Parmi les hommes du Débarquement de Provence, le général de Lattre de Tassigny (1889 – 1952), élevé à la dignité de maréchal de France à titre posthume en 1952, tient une place particulière. Sous ses ordres, les soldats de l’armée B prennent part à l’opération Dragoon et débarquent le 15 août, sur les côtes de Provence, aux côtés des Alliés.
S’étant déjà distingué durant la Grande Guerre, où il s’est battu sur différents fronts dont Verdun, au Chemin des Dames, le général de Lattre de Tassigny s’illustre de nouveau lors de la Seconde Guerre mondiale, en commandant l’armée B, qui participe au débarquement de Provence du 15 août.
Quand de Gaulle confie l’armée B à de Lattre
Le 22 juin 1940, l’armistice est signé avec l’Allemagne. Les forces françaises sont alors en grande partie démobilisées et désarmées. Le 11 novembre 1942, alors que les Allemands pénètrent en zone sud, de Lattre est le seul officier général à donner l’ordre à ses troupes de sortir de leurs garnisons et de combattre. Condamné à dix ans de prison en janvier 1943, il est incarcéré à la Maison centrale d’arrêt de Toulouse puis au fort Montluc à Lyon. Transféré plus tard à la prison de Riom, il s’évade dans la nuit du 2 au 3 septembre 1943, avec l’aide des services spéciaux de la France libre. Il rejoint Londres à la mi-octobre, puis Alger le 20 décembre. Le général de Gaulle lui confie alors la formation et le commandement de l’armée B.
Cette dernière, venue d’Afrique et d’Italie, prend part au mois d’août de la même année à l’opération Dragoon. Son but, outre fixer ou distraire les troupes ennemies du front de Normandie, est de disposer de ports (Marseille et Toulon) en eau profonde qui permettraient, à terme, l’installation d’une base logistique pour les armées alliées engagées en Europe de l’Ouest. La 7e armée américaine, que commande le général Patch, est désignée pour porter l’assaut. Composée du 6e corps d’armée et d’une division aéroportée, elle comprend également l’armée B, constituée de cinq divisions d’infanterie : la première et la cinquième divisions blindées, deux groupements de tabors et plusieurs éléments de réserve non endivisionnés, du général de Lattre. Tandis que le général Patch commande la première phase de l’opération, le général de Lattre doit assumer le commandement tactique dès l’engagement des troupes. L’armée B libère Toulon le 27 août 1944 et Marseille le 28, dépassant les objectifs établis par le « planning » américain. Le 28 août, de Lattre envoie un télégramme au général de Gaulle : « […] aujourd’hui J+13, dans le secteur de mon armée, il ne reste plus un Allemand autre que mort ou captif ». La Provence est libérée.
L’armée B devient la 1ere Armée française
Mais l’armée B ne s’arrête pas là. Elle entre à Lyon le 3 septembre, libère Mâcon, Autun et Dijon, où de Lattre fait jonction avec la 2e division blindée et remporte une autre victoire : « l'amalgame » de l'Armée d'Afrique avec les Forces françaises de l'intérieur. Le 25 septembre 1944, l’armée B devient ainsi officiellement la Première Armée française.
Le 8 mai 1945, à Berlin, le général de Lattre est présent aux côtés des Alliés pour signer, au nom de la France, l'acte de capitulation de l'Allemagne nazie. « Le jour de la Victoire est arrivé. À Berlin, j'ai la fierté de signer au nom de la France, en votre nom, l'acte solennel de la capitulation de l'Allemagne » écrit-il, dans une lettre datée du lendemain, aux officiers, sous-officiers, caporaux et soldats de la Première Armée française.
Sources : Ministère des Armées