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Discours Florence Parly, ministre des Armées lors de l'ouverture du Salon « Euronaval - Online 2020 »

Mise à jour  : 20/11/2020

Vous trouverez ci-dessous le discours de Florence Parly, ministre des Armées, pour l'ouverture du Salon « Euronaval - Online 2020 »

Seul le prononcé fait foi.

 

C’est évidemment avec une pointe de regret que je m’adresse à vous par écran interposé, et non au Bourget comme le voudrait la tradition. Si la crise sanitaire a prouvé et éprouvé une chose, c’est bien notre capacité d’adaptation et de réaction.

 

Je souhaiterais donc féliciter et remercier les équipes organisatrices d’un Euronaval inédit et réinventé dans un format 100% digital qui conserve l’essence du salon : l’échange et le partage.

 

Cette année, Euronaval devait réunir 77 délégations et plus de 300 entreprises de pays différents. C’est le symbole d’une industrie française navale dynamique et attractive pour nos partenaires, et j’en veux pour preuve le formidable succès remporté par la filière navale, à l’export, en 2019. Le secteur naval a représenté à lui seul, la moitié de nos prises de commandes. Euronaval, c’est aussi le lieu où se dessine l’avenir des marines militaires. C’est enfin chaque année, une fierté pour notre Marine nationale française : la première Marine d’Europe. Une marine de combat capable de tenir tête à nos compétiteurs stratégiques.

 

C’est une fierté, c’est aussi une exigence de tous les instants. L’excellence n’est pas immuable, garantie une fois pour toutes : c’est pourquoi nous avons pris l’engagement dans la loi de programmation militaire de consacrer 110 milliards d'euros aux équipements sur la période 2019-2023, dont une part significative bénéficie au combat naval.

 

C’est une exigence de tous les instants, d’autant que le contexte stratégique dans lequel évolue la Marine se durcit de jour en jour. Nous le voyons dans le détroit d’Ormuz, nous l’avons vu plus récemment en Méditerranée orientale. Plus que jamais, la mer est un espace d’incertitudes, de tensions, de provocation et d’enjeux de puissance. A l’heure où le droit international devient, trop souvent, une variable d’ajustement de certains et où les frontières sont contestées, la France continue à porter sa voix et affirmer son attachement à la liberté de navigation.

Dans ce contexte de réarmement naval inédit et de tensions internationales, la marine a besoin d’équipements robustes, efficaces, fiables, et de systèmes d’armes différenciant, à la pointe du progrès technique, afin de surclasser nos adversaires. Et ce besoin, la LPM y répond. Jamais au cours des 30 dernières années, la Marine n’aura vu un tel renouvellement de ses moyens.

 

Le programme des frégates multi mission (FREMM) se poursuit, à très bon rythme. Les chantiers de Lorient tournent à plein régime pour permettre la livraison de l’Alsace en 2021 et de La Lorraine en 2022. Ceux qui embarquent à leur bord le savent, nos frégates sont furtives, endurantes et polyvalentes : elles sont le symbole d’une industrie navale à la pointe de la modernité. En 10 ans, la Marine aura reçu 8 nouvelles frégates de premier rang. C’est remarquable et la suite s’écrit avec les Frégates de Défense et d’Intervention (FDI). La première, l’Amiral Ronarc’h, est en construction. Elle sera livrée en 2023.

 

Pour contribuer à la défense de nos intérêts, 6 patrouilleurs outre-mer rejoindront aussi la flotte de la Marine nationale d’ici 2025. C’est le fruit d’un effort d’accélération voulu par la LPM au service des territoires, pour protéger les 10 millions de kilomètres carrés d’espaces maritimes qui composent notre zone économique exclusive.  Je me suis rendue à Saint-Malo sur le chantier de la Socarenam pour la découpe de la 1ère tôle de ce nouveau type de Patrouilleur dont le premier ralliera la nouvelle Calédonie en 2022.

Nous avons aussi lancé le programme des patrouilleurs océaniques destinés à la métropole et qui sont très attendus. Bâtiments de la gamme de 2000 tonnes, ils donneront à notre Marine des capacités considérablement accrues par rapport à la situation actuelle. Les deux premiers seront livrés d’ici la fin de la LPM.

 

La LPM prévoit aussi la modernisation de nos capacités de dissuasion. A ce titre, je lancerai dans les prochains mois les travaux de réalisation des sous-marins lanceurs d’engins de 3ème génération.

 

Concernant le porte-avions de nouvelle génération, je confirme que ce programme sera lancé pour donner un successeur au Charles de Gaulle en 2038. Ce futur porte-avions fédèrera l’excellence de notre industrie navale dans les prochaines décennies et, par sa dimension stratégique, offrira un cadre d’emploi parfaitement adapté dès sa conception au futur avion de combat de nos armées, connu sous le nom de SCAF.

 

Le programme Barracuda livrera 6 sous-marins d’attaque nouvelle génération dont le 1er de la série, le Suffren, devrait être réceptionné d’ici la fin de l’année. Je sais que les équipes de Naval Group sont à pied d’œuvre et je les remercie. Notre industrie peut être fière car elle est à la pointe dans ce domaine clé qu’est la dissuasion et vous êtes les artisans de notre autonomie stratégique.

 

Ces programmes bénéficieront à notre Marine, une marine employée tous les jours, toute l’année, en opérations extérieures, dans le cadre de l’action de l’Etat en mer, dans le grand froid ou les chaleurs extrêmes, dans les airs ou les profondeurs. Notre Marine est océanique, c’est une Marine de combat. Nous pouvons en être fiers et nous devons poursuivre cet effort. Elle est à la pointe dans plusieurs domaines de lutte, grâce à un travail collaboratif vertueux des marins, de la DGA et des industriels. La Marine met donc en œuvre avec succès les outils techniques qui sont imaginés par vous, les industriels, pour répondre à ses besoins au bénéfice direct de l’autonomie stratégique de la France.

 

Cette autonomie stratégique, elle se construit également au niveau européen. D’ici la fin de la LPM nous recevrons les deux premiers bâtiments ravitailleurs de forces, fruits d’une coopération aboutie entre les chantiers français et italiens. La crise a frappé tous les secteurs mais elle n’a pas affaibli notre détermination à agir ensemble, entre Européens.

 

La guerre des mines est également le creuset de la coopération. Le programme SLAMF, marqué par son innovation remarquable intégrant des « systèmes de drones » entre en réalisation, en coopération avec les Britanniques.

 

Cette année, Euronaval endosse une double mission. Continuer à produire et alimenter un débat riche et constructif sur l’industrie navale tout en favorisant la reprise du marché. C’est un combat que le ministère des Armées mène depuis le début de la crise avec ferveur auprès des entreprises de défense, notamment grâce à l’action de la Task Force BITD au sein de la direction générale de l’armement.

 

Mon dernier message sera celui de la résilience et de l’optimisme. Ensemble, nous devons résister. Nous avons des compétences et un savoir-faire unique, connu et reconnu. Je ne dis pas que la traversée de la crise économique et sanitaire sera facile ou sans incertitude, mais nous avons des atouts et de la ressource.

 

L’industrie navale française doit continuer de rayonner aux quatre coins du monde. A chaque édition, Euronaval permet de démontrer toutes les capacités et les prouesses du secteur, et cette édition particulière n’y fera pas exception.

 

Merci à tous.