La mission pour un appui feu au cœur de Mossoul est confirmée. Deux Rafale composeront la patrouille. L’un sera équipé de quatre bombes à guidage laser type GBU 12, l’autre de quatre armements air/sol moyenne portée de type A2SM.
08H00: Ravitaillement.
45 min se sont écoulées depuis le décollage. Dans les cockpits pressurisés de leurs Rafale, nos deux pilotes communiquent le plus régulièrement possible. Concentrés dans leur mission, la tension va crescendo. « Marco » le Chef de Patrouille prend contact avec l’AWACS en mission de contrôle et surveillance aéroportéE dans sa zone de contrôle dédiée. Ce dernier lui confirme la position du « Tanker ». En trajectoire de « rejointe » les aéronefs repèrent sur leurs radars le Boeing C135 FR. Tout d’abord, descendre pour se positionner sous le « tanker ». Basculer sur la fréquence propre au ravitailleur et s’annoncer. A partir de ce moment-là, tout s’enchaîne dans le respect strict des procédures de ravitaillement suivant la documentation OTAN. L’autorisation de rassemblement est donnée. Les appareils se positionnent « perche gauche » et dans une chorégraphie minutieusement orchestrée, le balai commence : « Clear contact » la perche de ravitaillement du Rafale est introduite dans le panier du ravitailleur. Le mécanicien navigant, le « Boomer » surveille attentivement toute l’opération, prêt à intervenir. Les jaugeurs sont au maximum, le plein est terminé. L’opération est confirmée de part et d’autre. « Ravitaillement disconnected », « Disconnected clear » : le désengagement de la perche du panier est réalisée idéalement. Dans le premier appareil, le chef de patrouille, ravitaillé en carburant, n’est pour autant pas libéré des procédures. Il doit encore se placer, sur la droite, suivant les ordres du Boeing en position d’attente. Les deux aéronefs ravitaillés, l’ordre est donné de quitter la zone par le haut afin de reprendre le cap de leur destination.
09H00 : Rassemblement.
Les deux chasseurs se regroupent autour de l’avion de patrouille maritime Atlantique 2 (ATL2). Cet avion effectue, à partir du même site depuis déjà un an, des missions d’ ISR (Identification surveillance and reconnaissance) et d’appui feu aux côté des Rafale, au profit de la coalition. Qualifié d’avion de combat à hélices, c’est un appareil de reconnaissance armé capable de surveiller comme d’agir grâce à sa capacité d’emport de bombes guidées laser de type GBU 12. Aujourd’hui, il aura pour objectif de jauger la situation sur l’objectif (« Pattern of Life ») avec ses moyens d’observation et d’évaluer la frappe réalisée (BDA : Battle damage assesment).
09h42 : « In Hot ».
Les coordonnées sont entrées dans le système. « Marco » effectue un pré-pointage avec son pod laser afin d’obtenir une première vue de l’objectif. Le dialogue est établi avec le FAC (Foward airborn controler) à bord de l’ATL2. Ce dernier lui décrit la cible : véhicules, type de bâtiments, quel endroit frapper pour une structure volumineuse, car il dispose de moyens beaucoup plus pointus pour obtenir un visuel très précis du point d’impact choisi. La concentration est à son comble : c’est le moment d’effectuer la passe de tir. Les deux pilotes vont dérouler une check-list bien définie : alignement, paramètres de tir, axe d’éloignement, etc. « Gifi » s’engage, derrière son chef de patrouille. Les deux appareils vont tirer simultanément leurs armements pour obtenir un maximum de dommages compte tenu de la taille du bâtiment. Vitesse maximum, PC (post combustion) au besoin pour encore accélérer. Alignement sur la cible et un dernier coup d’œil sur le visuel donné par le pod. « In hot » annoncé. En réponse au pilote, le FAC valide la demande : « Clear to hot ». Appui sur la détente : la GBU 12 est lancée. Pulsation cardiaque au maximum, depuis sa cabine, grâce au guidage laser, « Marco » illumine la cible jusqu’à l’impact. Derrière lui, selon le même scénario, son équipier largue un A2SM qui se précipite au travers de la fumée du précédent impact pour en finir avec l’édifice. Après dissipation des poussières, le FAC peut effectuer le BDA (Battle damage assesment) pour évaluer les frappes et confirmer le succès des tirs. Le pouls se stabilise, la pression et le stress s’éloignent.
Ce jour-là, un quartier général de Daesh a volé en poussière et a permis de réduire considérablement la présence et les moyens capacitaires de l’ennemi dans un quartier de Mossoul. Les troupes irakiennes au sol ont pu progresser encore un peu plus dans la libération de la ville hautement symbolique.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense