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Barkhane : dans la peau d’un « drille » au sein du DETCHASSE de Niamey

Mise à jour  : 03/02/2017

S’il est un contexte où le recours aux acronymes et autres « barbarismes » atteint son paroxysme, c’est bien celui des opérations extérieures (OPEX). Parmi ces expressions souvent différentes de celles que l’on entend en métropole, il en est au moins une qui résonne de la même manière, que ce soit en escadron de chasse ou sur la base projetée de Niamey, celui de « drille ».

Mais qu’est-ce qu’un « drille » ?

Le « drille » est le diminutif de la fonction de commandant d’escadrille. En escadron de chasse, un pilote ou un navigateur peut être amené à occuper plusieurs fonctions, notamment liées aux qualifications et à l’expérience. Avant de prétendre un jour être drille, il faudra tout d’abord obtenir le label de pilote opérationnel, puis de sous-chef de patrouille et enfin de chef de patrouille.

A sa sortie d’école, le jeune navigant doit tout d’abord engranger les heures de vol au travers de missions d’entrainement et de combat, tout d’abord avec un moniteur, puis seul et enfin en patrouille.

Le commandant d’escadrille, obligatoirement chef de patrouille, est responsable de la mise en œuvre des vols. Il doit tenir compte de nombreux facteurs, tels que le niveau et les étapes de qualification de chaque pilote, mais aussi la disponibilité des avions et le nombre d’heures allouées à l’escadron, afin d’organiser les séances d’entrainement sur le territoire national et les missions de combat en opération extérieure.

Un escadron, regroupant une vingtaine de pilotes et navigateurs, comprend trois escadrilles, et donc trois « drilles ». Chaque chef d’escadrille établit l’emploi du temps de son escadrille, voire de plusieurs en cas d’absence des autres « drilles » (OPEX, missions etc.). Il remplit le tableau d’ordres, véritable partition de la semaine dont il donne le « la ».

Comment devient-on « drille » ?

Le capitaine Nicolas « Market », de l’escadron 1/3 Navarre à Nancy, pilote sur Mirage 2000D, nous retrace son parcours. Entré à l’école de l’air en 2004, le capitaine Nicolas a gravi en quelques années tous les échelons, de pilote opérationnel à chef de patrouille, qualification ultime du pilote de chasse. Capitaine déjà doté d’une solide expérience, il a été choisi comme « drille » par la direction des ressources humaines de l’armée de l’air (DRHAA)  parmi les pilotes les plus anciens de son escadron, issus comme lui de l’école de l’air. Il occupe ce poste depuis le début de l’année 2016 pour une durée de deux ans, avant de laisser sa place à un plus jeune. Parmi les trois drilles, un seul restera en escadron pour occuper le poste supérieur de chef opérations.

Quelles sont les qualités nécessaires pour être « drille » ?

Le commandant Nicolas « Rico », de l’escadron 1/5 Ile de France à Orange, pilote sur Mirage 2000 C, estime quant à lui qu’il faut avant tout faire preuve de persévérance, être d’humeur égale et faire preuve d’une grande adaptabilité  ainsi que d’une grande réactivité.

Issu également de la promotion 2004 de l’école de l’air, son parcours est similaire à celui du capitaine Nicolas. Fort de deux années d’expérience à ce poste, il  a su mettre en exergue ses qualités de meneur d’hommes en se montrant à la fois ferme et compréhensif envers les quelque quinze pilotes placés sous ses ordres. En charge tout comme son homologue nancéien d’organiser le « planning », il lui faut faire preuve d’abnégation afin de coordonner les vols qu’il souhaite allouer à ses équipiers. Si la mission de combat Air-Sol du Mirage 2000 C nécessite des moyens de coordination au sol, au même titre que les missions de bombardement du Mirage 2000 D, le combat Air-Air nécessite en revanche une coordination étroite avec les autres appareils en vol. Le commandant « Rico » doit ainsi en permanence coordonner son programme avec celui d’autres escadrons.

Quelles sont les principales difficultés auxquelles se heurte le drille ?

Pour le capitaine « Market », les avions sont mutualisés au sein de la 3e escadre de chasse, il lui est donc nécessaire de se coordonner en permanence avec les drilles des autres escadrons afin de suivre le programme hebdomadaire établi et honorer les heures de vol allouées. Il lui faut donc se montrer à la fois pugnace et diplomate, aussi bien avec ses hommes dont il fixe l’emploi du temps, qu’avec ses pairs des escadrons 2/3 Champagne et 3/3 Ardennes, co-localisés à Nancy.

Pour le commandant  « Rico », l’impératif de coordination se situe à un autre niveau, compte tenu du fait qu’il n’y a qu’un seul escadron à Orange. Il lui faut toutefois dialoguer étroitement avec ses homologues des bases aériennes voisines, afin de convenir d’une unité de temps et de lieu pour  harmoniser leurs missions en fonction des impératifs de chacun.

En quoi l’expérience de drille est-elle différente dans le cadre de l’opération Barkhane ?

Pour  « Market » comme pour « Rico », le cadre d’une opération extérieure permet de s’affranchir des contraintes liées à l’entraînement, et de disposer de tous les moyens nécessaires à l’accomplissement de la mission. Ils planifient ainsi les missions des quatre avions et des trois équipages présents à Niamey. Chaque mission constitue pour eux une opportunité de s’aguerrir au combat et de faire progresser les plus jeunes.

Chargés d’appuyer les forces au sol, les Mirage 2000 interviennent sur l’ensemble de la bande sahélo-saharienne grâce à l’allonge rendue possible par la capacité de ravitaillement en vol dont dispose Barkhane. Ils peuvent également se dérouter pour aller traiter un objectif d’opportunité et ainsi contribuer au succès de la mission, « pour que Barkhane gagne ».


Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense