Le lieutenant Guillaume, 27 ans, occupe un poste de conseiller insertion vie courante au 1er régiment étranger de génie, à Laudun (Gard), depuis 2011. En Afghanistan, il est en charge du contentieux depuis le mois d’octobre 2013, pour une durée de 6 mois.
Le lieutenant Guillaume savoure sa première opération extérieure : nouveaux horizons, nouvel environnement humain et nouvelle mission, qu’il n’a pas l’habitude de remplir dans son régiment.
Les affaires de contentieux sur un théâtre d’opérations diffèrent en effet avec les problèmes juridiques rencontrés dans la légion : « Les affaires que je traite ici sont liées aux opérations et la mission de la France en Afghanistan ; en régiment, mon rôle d’officier juriste m’amène très souvent à aider les légionnaires dans leurs démarches administrative et juridiques. »
Le travail de contentieux en Afghanistan a radicalement changé de configuration, depuis que les troupes combattantes françaises et que les véhicules ont quitté le théâtre d’opérations ; le lieutenant Guillaume explique : « Du temps où l’on était en Surobi et en Kapisa, de nombreux véhicules tactiques sortaient régulièrement et il arrivait que des champs dédiés à l’agriculture ou à l’élevage soient endommagés dans le cadre de la mission et nous devions faire le nécessaire pour le dédommagement. Actuellement, avec la transformation de la mission, les affaires de contentieux sont essentiellement liées à des accidents de circulation avec les 4x4 civils qui nous permettent de nous déplacer. Le contingent français, regroupé essentiellement à Kaboul, se déplace régulièrement à l’intérieur de la capitale afghane, avec en première ligne le détachement EPIDOTE, appelé à se rendre quotidiennement dans diverses écoles militaires de Kaboul dans le cadre de la formation de l’armée afghane, et donc, le plus exposé à ces accidents.»
Lorsqu’un accident survient et qu’il implique des Français, le contentieux a toujours un rôle à jouer. La mission du lieutenant Guillaume consiste à faire une analyse juridique en fonction des circonstances, établies par la prévôté française qui audite les deux parties mises en cause : « Après le rapport établi par la gendarmerie, je dois arbitrer en toute objectivité pour savoir qui est en tort dans le litige : les militaires français ou le tiers afghan. S’il s’avère qu’effectivement nous sommes en tort, je propose une indemnisation financière au tiers afghan lésé sur proposition de devis raisonnables. Il s’agit souvent de pare-chocs ou rétroviseurs endommagés et de peinture éraflée. Guère plus. De façon générale, il faut savoir que les Afghans ont une autre interprétation de la conduite que les Européens. »
En six semaines, le lieutenant Guillaume a traité plusieurs dossiers de contentieux lui permettant d’entretenir des contacts variés, tant au sein même de la Force, qu’à l’extérieur : prévôté, population afghane, interprètes linguistiques afghans, EPIDOTE et l’hôpital militaire de campagne de l’aéroport (rôle 3) en cas de dommages corporels, même légers : « C’est une mission intéressante où le relationnel a tout son sens. A travers cette mission du contentieux, c’est une manière de faire comprendre aux Afghans que nous les respectons et qu’il n’est pas question pour nous de laisser des litiges sans suite, quelle qu’en soit l’issue. C’est un principe fidèle aux valeurs de la France ».
Sources : EMA
Droits : Ministère de la Défense