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Respect

Mise à jour  : 07/11/2016

Mon cher camarade,

Dans cette seconde lettre, à quelques jours des cérémonies du 11 novembre, j’ai choisi de parler de nos blessés. La figure du blessé ne vous est pas étrangère. Elle doit vous devenir familière, car la place des blessés est bien « au milieu de nous ».

C’est là tout le sens du Bleuet de France que je porterai sur ma tenue, jusqu’au 13 novembre ; témoigner de ma reconnaissance et de ma proximité avec eux. Je vous encourage à faire de même.

En vous engageant, vous avez librement accepté l’éventualité d’avoir à payer un prix élevé pour la protection de la France et des Français. Ce prix, nos camarades blessés le connaissent. Il est douloureux, parfois exorbitant. Vous pouvez légitimement vous demander le sens de tout cela. Etre interpelé, voire révolté, quand un camarade est touché. C’est naturel. La réponse, c’est d’abord en vous tournant vers les blessés, eux-mêmes, que vous la trouverez. Vous comprendrez ce que la blessure représente et ce qu’elle est.

La blessure est avant tout une épreuve. Une épreuve douloureuse et lourde ; souvent trop lourde pour être portée par un homme ou une femme seule. Une épreuve qui touche non seulement le soldat blessé mais aussi son entourage, à commencer par sa famille, ses amis, ses camarades.

La blessure est aussi une rupture. Au combat comme à l’entraînement, elle arrive brutalement, sans prévenir. Aveuglément. L’un est touché ; l’autre ne l’est pas. Pour celui qui est touché, il y aura toujours un « avant » et un « après ». C’est un saut dans l’inconnu.La blessure est, enfin, un appel. Un appel à l’entraide des camarades. Une main tendue qui sait pouvoir compter sur notre secours après avoir, elle-même, tant secouru. « Au combat, tu n’abandonnes jamais ni tes morts, ni tes blessés, ni tes armes » nous dit le code d’honneur du légionnaire. C’est tout aussi vrai pour le combat qui suit toute blessure, physique ou psychologique : celui de la reconstruction. J’en profite pour saluer, ici, le formidable travail réalisé par le personnel soignant du service de santé des armées ; leur disponibilité, leur professionnalisme et leur abnégation sont une assurance et un réconfort pour nous tous.

Nos blessés ont déjà tout donné dans l’accomplissement de leur devoir. Et, pourtant, ils donnent encore pour repousser leurs limites. C’est le difficile chemin du dépassement. Même s’il est sans commune mesure avec ce qu’endurent nos blessés, c’est ce même chemin qui permet à chacun de relever les défis du quotidien, dans l’accomplissement de sa mission.

Vous le savez, nos camarades blessés comptent sur notre soutien. C’est l’honneur de nos armées d’y répondre dans la discrétion, la fidélité et la solidarité étroite qui unit les membres d’une même famille.

Nos frères d’armes blessés méritent, par-dessus tout, votre respect, eux qui ont tant donné pour le succès des armes de la France !

Fraternellement,

Général d’armée Pierre de Villiers

École militaire, le 4 novembre 2016


Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense