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CHAMMAL : « Une incroyable aventure humaine »

Mise à jour  : 06/07/2020

Mercredi 1er juillet, après un an à sa tête, le Colonel Benjamin Souberbielle a quitté la base aérienne projetée au Levant et a cédé son commandement au Colonel Arnaud Brahim. Retour sur une année peu ordinaire.

Mon Colonel, quel bilan personnel et humain tirez-vous de votre année passée ?

Pilote de chasse en escadron de reconnaissance, je suis parti de nombreuses fois en opération, mais sur des périodes plutôt courtes, de 2 mois généralement. J’avoue que partir une année entière m’a d’abord donné un peu le vertige… mais il y a eu en même temps une véritable attirance pour le challenge, le saut dans l’inconnu. Il y a aussi l’image romantique du poste avancé au milieu du désert qui me plaisait bien et faisait écho à mes lectures de jeunesse. Et finalement je crois avoir trouvé ce que j’étais venu chercher dans ce commandement opérationnel, une incroyable aventure humaine. 

D’abord dans le cercle intime de la famille, une année de séparation est une épreuve qui déstabilise, mais qui consolide aussi je crois. Et on a été servis ! Alors que j’étais ici, au Levant, au cœur d’un combat tactique contre Daech, mon épouse, médecin urgentiste à la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris, luttait dans le cadre de la crise sanitaire : une année dont on se souviendra…

C’était également une profonde immersion dans le quotidien de femmes et d’hommes en opération ; leur force et leur détermination vous rend fier d’être leur chef. C’est une expérience très particulière, il y a la fraternité indispensable qui doit s’y créer, les relations personnelles qui se développent, c’est un cocktail humain addictif qui procure beaucoup d’émotions. Je me suis attaché à l’ensemble des aviateurs et aviatrices avec qui j’ai partagé un bout d’opération pendant 2 ou 4 mois. J’ai beaucoup appris des personnes , j’ai été convaincu, j’en ai convaincu certains et c’est plaisant.

Et sur le plan professionnel ?

Plus professionnellement, si je ne devais retenir qu’une seule chose, ce serait l’immense complexité de la région, que je résumerais ainsi : plus j’apprends et moins je comprends. Le Levant est une région hautement symbolique et inflammable, le berceau d’un bon nombre de cultures .Il suscite donc la convoitise de nombreux acteurs, plus ou moins bien intentionnés, et c’est le problème...

Je suis persuadé qu’il n’y aura pas de paix durable, d’éradication définitive du terrorisme sans un retour à la vie « normale » et sans un apaisement des relations entre les « grands » de la région. Cette normalisation, cet apaisement ne sont possibles qu’en sécurité et en transparence. C’est là que nous intervenons : nous devons aux acteurs régionaux de la paix un appui opérationnel fidèle et nous devons à nos dirigeants une parfaite connaissance de la situation. C’est notre job ici, et il y a encore du boulot malheureusement… 

Quelle a été votre priorité opérationnelle durant votre mandat ?

La priorité selon moi, c’est la connaissance, il faut garder un œil éclairé sur la région. La désinformation est permanente, je crois qu’il est essentiel d’être en mesure d’apprécier la situation de manière totalement indépendante. Ainsi nos dirigeants politiques possèdent des clés de compréhension sincères. Je suis un enfant de la reconnaissance aérienne, ces enjeux me touchent. Développer nos capacités de reconnaissance aérienne sur la BAP a donc été ma priorité opérationnelle durant cette année. Nous y sommes parvenus et j’en suis fier...

Enfin, comment visualisez-vous l’avenir de la base aérienne projetée ?

Certains acteurs semblent vouloir privilégier le bilatéral, des alliances, des coopérations de circonstance. Dans notre quotidien, nous travaillons ici déjà beaucoup avec nos partenaires allemands ou italiens par exemple. La base aérienne projetée au Levant est amenée à se transformer et la voie de la coopération avec nos partenaires pourrait trouver un écho favorable en Jordanie dans le contexte actuel.

      

      

Lancée depuis le 19 septembre 2014, l’opération Chammal représente le volet français de l’opération internationale Inherent Resolve (OIR) rassemblant 80 pays et organisations. En coordination avec le gouvernement irakien et les alliés de la France présents dans la zone, l’opération Chammal apporte un soutien militaire aux forces locales engagées dans la lutte contre Daech sur leur territoire. La Coalition internationale adapte en permanence son dispositif au Levant et la France poursuit son effort dans la région car le combat contre le terrorisme continue. L’opération Chammal se concentre désormais sur son pilier « appui » et compte 600 soldats insérés au sein des états-majors d’OIR ou sur les déploiements aériens et maritimes.


Sources : État-major des armées
Droits : EMA