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Le droit chemin

Mise à jour  : 07/03/2014 - Auteur : CNE Laetitia Périer - Direction : DICOD

Juriste, avocate, mais aussi ambulancière en ex-Yougoslavie et officier en mission au Tchad… Grâce à la réserve, Marion de La Lande d’Olce semble avoir vécu plusieurs vies. Aujourd’hui substitut du procureur à Tarbes, cette femme de 52 ans a trouvé sa place en partie grâce à son engagement militaire.

Extraordinaire. Voilà un mot que Marion de La Lande d’Olce utilise souvent pour évoquer les personnes qu’elle a croisées au cours de sa vie. Et pourtant, cette femme est, à bien des égards, elle-même extraordinaire. Née en 1961 dans le condominium franco-britannique des Nouvelles-Hébrides, aujourd’hui République de Vanuatu, où son père, Bernard Hébert, occupait le poste d’administrateur des colonies, elle acquiert très tôt le sens du devoir envers la France. À 6 ans, lors d’un 14 Juillet à Nouméa, où son père a été muté, sa mère lui intime, ainsi qu’à ses cinq frères et sœurs, de bien se tenir : « N’oubliez pas que vous représentez la France.» Une phrase qui la marque pour la vie.
Retour en métropole à 8 ans. Son père, devenu maire de son village normand, reçoit de nombreuses personnalités : Pierre Messmer, Paul-Émile Victor, Haroun Tazieff, André Malraux… La petite Marion s’interroge et lui demande de raconter son histoire. Celle d’un jeune homme de 18 ans qui rejoint Londres en 1940, s’engage dans les Forces françaises libres, combat en Afrique et participe à la campagne de France et d’Allemagne, jusqu’à Berchtesgaden.
Compagnon de la Libération, son père décède alors que Marion a 23 ans. Très marquée par les récits de cette figure paternelle qu’elle admire et alors qu’elle poursuit des études de droit, elle s’engage chez les Rochambelles afin de suivre une formation de conductrice ambulancière. Deux week-ends par mois, elle s’entraîne à la topographie, au parcours du combattant et au tir au sein du 8e régiment de transmissions. Brevetée chef conductrice ambulancière, elle est affectée à la 2e division blindée au grade de caporal et participe aux sorties du régiment en manœuvres. À Mailly-le-Camp, Mourmelon, par – 15 °C… Et elle adore ça ! « En pleine nuit, au milieu des chars, sous les tirs, on devait se débrouiller seules et effectuer notre mission de ramassage des blessés. Une excellente formation qui nous donnait de bons automatismes », commente-t-elle.
Parallèlement, Marion, devenue juriste d’entreprise, multiplie les voyages professionnels dans les capitales européennes. Lorsque son emploi du temps le lui permet, elle s’adonne à sa passion pour le sport : ski, voile, escrime, parapente, deltaplane, saut à l’élastique. Pourquoi une telle boulimie ? « À la maison, c’était obligatoire d’avoir 20 en sport, comme dans toutes les matières. Et puis, on se doit d’être apte physiquement qu’on soit de réserve ou d’active. » L’armée, justement, la rattrape. En 1996, devenue sergent, elle part en tant que réserviste opérationnelle dans le cadre de l’opération Salamandre (ex-Yougoslavie), démissionnant de son poste de juriste du jour au lendemain. Quatre mois durant, elle va prendre en charge les blessés, accidentés, réfugiés à Ploce, Mostar et Trogir.
À son retour, elle retrouve un poste de juriste d’entreprise, mais le cœur n’y est plus. « Cette expérience a été une libération. J’étais trop proche de ma famille, j’avais grandi dans un cocon et cette mission m’a poussée à vivre ma propre vie », analyse-t-elle. Elle passe alors le barreau, devient avocate dans un cabinet spécialisé en informatique. Elle rencontre son mari lors d’une formation au 1er régiment de parachutistes d’infanterie de marine, réussit le difficile concours des officiers de réserve spécialistes d’état-major et devient maman d’une petite fille en 2004. Mais conseiller des clients trop souvent uniquement en quête de profits ne lui convient pas. Elle n’hésite donc pas à effectuer un nouveau changement de cap. Cette fois-ci, ce choix sera le bon. Elle intègre la magistrature en 2005, à 44 ans. Parallèlement, elle multiplie en tant que capitaine les périodes de réserve opérationnelle là où son expertise est nécessaire, parcourant les camps de réfugiés du Darfour au Tchad. Désormais substitut du procureur de la République à Tarbes, elle sait qu’elle a trouvé sa voie : « L’armée m’a appris la persévérance, ce qui m’a aidé à ne pas lâcher jusqu’à ce que je trouve ma vocation. Aujourd’hui, je m’épanouis comme magistrate, car j’ai cette responsabilité de ne pas faire défaut à la justice et à la société », conclut-elle. Et pour que la tradition se perpétue, elle parle à sa fille de l’histoire familiale. « Je ne veux pas l’écraser avec ça, mais je lui dis que s’il faut défendre son pays, elle devra le faire. » À 52 ans, Marion de La Lande d’Olce semble avoir trouvé son équilibre. Entre deux permanences au tribunal, elle continue d’animer l’association des familles des Compagnons de la Libération qu’elle a cofondée et pratique le tennis, la marche, l’équitation et le golf. Un parcours extraordinaire pour une femme formidable.     

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Sources : Ministère des Armées

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