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Vœux de Geneviève Darrieussecq au Musée de l’Armée, Les Invalides (21 janvier 2022)

Mise à jour  : 27/01/2022

Vous trouverez ci-joint les Voeux de Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, prononcé au Musée de l’Armée aux Invalides, le 21 janvier 2022

 

 

Seul le prononcé fait foi.

Contacts media :

 

Cabinet de la ministre déléguée auprès de la ministre des Armées

midarm-communication.contact.fct@intradef.gouv.fr

01 72 69 23 04

Centre media du ministère des Armées

media@dicod.fr

09 88 67 33 33

Mesdames, messieurs,

Chers amis,

 

 

 

« Quand le dernier d’entre nous sera mort, la flamme s’éteindra. Mais il restera toujours des braises. Et il faut aujourd’hui en France des braises ardentes ! »

 

Ces mots, vous les connaissez, sont ceux de l’ultime héros de l’Ordre de la Libération. Ceux d’un gardien vigilant du flambeau allumé par le général De Gaulle. Ceux du dernier compagnon de la Libération devenu l’incarnation de ses 1037 camarades. Le message d’Hubert GERMAIN nous est cher et nous parle. Il vibre de l'amour de la France et du service de la patrie. Il inspire nos vies, nous rappelle les valeurs de la République, nous donne toutes les raisons d’espérer pour la France et d’être optimiste pour notre pays.

 

Ces braises ardentes ne s'éteindront pas. Car nous les ravivons constamment. Car nous les transmettons en héritage aux jeunes générations. Car nous faisons de l’esprit de la Résistance un pilier de l’esprit français.

 

 

C’est le sens de la mission que m’a confiée le président de la République auprès de Florence PARLY. Pour la cinquième fois, je m’adresse à vous pour des vœux de nouvelle année. Je le fais, vous l’imaginez bien, avec une émotion particulière et avec le regret de ne pouvoir vous réunir en raison de la crise sanitaire. Mais je le fais avec la fierté d’œuvrer à vos côtés depuis bientôt 5 ans et le sentiment du devoir accompli. Je le fais avec fidélité dans les valeurs de la France, avec fidélité dans la promesse républicaine.

 

En cinq ans, j’ai rencontré une multitude de Français dévoués, fiers de leur pays, passionnés par leur territoire et leur histoire. J’ai foulé des centaines de lieux de mémoire fruits de notre longue histoire. J’ai commémoré des drames et des gloires qui ont façonné la France. J’ai entendu des douleurs et des souffrances, j’ai mesuré et accompagné la soif de mémoire des témoins. J’ai croisé une foule de porte-drapeaux, de tous les âges, de toutes les conditions, menant avec un zèle exemplaire leur belle mission. J’ai vu tant de fois l’étendard tricolore se lever dans le ciel et, au son de la Marseillaise, faire frissonner nos âmes. J’ai partagé la nécessité de l’engagement avec des jeunes de tous les départements. J’ai échangé avec nos militaires, dans leur unité, sur le terrain, sur les théâtres d’opération. Partout, j’ai vu la même ardeur, le même professionnalisme et le même désintéressement.

 

Le ministère des Armées a un visage, celui de l’humain, celui des femmes et des hommes qui le servent aujourd’hui, celui des femmes et des hommes qui l’ont servi hier. Et permettez moi de toutes et tous les remercier pour ce qu’ils font, pour ce qu’ils sont et pour l’appui constant que m’ont apporté directions et services.

 

Le ministère des Armées est celui de l’engagement et du courage, de la défense de nos intérêts vitaux et de la survie de la nation.

 

Le ministère des Armées est un ministère pétri de valeurs : le mérite, l’entraide, le dépassement, l’exigence, l’humilité, la fraternité. Ces valeurs sont au cœur de la République, au cœur de nos missions.

 

Je veux vous dire ce qu’ont été pour moi ces cinq années à votre service, au service de la République, au service de la solidarité, de la transmission et de la reconnaissance. Au service d’une ambition pour le lien armées-nation auquel je crois tant. Je veux vous dire ce que sont les valeurs qui nous animent, celles que j’ai constamment portées, que je continuerai de porter où que je sois et qui sont celles de l’esprit français.

 

 

Comme une évidence, c’est au Musée de l’Armée, au cœur des Invalides et des nombreuses institutions militaires qui y cohabitent, où tout est amour de la France, attachement à la nation et dévouement pour l’intérêt général, que j’ai souhaité m’adresser à vous.

Les Invalides sont la maison de tous ceux qui ont, un jour, porté les armes et l’étendard de la France. De tous ceux qui ont mérité de la patrie et qui ont rendu des services signalés à notre pays. Ils forment la cohorte de l’honneur, ils sont le monde combattant.

 

S’engager pour servir son pays est un don de soi, un pacte avec la nation, qui peut aller jusqu’au sacrifice suprême. Je salue tous nos militaires d’active et tous nos réservistes. Je souhaite que nous ayons une pensée émue pour les militaires morts au combat ou en entraînement en 2021 ainsi que pour leurs proches et leur famille. Je pense aussi aux militaires blessés en service, ils font preuve d’une admirable force de résilience. Et nous leur devons une attention particulière et permanente.

 

Le médecin que je suis, que je reste, ne peut oublier le Service de Santé des Armées. Admirable de détermination sur les théâtres d’opérations extérieures, efficace dans la crise sanitaire en vaccinant, en accueillant des malades, en déployant des modules militaires de réanimation. Plus que jamais, le SSA a incarné le lien armées-nation.

 

Il y a ici, aux Invalides, un fil tendu entre générations, un fil qui unit les combattants d’hier et d’aujourd’hui. J’adresse mon infini respect pour nos anciens et pour le monde combattant dans son ensemble.

 

Les anciens combattants sont l’objet de toute mon attention, de celle également du président de la République et du Premier ministre. Au cours des dernières années, nous avons instauré un dialogue inédit et constant.

 

Nous avons maintenu toutes les mesures de réparation et de reconnaissance accordées par la Nation, nous avons travaillé avec l’équité pour principe directeur. Refusant le saupoudrage de « mesurettes », des avancées inédites et souvent très attendues ont été mises en place : la carte 62-64, l’extension de la demi-part fiscale à toutes les veuves de plus de 74 ans, le rattrapage du retard du point PMI et tant d’autres.

 

Nous avons apporté une attention permanente aux harkis et à leur famille. Ce mandat restera celui du concret tant par les mesures de reconnaissance en direction de la première génération que par le soutien à la deuxième génération. Et évidemment, le discours fort du président de la République suivi de la loi actuellement en discussion au Parlement vont marquer une étape cruciale.

 

Nous avons œuvré pour construire l’avenir du monde combattant en confirmant l’ONAC-VG dans ses missions notamment sociales et en maintenant son maillage territorial, en modernisant son fonctionnement. Nous avons pérennisé cette belle institution centenaire et de proximité. C’est un des acquis de ce mandat. Je veux ici remercier tous ses personnels qui font un travail remarquable.

 

Les combattants des opex sont l’avenir du monde combattant. Un des moments forts des cinq années écoulées restera l’inauguration du monument aux morts pour la France en opérations extérieures. Symbole puissant de notre reconnaissance, acte fort d’une Nation qui sait le prix humain de sa défense. Ce projet, maintes fois repoussé, est enfin devenu réalité en 2019.

 

Mesdames, messieurs les ressortissants du monde combattant, vous tenez un rôle phare dans notre société, vous êtes une incarnation de l’engagement, vous êtes des représentants des valeurs de la République. Je vous fais confiance pour continuer à promouvoir avec autant de fougue la fraternité, la solidarité et l’esprit civique.

 

 

 

J’ai sans cesse accompagné notre passion commune, celle de la transmission mémorielle.

 

Ensemble, nous faisons vivre et transmettons la mémoire combattante. Nous le faisons car nous sommes convaincus que la mémoire est essentielle pour construire une société apaisée et en cohésion, pour l’apprentissage civique et la transmission des valeurs républicaines, pour façonner une Nation plus forte, plus unie et plus résiliente. De la même manière que l’on ne bâtit pas sur du sable, une société se construit en connaissant son passé et son histoire.

Lorsque la France a commémoré le centenaire de la Grande Guerre, elle a dit sa reconnaissance à tous « ceux de 14 » et a rappelé que c’est toute une société qui a tenu dans l’adversité. Lorsque nous avons célébré le 75ème anniversaire de la Libération, nous avons fait œuvre de mémoire partagée avec l’ensemble de nos alliés. En soulignant la diversité des combattants, nous avons mis en valeur la pluralité des mémoires dont certaines étaient oubliées. En rappelant les déportations et les camps de la mort, nous marquons l’attachement de la France à la dignité humaine et réaffirmons notre lutte permanente contre les extrémismes. En rendant hommage aux premiers résistants, nous saluons la diversité des engagements et l’unité autour d’un idéal. En commémorant le 150ème anniversaire de la guerre franco-prussienne, nous signifions la valeur inestimable de l’amitié franco-allemande.

Lorsque Joséphine Baker entre au Panthéon, c’est toute la République qui célèbre l’égalité et l’unité du genre humain, c’est la France qui lance un message d’universalisme.

 

En œuvrant pour adapter le travail de mémoire à notre société, aux nouvelles pratiques et aux nouveaux usages du numérique, nous anticipons pour mieux transmettre, pour garantir l’avenir des commémorations et parler aux plus jeunes.

 

En décidant de rendre gratuit l’accès aux dix Hauts Lieux de la mémoire nationale pour les publics scolaires, nous permettons à tous nos jeunes d’être des héritiers de notre mémoire.

 

Lorsque, nous commémorons le 80ème anniversaire de la bataille de Bir Hakeim nous saluons l’esprit de résistance, l’esprit des Français libres qui avaient pris tous les risques, accepté tous les sacrifices pour un idéal, pour la liberté, pour la France.

 

Lorsque nous commémorons le 80ème anniversaire de la Rafle du Vel d’Hiv, nous faisons vivre le souvenir des victimes, nous rappelons les faits historiques, nous refusons l’oubli et l’indifférence. Nous affirmons notre volonté de bâtir une France intransigeante face à tout ce qui, de près ou de loin, ressemble à l’antisémitisme et au rejet de l’autre. Nous invitons chaque Français à l’éveil et à la vigilance face aux fléaux qui rongent l’unité de notre nation.

 

Je n’ai aucun doute. Nous nous lèverons toujours nombreux face aux comparaisons ignominieuses ou aux douteuses analogies. Il se trouvera toujours une majorité pour contrecarrer le révisionnisme, le négationnisme, les falsificateurs de l’histoire et les semeurs de haine.

 

Quand nous commémorerons cette année 2022 la fin de la guerre d’Algérie, nous le ferons en prônant le respect de toutes les mémoires conscients que l’apaisement doit nourrir la cohésion nationale.

 

 

Notre République honore dans l’unité et regarde son histoire en face, sans faiblesse, sans oubli, sans exclusion. L’histoire ne se refait pas, elle ne se manipule pas, elle ne se trie pas en fonction des contingences et des intérêts politiciens.

 

Alors je le dis très directement, chaque outrage perpétré contre le patrimoine mémoriel et contre les symboles de la République sont des atteintes à l’unité nationale. Déchirer notre héritage commun, c’est se placer hors du pacte républicain. Moi, je crois profondément à la France qui fait vivre la promesse républicaine et qui favorise l’apprentissage citoyen.

 

 

Pendant cinq ans, j’ai souhaité que le ministère des Armées accomplisse un travail déterminant en faveur de la jeunesse, de l’engagement et de la cohésion nationale.

 

Il existe, en effet, un pacte de confiance entre l’avenir du pays et le ministère des Armées. Pour transmettre une culture de défense et de résilience, pour renforcer notre cohésion nationale autour de nos valeurs et principes républicains, pour former les jeunes citoyens aux enjeux de la défense et de l’engagement. Les armées, par nombre de dispositifs, sont un moteur pour l’égalité des chances, pour l’apprentissage de la citoyenneté et pour l’insertion professionnelle.

 

 

 

L’efficacité d’une politique passe d’abord par sa lisibilité et sa cohérence avec les attentes de la société. Ainsi, nous avons consolidé nos nombreux dispositifs au sein du plan « Ambition Armées Jeunesse » notamment pour intégrer la montée en puissance du Service National Universel. J’ai la conviction que ce projet de société sera un nouveau creuset républicain, un dessein d’émancipation inscrit dans la France du XXIème siècle. La Journée Défense mémoire y prend une place essentielle et permet de sensibiliser à l’engagement, aux métiers de la Défense et au travail de mémoire.

 

A cet égard, je souhaite que l’on multiplie par deux les Classes de Défense dans les collèges et lycées et qu’elles couvrent tous les départements. Je crois profondément en ce modèle donnant-donnant, à ce partenariat de proximité et de pédagogie avec l’Education nationale.

 

Le Service Militaire Volontaire est un succès. Avec Florence PARLY, nous l’avons pérennisé et nous poursuivons sa montée en puissance en accueillant de plus en plus de jeunes et en les conduisant vers l’emploi.

 

Un pays doit croire en ses jeunes, sinon il cesse de croire en son avenir. Je suis convaincue que, dans les défis de notre siècle, la jeunesse ne sera jamais un problème mais qu’elle sera toujours une part de la solution.

Notre société a besoin d’une jeunesse qui s’engage pour l’intérêt général, qui adhère aux valeurs républicaines, d’une jeunesse attachée à la République. Nous avons besoin d’une jeunesse enthousiaste qui, tout en portant la mémoire de ses aïeux, tout en connaissant ses droits et ses devoirs, soit remplie d’optimisme et de projets pour l’avenir.

 

Ainsi, nous avons œuvré en faveur de la fraternité nationale comme liant de notre société mais nous avons aussi fait de la mémoire partagée un ciment de l’Europe.

 

Celui qui a foulé le sol d’Oradour ou de Maillé, qui a visité la nécropole de Verdun ou le Tata sénégalais de Chasselay. Celui qui a sillonné les couloirs de la prison de Montluc, marché dans la clairière du Mont Valérien ou qui est monté au camp du Struthof sait la douleur des affrontements franco-allemands, la désolation du nationalisme et des déchirements européens.

 

Depuis 2017, j’ai parcouru nombre de départements, vu nombre de champs de bataille et de lieux de mémoire, vu tant de nécropoles et de monuments aux morts, j’ai présidé des centaines de commémorations. Je peux vous affirmer une chose simple, évidente : l’amitié franco-allemande, c’est la paix ! La construction européenne, c’est la paix !

 

Ne cédons ni à la tentation du repli ni aux sirènes de l’égoïsme, même dans les crises que nous traversons. L’Europe est un horizon naturel, une source de prospérité comme nous n’en avons jamais connue auparavant dans notre histoire, une protection pour une France puissante dans une Europe puissance.

 

Et, j’entends, avec plaisir, le murmure d’une jeunesse européenne qui se souvient, qui construit son présent en connaissant son passé. Une jeunesse qui est une leçon d’espérance et un message d’optimisme pour notre continent.

 

Cet optimisme, il est aussi le mien. Je l’ai chevillé au cœur. Il m’a animée au cours des cinq dernières années. L’optimisme pour le monde combattant, pour les Français, pour la France.

 

Je ne crois pas à la fatalité et aux frayeurs agitées par les spécialistes du déclin, par les entrepreneurs de la peur qui dépeignent la France en sombre, qui redessinent son histoire à la lumière de leurs propres échecs, qui souhaitent son malheur pour nourrir leur prétention. Ils parient sur la défiance, je préfère la confiance. La confiance dans la France et dans les Français.

 

Je suis optimiste car je vois que les braises ardentes chères à Hubert Germain sont vives et brulantes. Elles réchauffent nos espérances, elles ravivent constamment la flamme de la République.

Je suis optimiste car je vois se lever une France de l’engagement, qu’il soit militaire, politique, associatif, environnemental ou humanitaire.

 

Je suis optimiste car je connais cette France des maires et de milliers d’élus locaux qui agissent au quotidien pour leur ville et le bien de leurs administrés.

 

Je suis optimiste car je vois le comportement du peuple français qui, dans ses profondeurs, est exemplaire, consciencieux et solidaire dans la crise sanitaire.

 

Je suis optimiste car notre pays a retrouvé son attractivité, sa dynamique économique. Il attire des investisseurs et crée des emplois. Car les choix politiques permettent d’agir, de peser et de faire progresser notre pays, lentement mais assurément. Le chemin est là.

 

C’est avec l’espérance au cœur et la foi dans le caractère de notre peuple que je vous adresse mes vœux les plus chaleureux de bonheur.

 

Bonne année à tous au service du monde combattant, au service de nos armées et de la jeunesse de notre pays, au service de la France et des Français.

 

Vive la République ! Vive la France !