Mercredi 1er avril 2020, deux hélicoptères Caracal de l’escadron d’hélicoptères 1 /67 « Pyrénées » ont assuré pour la première fois le transfert de patients atteints du COVID-19 dans le cadre de l’opération Résilience.
Il est 19h30, lorsque des équipages de l’EH 1/67 « Pyrénées » décollent de la base aérienne (BA) 107 de Villacoublay où un détachement d’hélicoptères - armé par trois Caracal et deux Puma de la BA 126 de Solenzara - a été positionné, en vue de contribuer à désengorger les hôpitaux d’Île-de-France. Les deux voilures tournantes, mobilisées ce soir-là, doivent dans un premier temps rejoindre l’aéroport d’Orly où un centre médical d’évacuation a été installé. C’est de là qu’elles devront transférer quatre patients atteints du COVID-19, vers Angers et Caen. Afin d’accomplir cette mission, deux pilotes et un mécanicien navigant ont été mobilisés. « Afin de minimiser l’exposition potentielle au virus, nous fonctionnons en équipage à trois », explique le capitaine Léo, commandant de bord. Après six minutes de vol, les machines arrivent sur le tarmac d’Orly où elles sont guidées, tels des avions de ligne, vers leur place de stationnement. Dès les moteurs coupés et les rotors à l’arrêt, les équipages doivent se mettre en condition.
En effet, transporter des patients en réanimation et porteurs d’un virus hautement contagieux ne s’improvise pas. Pour ce faire, une procédure d’hélitransport de patients COVID-19 a été définie, le 31 mars 2020, après des phases d’expérimentation et de certification exécutées notamment par les unités du centre d’expertise aérienne militaire de la BA 118 de Mont-de-Marsan (escadron d’expérimentation et de solution technique, département de médecine aéronautique opérationnelle) et de la BA 120 de Cazaux (équipe de marque Hélicoptères, centre d’expertise sécurité nucléaire – nucléaire radiologique biologique chimique [NRBC]). Outre une cloison hermétique, en vinyle, qui isole le poste de pilotage de la soute, les membres d’équipage doivent également porter des équipements de circonstance. « Deux niveaux de protection ont été établis, explique le capitaine Léo. Les pilotes, situés dans le cockpit, disposent de masques type FFP2/FFP3 ainsi que de sur-gants en latex. Quant aux mécaniciens navigants, qui se trouvent, eux, en soute et donc au plus proche des malades, ils doivent porter des équipements de protection individuelle (EPI) : blouse, sur-bottes, gants, masques. »
À Orly, des ambulances, arrivées des quatre coins de Paris, avancent en file indienne. Une à une, elles viennent se positionner directement sur le tarmac aux pieds des différents appareils chargés d’évacuer les malades. Quand vient le tour des Caracal, il est 20h30. Débute alors le transfert des malades, de l’ambulance à l’hélicoptère, « phase durant laquelle les pilotes sont déjà en place, en cabine, portes et vitres fermées, prêts à décoller et isolés des patients », précise le capitaine Léo. Le mécanicien navigant assiste, lui, l’équipe médicale, à savoir un médecin et trois infirmiers de la brigade des sapeurs pompiers de Paris (BSPP), pour installer les deux patients à l’arrière de la soute. Une opération qui nécessite une quarantaine de minutes, tant il faut être précautionneux. À 21h30, les deux hélicoptères redécollent, avec chacun à leur bord, deux patients et leurs soignants qui veilleront sur eux durant tout le trajet. Tandis qu’un Caracal se dirige vers Caen, le capitaine Léo file vers l’aéroport d’Angers où il se pose après une heure de transit. Deux ambulances sont dépêchées sur place et prennent en charge les malades. Le Caracal repart direction Orly où il dépose l’équipe médicale du BSPP. Puis, retour sur la BA 107. Mais la mission n’est pas encore terminée. À présent, l’équipage suit des procédures qui ont trait à la protection du personnel et à la désinfection de l’avion, en lien avec la section d’intervention (SI) NRBC de la BA 120 et la SI-NRBC des pompiers de l’air de l’escadron de sécurité incendie et sauvetage (ESIS) de la BA 107. Dès le lendemain, de nouvelles évacuations aérosanitaires ont eu lieu.
« De par les missions SAR (Search and Rescue – Recherche et sauvetage) que nous menons au sein de l’EH 1/67, c’est dans notre ADN de nous adapter à tout type de situation. Celle que nous vivons aujourd’hui est exceptionnelle : même si nous ne sommes qu’un maillon dans le dispositif, nous sommes honorés de pouvoir servir la Nation et de contribuer à sauver des vies », conclut le capitaine Léo.
Lancée le 25 mars 2020, l’opération « Résilience » constitue la contribution des armées à l’engagement interministériel contre la propagation du COVID-19. Avec « Résilience », les armées s’engagent dans l’ensemble des secteurs où elles peuvent apporter un soutien aux autorités civiles, en adaptant leur action aux contextes locaux et dans le cadre d’un dialogue permanent avec les autorités civiles. « Résilience » est une opération militaire inédite, dédiée au soutien des services publics et des Français dans les domaines de la santé, de la logistique et de la protection, en métropole et outre-mer, tout en prenant en compte la nécessité de poursuivre les opérations au profit de la sécurité des Français, sur le territoire national, dans les airs, sur les mers, dans l’espace cyber, comme sur les théâtres extérieurs.
Sources : État-major des armées
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