Le 26 avril 2015, à 9h, la vedette de la gendarmerie maritime Mahury quittait la Base Navale de Dégrad-et-Cannes pour une mission de police de pêches dans les eaux territoriales françaises, prévue pour durer 24 heures.
Le Major Bernard, commandant la vedette Mahury, et ses cinq membres d’équipage, appartiennent à la brigade de gendarmerie maritime de Cayenne. Le Major Bernard a 35 ans de service dans la gendarmerie maritime à son actif, dont 30 ans passés à bord des unités navigantes. Au cours de sa carrière, nombreuses ont été les affections outre-mer. C’est d’ailleurs son second séjour en Guyane, le premier remontant à une vingtaine d’années.
En Guyane, les gendarmes maritimes passent 110 jours par an en mer. Ils ont deux missions principales : la surveillance en mer aux abords du centre spatial guyanais (CSG) pour les tirs de fusée, et la police des pêches de la frontière surinamaise jusqu’à la frontière brésilienne. « Nous passons 70 % du temps en mission de police des pêches et le reste répartis entre des missions de surveillance, de renseignement, de police, et enfin d’entraînement de l’équipage. La maintien des qualifications de l’équipage s’effectue au travers d’exercices de sécurité incendie, les hélitreuillages, le remorquage de navires, etc. », explique le Major Bernard.
Départ pour une mission éprouvante :
A 10 h, départ pour une mission police des pêches dans l’ouest guyanais, c’est-à-dire vers la frontière surinamaise. La douane était alors également en mission dans le secteur ouest, avec une vedette et un avion en soutien qui survolait tout le littoral et guidait la vedette sur des contacts.
A midi, le commandement a informé le Major et son équipage d’une présence potentielle de pêcheurs illégaux dans l’ouest. « Nous poursuivions notre route quand, vers 15h30, la douane a aperçu un bateau suspect dans les eaux françaises. A 16h30, nous sommes arrivés à proximité du navire, puis l’équipe de contrôle a embarqué à bord de l’embarcation pneumatique. Il a rapidement été constaté que ce navire contrevenant ne possédait ni marques extérieures ni document, et à son bord se trouvait six personnes sans pièce d’identité. Après avoir échangé avec le commandement pour connaitre la conduite à tenir, le directeur de la mer –des affaires maritimes- nous a ordonné le déroutement du navire pour marque extérieure inexistante et défaut de pavillon », a expliqué le Major.
A 17 h, le déroutement a commencé. Le navire n’allant qu’à 3 nœuds et devant rejoindre le port de Kourou situé à 60 nautiques, la Major Bernard a décidé de prendre en remorque le bateau. « J’ai fait monter à bord de notre vedette l’équipage pour leur sécurité. Nous atteignions une vitesse de 5 nœuds, ce qui nous laissait envisager un déroutement qui durerait 15 heures », a indiqué le Major.
La vedette est finalement arrivée à 10 h le 27 avril 2015, après avoir affronté des conditions difficiles en raison d’une mer très agitée.
Arrivée à quai, la procédure judiciaire a commencé :
A l’arrivée au port de Kourou, trois gendarmes maritimes se sont occupés du débarquement, des jerricans d’essence et des matières dangereuses présents à bord du navire, ainsi que de la glace qui servait à conserver les poissons, tandis que deux autres gendarmes s’occupaient de la procédure judiciaire. Cette procédure s’est traduite par la garde à vue du capitaine du navire pour audition et explications sur les raisons de sa présence dans les eaux françaises. Quant aux cinq autres membres de l’équipage, un procès-verbal d’éloignement et de conduite vers la frontière leur a été signifié. A midi, les cinq Surinamais ont été pris en charge pour être reconduits à la frontière.
A 15h30, le capitaine du navire a quitté Kourou pour être présenté au juge à Cayenne. Il est passé en comparution immédiate à 16h30 et a écopé de 6 mois de prison avec sursis. Pendant ce temps, les deux moteurs de 50 chevaux du navire de 16 mètres pour une dizaine de tonnes sont démontés. Ils ont fait l’objet d’une saisie administrative sous le contrôle de la direction de la mer. Les filets ont également été saisis et le tout a été placé en gardiennage en attente de sa destruction.
Ce type d’intervention est un bel exemple de l’action que mènent au quotidien les militaires français déployés en Guyane. Elle illustre également l’excellente coordination exercée avec les gendarmes et l’ensemble des autres services de l’Etat, depuis l’interception jusqu’à la traduction en justice des trafiquants et pêcheurs illégaux, afin de juguler ces réseaux qui portent atteinte à la stabilité régionale.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense