Accueil | Opérations | Rubriques complémentaires | Portraits de militaires en opérations | Chammal : dans la peau d’un observateur prévisionniste météo Opérations ... Portraits de militaires en opérations | Chammal : dans la peau d’un observateur prévisionniste météo

Chammal : dans la peau d’un observateur prévisionniste météo

Mise à jour  : 11/08/2015

Le sergent Paul, 27 ans, est observateur prévisionniste météo. Engagé dans l’armée de l’Air en 2010, il participe aujourd’hui à sa première opération extérieure dans la cadre de l’opération Chammal. En métropole ou sur un théâtre d’opération, ce jeune sous-officier joue un rôle capital dans la bonne marche des opérations et la sécurité des équipages et des biens.

Ce n’est pas par hasard s’il a choisi ce métier : « Après une 3ème année de physique-chimie à l’université de Polynésie Française, j’avais envie de m’orienter vers la météorologie. C’est mon professeur de physique qui m’a transmis cette passion, ayant lui-même fait de la météo ». Dans son enfance, il observait, rêveur, les Super Puma de l’escadron de transport outre-mer stationné sur le BA190 de Tahiti Faa’a, aujourd’hui dissoute. C’est donc naturellement qu’il s’est engagé dans l’armée de l’Air. Après une formation militaire à Rochefort, suivie de plusieurs mois de formation de spécialité à Météo-France à Toulouse, il est aujourd’hui affecté sur la base aérienne 701 de Salon de Provence.
Il nous présente sa mission principale : « L’objectif est de fournir aux équipages, quelques minutes avant les départs en mission, les informations relatives aux conditions météorologiques, que ce soit sur la plateforme aéronautique, sur le trajet ou sur la zone de mission ».
Si sa préparation demande du temps, environ une heure trente, la durée du briefing météo est courte, moins de cinq minutes ! Il faut aller à l’essentiel, tout en fournissant l’ensemble des informations indispensables pour assurer la sécurité des équipages : le sergent présente et commente tour à tour les observations et les prévisions météo, les éventuelles turbulences, les conditions au sol et sur les terrains accessibles en cas de déroutement, le niveau de stress thermique, etc. En bref, tout ce qui pourrait être impactant dans le déroulement de la mission des équipages.
En métropole, ou en opération, son travail est le même, mais les contraintes sont différentes. Déployé sur la base aérienne projetée en Jordanie dans le cadre de l’opération Chammal, le sergent Paul explique : « Dans cette région du monde, le climat est sec mais chaud. Les températures sont parfois extrêmes, on observe des orages, vents violents, et turbulences qui peuvent déterminer le déroulement de la mission. Il arrive parfois que les conditions météo changent en cours de vol, nous pouvons alors prendre contact avec l’équipage. C’est ce qui est arrivé il y a quelques jours : des orages se sont manifestés et la mission a dû être étendue pour que l’équipage se pose dans de meilleures conditions. »

Ce qui lui plaît dans ce contexte opérationnel c’est de pouvoir observer des phénomènes qu’on ne rencontre que rarement en métropole : « c’est très enrichissant, ici j’ai pu observer des down burst, ce sont des macros rafales, vents localisés de très courte durée et assez violents. Les down burst sont quasiment imprévisibles et aléatoires. On n’en observe que très peu en France. Les rafales peuvent atteindre 120 km/h avec soulèvement de sable. Dans ce cas-là, mieux vaut se mettre rapidement à l’abri ! Les down burst sont différents des tempêtes de sable qui se sont produites la semaine dernière. Ces dernières sont des fronts de rafales que l’on voit arriver. C’est la force des vents qui soulève le sable. Elles sont appelées « Haboob » dans la langue locale, et c’est un phénomène exceptionnel ! […] Sur la base aérienne de Salon de Provence, les élèves pilotes ont besoin d’énormément de précisions sur des phénomènes de très basses couches, et sur des zones de 200 km de diamètre. Or, plus on se rapproche du sol, plus il y a des variations, ce qui rend les prévisions plus difficiles. Ici, la zone d’observation est bien plus étendue : plus de 1 000 km2, ce qui permet de faire des prévisions de grande échelle. »
Le sergent Paul partage avec beaucoup d’application les ficelles de son métier. Cette première opération extérieure marquera, sans aucun doute, une étape importante dans sa vie de militaire. Il envisage de poursuivre son parcours de sous-officier et de préparer les sélections pour obtenir son brevet supérieur.


Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense