’à des plateformes bien plus lourdes.

ARCTURUS UAV (Etats-Unis) – Jump-20

Jump-20

Le Jump-20 est un drone à ailes fixes est catapulté au moyen d'un lanceur à élastique. Il est également équipé de moteurs électriques le transformant en VTOL. Une importante et récente modification de sa motorisation le rend particulièrement silencieux, grâce à un système qui diffuse le son du moteur uniquement vers le haut. La signature acoustique aurait ainsi été réduite à tel point que des tests auprès de l'armée américaine auraient démontré qu'il était à peine audible à 300 m. Il permet donc de s'approcher au plus près de son objectif sans se dévoiler.

STII, Science & Technology for Investment and Industrial Development (Arabie Saoudite)

drone Al Eqar

L’Arabie Saoudite souhaite se doter d’une industrie de défense propre à l’horizon 2030 et l’entreprise STII investit largement dans l’acquisition de capacités nationales de production d’armement. STII est un partenaire primordial pour les entreprises étrangères présentes dans le Royaume. Les drones observés sur ce stand sont d'origine chinoise et surtout étaient présentés armés, bien que cette configuration ne soit pas encore validée par l’Arabie Saoudite. Au vu des besoins locaux, cette configuration devrait être officialisée prochainement.

Houbara (EAU) – Banshee-NG / Rattler

Banshee-NG

Houbara (JV entre l’entreprise émirienne MGE (Middle East General Enterprise) et l’entreprise britannique QinetiQ) présentait la cible aérienne Banshee-NG, combinaison du Banshee déjà bien connu et du Rattler, seconde cible emportée par la première. Le Rattler simule avec une très grande crédibilité un missile air-sol ou une roquette sol-sol. Il est supersonique et manœuvrant, opéré depuis une station sol universelle proposée par l’entreprise. Le Banshee-NG permet d’entrainer à moindre coût des moyens de défense aérienne face à une munition extrêmement véloce et de petite taille, similaire aux munitions guidées de précision.

Houbara présentait également le drone-cible naval Hammerhead sous forme de maquette. Cet USV est basé sur une coque de bateau rapide. Il fournit une excellente cible d'entrainement représentative des menaces asymétriques ou de type go fast. Enfin, un autre USV basé sur une coque RHIB permet de tracter des cibles classiques sans risque pour les opérateurs.

Hotzone Solutions Middle East (EAU) – VTOL White Shark V-40

White Shark V-40

L’entreprise émirienne Hotzone Solutions a modifié le drone VTOL chinois V-40 White Shark de la société Autoflight, afin de le spécialiser dans la mission de reconnaissance NRBC. D’une envergure de 5 m, il est capable d’emporter une charge utile de 8 kg durant 5 heures, dans un rayon de 450 km. Il peut donc effectuer sa mission en toute sécurité pour les opérateurs, en cas de risque NRBC avéré. Hotzone Solutions le propose également aux industries pétrolières, pour la détection de fuites sur les pipelines.

Aertec (Espagne) – UAV Tarsis et roquette guidée A-Fox

Tarsis-75

La société espagnole AERTEC proposait sa gamme de drones TARSIS, et notamment les Tarsis-25 et -75. Le Tarsis-75 est un appareil télécommandé capable d’emporter une charge utile de près de 12 kg pendant 12 h, à une altitude de 5000 m. Adapté aussi bien à des besoins civils que militaires, ce drone rustique est capable d’opérer depuis des terrains peu préparés. Surtout, Aertec est en train d’intégrer sur le Tarsis-75 la roquette légère guidée A-FOX. Cette munition de très petite taille à guidage laser est dotée d’une charge militaire de 500 g, adaptée à des objectifs non protégés tels que des véhicules légers. L’idée est de proposer un drone d’appui aux forces terrestres, armé de munitions à la fois précises et très peu couteuses.

Roquette A-Fox

Drones navals ou UVS

Marakeb Technologies (EAU) – USV B7

USV B7

Entièrement conçu et fabriqué aux EAU, le drone de surface B7 est doté du système breveté MAP Pro produit par Marakeb Technologies. Ce kit de conversion permet de « droniser » facilement tout engin originellement piloté. Utilisant les redondances des réseaux de communications modernes (radio, 4G et SatCom), MAP Pro permet de programmer et contrôler à distance le B7, ainsi que ses éventuels emports et armements. MAP Pro intègre les techniques de fonctionnement en essaim, ce qui permet à un seul opérateur de contrôler plusieurs systèmes depuis son poste. Rapide et endurant, comme démontré lors de la démonstration dynamique, le B7 est particulièrement adapté aux missions côtières.

Marduk Technologies (Estonie) - Shark

La  start-up estonienne Marduk présentait le système de lutte anti-drones Shark. Ce système est basé sur une tourelle optronique EO/IR dotée d'une capacité de détection et de suivi automatique de cibles. Un radar peut être ajouté. Lorsqu'un drone est détecté, il peut être engagé au moyen d'un laser d’aveuglement. Il est notamment adapté à la protection des grands aéroports car contrairement à d'autres moyens de lutte anti-drones. Il est entièrement passif (hormis lorsqu'il est équipé du radar optionnel), et ne risque donc pas d'interférer avec les multiples moyens radios, radars, et autres systèmes de navigation. Le projet a pour but de disposer d’un moyen de lutte contre les mini-drones, qui soit, à l’instar des engins qu’il cible, d’un très faible cout et d’une grande facilité de mise en œuvre.

Shark


Sources : État-major des armées
Droits : Ministère des Armées