En décembre 2010, le major Philippe, 50 ans, est à Kandahar, en Afghanistan, dans le cadre de l’opération Pamir. Responsable technique au sein de l’escadron de soutien technique aéronautique (Esta) 2E.033, il soutient un détachement de Mirage F1 CR.
« Cette mission de deux mois et demi représentait ma vingtième opération extérieure. A notre arrivée, fin novembre 2010, les talibans attaquaient régulièrement la base de Kandahar au lance-roquettes. L’une d’entre elles était d’ailleurs tombée près du mess, tuant un soldat américain. Le 24 décembre, tout le monde s’attendait à une attaque : nous pensions effectivement que les talibans chercheraient particulièrement à nous toucher en pleine fête religieuse. Nous nous sommes réunis au mess(1) pour le réveillon. Il régnait un bon esprit de camaraderie, nous avons chanté et bu du champagne. Nos différents états-majors nous avaient envoyé des colis, tout comme nos familles. Nous avions également reçu des dessins d’enfants par le biais de l’association Solidarité Défense. Cela nous a vraiment fait plaisir, car nous réalisons alors que nous ne sommes pas oubliés, même loin de chez nous. A notre grand étonnement, la fameuse sirène d’alarme « rocket attack » ne s’est pas déclenchée ce soir-là. Aucune attaque de la part des talibans. Volontairement ou non, la trêve de Noël fut respectée.
Je me suis alors rappelé qu’au cours de la Première Guerre mondiale, Français, Britanniques et Allemands avaient partagé un moment de fraternité au cours de matchs de foot improvisés le jour de Noël, avant de reprendre les combats dès le lendemain. C’est l’idée que je me suis faite de cette soirée à Kandahar : la magie de Noël avait opéré et, durant un moment, les hommes étaient devenus plus sages. Dans la semaine qui a suivi, les attaques de roquettes ont repris… »
Le major Philippe est aujourd’hui adjoint à la section Fennec de l’Esta 2E.060, basé à Villacoublay.
(1) Restaurant militaire
Sources : Ministère des Armées