Accueil | Actualités | Articles | Rapprochement stratégique avec les armées de l’air américaine et britannique Actualités ... Articles | Rapprochement stratégique avec les armées de l’air américaine et britannique

Rapprochement stratégique avec les armées de l’air américaine et britannique : « Ce n’est qu’un début ! »

Mise à jour  : 04/07/2011 - Auteur : Linda Verhaeghe - Direction : DICOD

Un groupe de réflexion stratégique, composé d’aviateurs des armées de l’air française, américaine et britannique, s’est réuni à Paris, du 27 au 30 juin 2011. Une initiative qui traduit une volonté de rapprochement, en particulier en matière d’interopérabilité de nos forces aériennes respectives et dans une perspective de conduite d’opérations en commun.

C’est dans le cadre du Strategic Studies Group (SSG), le groupe d’études stratégiques de l’US Air Force, qu’un groupe de réflexion a pour la première fois réuni une cinquantaine d’aviateurs français, américains et britanniques, à Paris, du 27 au 30 juin 2011. Organisé par le Centre d’études stratégiques aérospatiales (Cesa), ce « workshop » avait pour objet d’identifier des voies d’approfondissement de notre coopération dans la conduite d’opérations aériennes multilatérales.

Depuis sa création au sein du Pentagone américain, en 2008, le SSG s’intéresse en effet à l’analyse des probabilités de menaces futures, afin de permettre aux armées de l’air de ces trois pays - qui partagent leur vision de la sécurité mondiale - de se préparer ensemble aux défis de demain en matière défense. Cela, à travers le développement d’une stratégie commune, ou encore d’emploi de nos capacités dans un contexte de contraintes budgétaires fortes.

 

Cette institution intègre ainsi un officier Français et un officier Britannique, détachés au Pentagone américain pour une durée de deux à trois ans. « Une initiative unique, qui n’a pas d’équivalent au sein des autres armées (de Terre et Marine, ndlr) », ainsi que le rappelle le colonel Bruno Foussard, qui occupe cette fonction depuis le mois de décembre dernier.

Il explique cela par une « facilité des aviateurs à se comprendre », notamment d’un point de vue professionnel, ceux-ci opérant « depuis des années sur des mêmes standards Otan ».

Cette première rencontre a principalement permis aux différents protagonistes d’être mis en relation, d’apprendre à se connaître et à travailler ensemble, ainsi que d’échanger sur la manière dont il est possible de développer une approche partagée de l’emploi de la force aérienne.

« Nous avons notamment pu constater une méconnaissance des capacités françaises : de frappes à distance, tels que les missiles de croisière Scalp, ou les armements air-sol AASM, qui offrent des capacités uniques que les Américains n’ont pas », explique le colonel Bruno Foussard. « Tout cela autour d’un vecteur, le Rafale, adapté aux opérations que l’on mène actuellement et que l’on aura à mener dans le futur, grâce à une grande flexibilité, cette plateforme unique réunissant tous les moyens anti-aériens, de guerre électronique, de frappe aérienne, etc. », poursuit-t-il.

Les principaux thèmes des échanges ont donc concerné le commandement et le contrôle des opérations stratégiques en contexte multinational, la question du partage du renseignement, ainsi que les problématiques liées au déploiement des forces aériennes, connue sous l’acronyme A2AD (« Anti-Access Area-Denial »). C’est-à-dire, plus précisément, comment opérer dans un environnement où l’on risque de manière croissante d’être confrontés à des interdictions de survol émanant de pays avoisinant un théâtre d’opérations, par exemple.

L’une des réponses serait de déterminer comment mettre à profit des accords bilatéraux existants et dont pourrait bénéficier l’un des trois pays (la France, les Etats-Unis ou le Royaume-Uni) au sein de la région qui serait alors concernée.

Si l’initiative décrite s’inscrit parfaitement dans la dynamique lancée entre la France et le Royaume-Uni avec la signature d’un accord de coopération militaire franco-britannique - qui prévoit notamment la création d’une force commune, ainsi que la mutualisation de certains équipements -, à Londres, le 2 novembre 2010, l’intérêt de ce rapprochement pour les Etats-Unis diffère quelque peu.

Bien entendu, il s’agit d’abord et avant tout aux « trois armées de l’air qui comptent dans le monde occidental », tant en termes de « volume », que de « capacités », selon le colonel Bruno Foussard, et qui sont actuellement - et seront probablement également dans le futur - amenées à intervenir sur des mêmes théâtres dans le cadre d’opérations multinationales, tel que c’est le cas en Afghanistan et en Libye, à mieux collaborer.

Mais il s’agit également pour les Etats-Unis de s’assurer d’une plus grande autonomie pour les deux pays européens, souhaitant en effet être moins impliqués dans les enjeux de sécurité qui caractérisent la zone d’intérêt européenne, alors que la leur bascule vers la région Asie-Pacifique et qu’ils sont également touchés par un contexte économique difficile.

A l’issue de ces quelques jours, le colonel (américain) David Fahrenkrug, directeur du workshop et ancien responsable du SSG, a présenté le bilan du travail mené au chef d’Etat-major de l’armée de l’air française, le général d’armée aérienne Jean-Paul Paloméros et, par visioconférence, à son homologue américain, le général Norton Schwartz, ainsi qu’à un représentant de son homologue britannique, le général Stephen Dalton, jeudi 30 juin 2011.

« Nous avons ouvert une voie vers une ère nouvelle de coopération entre nos trois pays. D’un point de vue stratégique, nous développons ainsi une compréhension partagée des enjeux de sécurité futurs, et identifions des initiatives pour accroître cette coopération », a-t-il déclaré devant un auditoire acquis à sa cause.

 « Ce n’est qu’un début ! », a assuré le général Jean-Paul Paloméros en conclusion du compte-rendu dressé par le colonel David Fahrenkrug. Un second workshop est en effet prévu à Londres (Royaume-Uni), d’ici la fin de l’année, puis un troisième à Washington (Etats-Unis), l’année suivante.


Sources : Ministère des Armées