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ARTICLE INTERPOLITEX 2019

Mise à jour  : 29/10/2019

Le salon Interpolitex 2019 est organisé par le groupe Bizon, qui organise également les salons ArmHitec en Arménie et la première édition du salon Defindex en 2020 qui se déroulera au Kirghizistan. Le salon est chaperonné par les ministères de l’intérieur et des situations d’exception russes. A ce titre, les thèmes abordés pour cette édition reposaient sur les critères spécifiques à ces ministères en termes de sécurité : les drones, essentiellement aériens et terrestres, la lutte anti-drone, les communications, les optiques, la surveillance et la protection (de site ou de forces). La Russie a axé ses efforts sur ces domaines, en prenant en compte les menaces intérieures, aux frontières et sur les projections. Interpolitex n’est pas un immense salon mais il est complet et répond à l’ensemble des demandes russes et de ses partenaires. Plusieurs responsables ont mentionné les 25 pays proches, qui représentent a fortiori des clients sérieux des productions russes. A noter sur le salon un emplacement dédié au centenaire de Kalashnikov.

Stand 100 ans de Kalashnikov

Les drones aériens et terrestres en évolution permanente.

Comme chaque année, Interpolitex montre les capacités des groupes connus dans le domaine des drones aériens, et plusieurs stands présentaient leurs nouveautés et autres innovations. Ainsi nous retiendrons le drone Eleron-T7, du groupe Enics, évolution de la version 7, ou encore le DZ19-VT1 (groupe DZ-UAV), qui, en quelques minutes, peut recevoir en plus de ses ailes un kit le transformant en drone-coptère, ce qui lui permet de décoller verticalement et surtout d’effectuer des prises de vue en stationnaire. Gain de temps, de moyens et d’argent pour le client.

Drone aérien DZ19-VT1

Autre moyen innovant, l’OMV-350, exposé par la petite PME OMVTech, qui se présente sous la forme d’une turbine simple à double rotor, sur laquelle la boule optronique se fixe en superstructure. Ce drone décolle en vertical mais peut ensuite se placer à l’horizontale et voler plusieurs heures, grâce à un moteur thermique, et sur grande distance. Autre point à retenir, il peut être « abandonné » plusieurs jours (alimenté par batteries externes) et être activé si une menace est supposée, tel un capteur abandonné.

Drone aérien OMV-350

Le groupe Gorizont continue à améliorer son S-100 (produit en collaboration avec le groupe autrichien Shiebel), et notamment en intégrant des moyens qui permettent de l’employer en zone arctique.

L’entreprise IDS présentait l’IDS-5, capable de voler plus de 20 heures (rayon d’action de 800 km) avec un réservoir de seulement 17 litres

Drone aérien IDS-5

Enfin, le centre de production scientifique de systèmes aériens biélorusse présentait le Busel, seule version de drone aérien armé de quatre grenades à fragmentation.

Drone aérien armé Busel

En ce qui concerne les drones terrestres (UGV pour Unmanned Ground Vehicle), ces derniers étaient également bien représentés, et plusieurs instituts présentaient leurs nouveautés et autres concepts. Le bureau de R&D Atom-Robotiks présentait son mini drone ORKA, plateforme validée capable de transporter près de 500 kg. Ce drone peut également fonctionner en immersion complète, et il répond à de nombreuses missions telles que le soutien, la surveillance et l’appui.

Drone terrestre ORKA

Autres importants producteurs du domaine, le groupe RTC présentait plusieurs de ses concepts (Kadet ou Kapitan) et le groupe SET-1 présentait tout un panel de mini et micro UGV qui possèdent la particularité d’être dirigés depuis un moniteur de conduite unique.

Gamme de produits UGV du groupe SET-1

Enfin le groupe Polus-ST présentait son mini drone 6X6 KRMM-06 destiné notamment à l’enlèvement de colis piégés (environ 1,5 kg).

UGV KRMM-06

Une lutte anti-drones spécifique mais active

La lutte anti-drones russe semblerait se cantonner à l’emploi de systèmes à ondes électromagnétiques, surtout à l’encontre les drones de gamme civile. Aussi les fréquences employées sont généralement celles utilisées par les drones civils, à savoir les gammes 2,8 et 5,6. Simples, et efficaces contre des menaces à des distances inférieures au kilomètre. Ainsi les projets du groupe Rusdrone, couplé à une station de détection, tout comme celui présenté par le groupe bien connu Kaspersky, montrent que la détection est maintenant intégrée au brouillage.

Système anti-drones Kaspersky

Le groupe NELK présentait son fusil Argument qui peut sembler semblable aux autres systèmes présents sur le salon, mais qui, selon le producteur reste plus fiable et surtout, en plus des deux fréquences « drones » il est équipé de brouilleurs sur toutes les fréquences GPS (Beidou, Glonass, Galileo, GPS), ce qui le place dans les concurrents des systèmes occidentaux. Autre système en évolution permanente, le REX-2 produit par Zala Group (filiale de Kalashnikov), plus léger et compact et doté de trois antennes de brouillage.

Système anti-drones REX-2

SPEKTR présentait également le fusil anti-drones IRBIS à quatre fréquences, doté d’un pointeur capable de prendre en compte un drone aérien de jour comme de nuit. Le fusil Garpun-2M, observé sur le stand SET-1, est capable de brouiller jusqu’à sept fréquences.

Le groupe STT Group présentait son système LPD-800 en deux versions. Le système est basé sur une carcasse de fusil d’assaut HK G-36 et son point particulier réside dans la présence de sa batterie dans le chargeur.

Fusil anti-drones LPD-800

Enfin, nous retiendrons la présentation de deux systèmes non apparentés à des fusils, constitués de dômes multidirectionnels. Le système Aartos (produit par le groupe allemand AARONIA) et l’Amaka-DBS (produit par Komplex Abtomatika) regroupent un module de détection couplé à un pointeur de brouillage (l’Amaka est efficace dans un angle de 60°) sous dôme. Ces deux systèmes peuvent être employés en station fixe ou montés sur véhicule. Les représentants ont précisé que la génération d’ondes n’était pas menaçante contre la population.

Dispositif anti-drones AMAKA-DBS

La surveillance contre toutes les menaces

La surveillance a fait feu de tout bois lors de cette édition d’Interpolitex, dans les domaines de la protection aux frontières, la détection sous-marine, ou la protection anti-intrusion d’infrastructures sensibles, qu’elles soient fixes ou mobiles. Ainsi plusieurs systèmes ont été présentés, complets, ou juste les optroniques ou les radars.

L’institut ROS-L présentait son blindé de surveillance Tigr SBRM, capable de détecter une menace jusqu’à 6 km de sa position, dans n’importe quelle condition climatique (- 40° à + 45°) avec ses moyens optroniques jour/nuit et ses radars.

Blindé de surveillance Tigr SRBM

Dans le domaine sous-marin, l’entreprise Dalpribor présentait deux sondes de surveillance submersibles, capable de détecter une menace, y compris un drone UVS ou un plongeur à plus d’1 km. Ces détecteurs sont immergés à plusieurs exemplaires selon les zones à protéger, et permettent d’empêcher toute attaque ou intrusion dans un arsenal, ou une zone portuaire. Ces moyens sont couplés à des alerteurs qui permettent d’être réactifs au plus vite.

Sonde sous-marine du groupe DALPRIBOR

Le groupe industriel présentait également deux bouées submersibles ultralégères qui possèdent les mêmes capacités que celles actuellement en service qui restent cepoendant plus lourdes et encombrantes. Ces bouées peuvent être immergées à 50 m et fonctionnent dans les bandes allant de 2 KHz à 70 GHz.

Bouées sous-marines

Pour la partie optique-optronique, de nombreuses entreprises présentaient leurs moyens, dont plusieurs compagnies chinoises (Hik Vision, TS Sun, etc.). La vision « fusion » était évidemment représentée (compagnie chinoise BOT Optics), même si ce concept ne fait pas encore l’unanimité des utilisateurs.

Nous retiendrons notamment l’optique 2IT-315VM présentée par le groupe Infratech (groupe Rosoboronexport). Ce système infrarouge est destiné aux nageurs de combat qui peuvent l’employer jusqu’à 50 m de profondeur sans défaillance.

Optique thermique 2IT-315VM

La protection représente une ligne directrice majeure en Russie, au moins pour les forces de sécurité (police, sécurité civile, pompiers, sécurité intérieure, sécurité des sites sensibles) et les systèmes de protection de sites étaient nombreux (Polus-ST, Start-7, Spektr, Still Soft, Perimetr). Pour exemple, les systèmes de sécurité de sites sensibles Avampost déclinés en Murom (pour sites mobiles), présentés par le groupe Still Soft, sont notamment employés en Syrie sur les positions russes et plusieurs pays partenaires en sont également détenteurs, tels le Kazakhstan ou la Géorgie.

Système de surveillance AVANPOST

Des groupes comme Polus-St et Spektr basent leur vision de la sécurité de zone sur les détections radar pour la première entreprise citée (systèmes PS-L et PS-U) et sur les optiques pour les deux compagnies. Les moyens de détections sont petits, facilement camouflables, efficaces dans la durée et dans les capacités de détections (distances, discrimination). Nous retiendrons chez Spektr les détecteurs d’optiques pointés Sprut-3, Spin-2 et 3, particulièrement performants (détection de jour et de nuit, azimut, coordonnées de la menace) et facilement utilisables. Le Spin-2 a fait ses preuves dernièrement en Syrie.

Détecteur d’optique pointé SPIN-2

La cuirasse (protection) n’empêche pas la progression du glaive (armement et munitions)

La défense NRBC et contre les produits toxiques est particulièrement suivie en Russie. Plusieurs systèmes de détection de produits toxiques, de production de masques de protection, et de combinaisons de protection. Ces protections sont essentiellement employées pour se protéger de possibles alertes locales (fuites, défauts), même si elles restent prises en compte par les forces armées (programme Ratnik) et de police.

Tenue NRBC du programme Ratnik

Plusieurs exposants spécialisés dans la détection d’explosifs présentaient leurs nouveautés. Parmi eux le groupe Spektr présentait notamment le Zaslon-1, détecteur d’explosif et de solutions toxiques par aspiration et luminescence. Ce moyen est très efficace, à l’exception de produits modifiés (brulés, ou suite à une explosion), mais ce problème est selon l’industriel sur le point d’être réglé. D’autres systèmes, tels les M-ION (produit par le groupe tchèque Inward Detection) et autre Kerber-T (produit par Modus), détectent les vapeurs explosives par traitement d’ions.

Détecteur d’explosif M-ION

Dans un autre registre, la protection des personnes reste une problématique importante qui suscite de nombreuses études. Nous retiendrons la présentation sur le stand du ministère des situations exceptionnelles d’une structure habitable construite sur une base de conteneurs de 40 pieds renforcés. Le KUB-M peut être monté en quatre jours avec seulement quatre hommes et une grue. Cette structure résiste à des pressions de 100 Kpa, et à des attaques NRBC. Le brevet a été adopté par les ministères de la défense et des situations exceptionnelles.

Structure renforcée KUB-M

Au niveau de la protection contre les mines et les EEI, l’école du Génie russe présentait le brevet d’un moyen mécanique de détection monté à l’avant d’un blindé léger. Ce moyen léger et facile à monter (moins d’1/4 heure) sera employé par les détachements opérationnels de reconnaissance d’axe. L’effort de pression sera réglé par un câble relié à un treuil. Généralement ces systèmes sont employés à faible vitesse, contrairement à celui-ci qui peut rouler jusqu’à 40 km/h. Ce brevet valide une thèse de doctorat.

Système de déminage mécanique

La protection balistique reste une préoccupation des forces de sécurité, avec la recherche de nouvelles protections pour gilets pare-balles, ou pour les véhicules blindés d’intervention ou privés.

Pour contrer cette protection balistique, nous retiendrons les innovations suivantes :

La Russie emploie de nouveaux calibres afin d’être plus efficaces (force de frappe, portée de tir et précision) contre des forces ennemies ou des terroristes protégés. Le groupe Tsiintoshmash présentait notamment son pistolet UDAR de calibre 9 x 21 mm, destiné principalement aux unités spéciales, sa munition est particulièrement puissante. Le calibre 8,6 est également employé pour les tirs précis à longue distance, et Tsiintoshmash produit cette munition entre autres pour les fusils du groupe ORSIS.

Pistolet Udar 9x21 mm

Le groupe Lobaev, présent sur le stand Rosoboronexport, présentait son fusil TSVL-8si, équipé d’un modérateur de son performant (carcasse en carbone pour la masse et intérieur en titane avion pour la durée – 6000 tirs envisagés). Le producteur recherche tout matériaux capable d’améliorer les performances de ses fusils, y compris en cherchant dans le domaine de l’avionique civile.

Fusil de précision TSVL-8si avec modérateur de son

Enfin, le bureau d’étude de l’école de formation des troupes parachutistes présentait un système capable de modérer la cadence de tir des canons de 30 mm (2A42 et 2A72) et ainsi d’améliorer grandement la précision au tir.

Système de correction au tir des canons de 30 mm

Dernière innovation présentée par les bureaux d’étude de l’armée, un projet de propulsif gélifié destiné aux roquettes d’artillerie. L’académie d’artillerie présentait le brevet et la maquette de cet ensemble propulsif, plus facile à charger, plus efficace (qui augmente la portée et la poussée) et qui serait plus stable dans la durée.

Prototype de propulseur gélifié

La formation, base d’une bonne sécurité

Les centres de formation russes étaient très présents pour cette édition d’Interpolitex. Et avec eux les bureaux d’étude des forces militaires, de la sécurité intérieure et des situations exceptionnelles.

Nous retiendrons le centre de formation des pilotes d’avions de combat SU-25, et notamment la formation sur l’emploi des canons bitubes de 23 mm montés en spare sous les ailes. Le simulateur présenté était proche de la réalité et démontre la qualité de la formation des pilotes.

Ecole « Gagarine » de formation pilotes de combat

Dans la même veine, l’école de formation à la pyrotechnie militaire présentait ses moyens de simulation, encore une fois proches de la réalité, notamment sur le travail contre la dissémination de mines (déminage mécanique).

Enfin, la présence des écoles de formation à la sécurité civile, aux gestes de secours et à la protection des populations démontre bien cet intérêt russe pour une formation de qualité que les ministères russes espèrent faire profiter leurs partenaires.


Sources : État-major des armées
Droits : Ministère des Armées