Que serait aujourd'hui une opération extérieure sans moyens de transmissions, sans SIC (systèmes d’information et de communications)?
Plus encore dans le cadre de l’opération Chammal où les 700 militaires français sont répartis sur plusieurs sites éloignés les uns des autres, dont notamment le détachement français du CJTF-OIR[1] au Koweït.
Commandée par le capitaine de vaisseau Yann, l’unité française de Chammal au Koweït intégrée dans le CJTF, dépend, pour ses transmissions nationales, de trois hommes, transmetteurs aguerris et expérimentés. Leur mission ne se limite pas aux transmissions, les militaires français sont aussi responsables des réseaux et des ordinateurs.
Le sergent Pascal est l’administrateur des réseaux "ordinateur", le sergent Nicolas est spécialiste informatique, l'adjudant Romain a quant à lui la responsabilité des réseaux satellitaires. Tous les trois sont des vétérans des moyens SIC, passés par l'école des transmissions de Rennes-Cesson Sévigné, avec plusieurs opérations extérieures à leur actif : Côte d'Ivoire, Harmattan, Barkhane, Serval, Proterre aux Antilles, et maintenant Chammal.
Le sergent Pascal gère la téléphonie chiffrée et non chiffrée, les routeurs, et les réseaux informatiques ainsi que le réseau de conférence vidéo. Le sergent Nicolas a en charge, en parallèle du sergent Pascal, les ordinateurs, les serveurs, le câblage, une quinzaine de "stations", tandis que l'adjudant Romain assure l'installation et l'exploitation des antennes, reliées aux satellites de transmission des armées, Syracuse. Il s'occupe également du "MCO" (maintien en condition opérationnelle) de niveau 1, c'est-à-dire des réparations assez simples, ne nécessitant pas d'importante main d'œuvre, comme le changement de certaines pièces.
A tour de rôle, ils prennent la permanence, pour assurer une présence en continu des SIC dans la tente française. Ils sont unanimes : "le cœur du métier, c'est sur le terrain, et le terrain c'est l'opex". Et chacun rajoute que si sur d'autres théâtres, ils étaient cantonnés à un domaine "ici pour Chammal, il faut être polyvalent et connaître un minimum du travail de nos coéquipiers. La mission est prioritaire. S'il arrive quelque chose la nuit, quand on est seul, il faut être à même de pouvoir commencer la réparation en attendant l'arrivée du spécialiste dédié".
De leurs relations avec leurs camarades des autres pays de la coalition se trouvant également dans le camp, ils restent discrets, mission oblige : "Ici, il n'y a pas les 60 nations de la coalition, néanmoins, juste à côté de nous se trouvent nos collègues SIC italiens, un peu plus loin les australiens, les canadiens, les anglais et les espagnols et bien sûr à un autre endroit du camp, les américains. C'est un vrai challenge d'arriver à échanger et de confronter nos méthodes de travail. Les américains viennent pratiquement tous les jours pour "la mise à la clé" de nos moyens de téléphonie utilisés pour les communications entre pays du CJTF, car nous ne gérons pas les moyens de la force, uniquement les moyens français".
Lancée depuis le 19 septembre 2014, l’opération Chammal mobilise 700 militaires. Elle vise, à la demande du gouvernement irakien et en coordination avec les alliés de la France présents dans la région, à assurer un appui (aérien et formation) aux forces irakiennes dans la lutte contre le groupe terroriste autoproclamé Daech. Le dispositif complet est actuellement structuré autour de douze avions de chasse de l’armée de l’Air (six Rafale et six Mirage 2000D) et d’un avion de patrouille maritime Atlantique 2. Il comprend également des militaires projetés à Bagdad et Erbil pour la formation et le conseil des militaires irakiens.
[1] Le CJTF-OIR, le Combined Joint Task Force – Operation Inherent Resolve : Force interarmées multinationales de l’opération Inherent Resolve
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense