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CHAMMAL : Premier déploiement opérationnel de l’A330 Phénix, retour sur la première mission

Mise à jour  : 13/10/2020

Depuis le 5 octobre, l’A330 Phénix de l’armée de l’Air et de l’Espace est projeté pour la première fois en opérations extérieures. Ce nouvel appareil, qui remplace progressivement les avions ravitailleurs C135, est un véritable tournant : plus fiable, plus connecté, il offre des capacités opérationnelles inégalées aux Armées. C’est au Qatar, dans le cadre de l’opération CHAMMAL qu’a lieu ce premier déploiement. La première mission a eu lieu mardi 6 octobre. L’équipage nous la relate.

Le Phénix est arrivé au Qatar en début d’après-midi et a immédiatement été désinfecté et reconfiguré pour sa mission du lendemain : formalités administratives, déchargement et stockage du lot de déploiement soit 11 tonnes de fret, maintenance post-vol de l’avion et préparation opérationnelle. Tout cela dans un contexte interallié avec le support américain (mise à disposition de matériel de servitude, camion essence, etc.)

"Pour ce qui nous concerne, nous sommes arrivés quelques jours auparavant, pour effectuer notre quatorzaine COVID afin d’être « prêt à et en mesure de » dès l’arrivée de l’avion", explique le commandant Charles, chef de détachement. Il se souvient : "J’ai réalisé mon premier vol opérationnel CHAMMAL en janvier 2016 sur C135, au départ de la base des Émirats arabes unis. Ce même C135, le n°475, qui tire aujourd’hui sa révérence ! C’est donc avec émotion et beaucoup de fierté que tous les membres de mon équipage, tous « anciens C135 » réalisent aujourd’hui la première mission Phénix".

Il est 4h00 ce matin du 6 octobre, la mission commence dès la phase de préparation. Les "RENS", ainsi que sont appelés les officiers renseignements, ont récupéré toute la documentation opérationnelle et dispensent les informations essentielles au briefing.

Le commandant Charles raconte la suite :  "À 4h30, c'est l'heure de marcher à l’avion : après nous être débarrassés de nos affaires personnelles, nous prenons chacun nos gilets de combat et notre armement. Il est 5h00 quand nous arrivons au pied de l’avion. Les mécaniciens s’affairent autour, le plein carburant est en cours. Après avoir échangé avec le chef d’équipe, je prends l’avion en compte. Nous pouvons débuter sa préparation. La différence avec le C135 est déjà frappante : notre vénérable C135 n’était pas climatisé au sol et sous ces chaleurs accablantes, plus de 45°C en journée, déjà 30°C tôt le matin, cette phase de préparation, qui dure une bonne heure, était éreintante. Sur Phénix, finies les « suées », comme nous avions coutume de dire ! Le système de conditionnement d’air est très performant, nous attaquons la mission dans de meilleures dispositions".

À 6h30, les roues du Phénix quittent la piste 34 droite. Les capacités de navigation du Phénix permettent de s'intégrer parfaitement dans le trafic civil du golfe Persique, passage obligé jusqu’en Irak. Le Phénix est équipé du Reduced Vertical Separation Minima (RVSM - minimum de séparation verticale réduit), un dispositif permettant la séparation verticale entre appareils dans l'aviation commerciale, dont seules les dernières versions modernisées du C135 étaient équipées. L'avion peut voler à des altitudes plus élevées que son aîné et ainsi économiser du carburant.

Le commandant Charles reprend : "8h15 : Dès notre arrivée dans les cieux irakiens, nos communications sécurisées nous permettent d’échanger en toute discrétion des informations essentielles avec tous les autres participants de la coalition. Nos instruments de bord nous permettent de voir tous les autres participants de l’opération, et d’échanger des messages écrits sécurisés. Les communications radio sont réduites au strict nécessaire, notre travail n’en est que plus efficace".

C'est avant tout un travail d'équipe. La veille, l'Air refueling operator (ARO – opérateur de ravitaillement en vol) a préparé la mission sur le Mission preparation system (MPS – système de préparation de mission) programmant la trajectoire et les ravitaillements prévus.

L'ARO précise : "8h45, nos Rafale de la base aérienne projetée au Levant nous rejoignent sur notre circuit de ravitaillement. Les procédures, maintes et maintes fois répétées en entraînement, sont exécutées à la lettre. Les caméras situées sous l’avion nous permettent de surveiller le bon déroulement de la manœuvre".

La mission de ravitaillement se poursuit ainsi pendant toute la matinée. Le Phénix, nouveau fer de lance du ravitaillement de l'armée de l'Air et de l'Espace, remplit parfaitement sa mission, aidé par tout un panel d'équipements électroniques, dont beaucoup sont mis en œuvre par l'ARO.

Et finalement à 13h30, après plus de sept heures de vol, l'avion débute la descente et la phase d’atterrissage sur la base d’Al Udeid.

À 14h, l’avion est au parking, ses moteurs sont coupés. La journée n’est pourtant pas finie :  après le débriefing avec les mécanos et tout l’équipage, il faut encore rédiger le rapport de mission et préparer la prochaine, déjà planifiée le lendemain.

                    

                               

                                    

Lancée depuis le 19 septembre 2014, l’opération CHAMMAL représente le volet français de l’opération internationale INHERENT RESOLVE (OIR) rassemblant 80 pays et organisations. En coordination avec le gouvernement irakien et les alliés de la France présents dans la zone, l’opération CHAMMAL apporte un soutien militaire aux forces locales engagées dans la lutte contre Daech sur leur territoire. La Coalition internationale adapte en permanence son dispositif au Levant et la France poursuit son effort dans la région, car le combat contre le terrorisme continue. L’opération CHAMMAL se concentre désormais sur son pilier « appui » et compte 600 soldats insérés au sein des états-majors d’OIR ou sur les déploiements aériens et maritimes.


Sources : État-major des armées
Droits : EMA