Le commandant Yves cumule près de 8500 heures de vol sur le même avion de Marine Atlantique 2, un record pour un navigateur. Retour sur son parcours sur l'opération Chammal.
La brise qui souffle sur la base aérienne projetée au levant se fraye un chemin entre les différentes flammes de sécurité des bombes accrochées sous une tonnelle en bois qui peine à protéger le commandant Yves d'un soleil étourdissant. Les cliquetis de ces bandelettes rouges à la mention "remove before flight" (retirer avant le vol) nous rappellent le poids des actions militaires menées sur le théâtre de l'opération Chammal depuis 2014. Le commandant Yves partage : " avec l'Atlantique 2, j'ai été engagé au cours de ma carrière dans plus de 300 missions en zone à risque. Parmi celles qui m'ont le plus marqué, l’appui des troupes au sol est en tête de liste. Des hommes sont sous le feu et ont un besoin vital de renseignement ou de frappes d'opportunité que l’on peut apporter. La différence de mode d'action entre eux au sol et nous à bord de notre avion est palpable voire inconfortable. On aimerait être avec eux physiquement. L'équipage met en œuvre tous les moyens possibles et imaginables pour soutenir les soldats sur le terrain; toutefois nous admettons qu’il y a une dimension que nous ne percevons pas de la même manière car nous sommes environ 5 kilomètres au-dessus d'eux, comme intouchables dans un ciel de guerre tandis qu'ils ouvrent le feu juste en dessous de l'aéronef." Il marque un temps, son visage émacié semble affecté par la complexité des missions d’appui aérien auxquelles il a pu participer. Il continue : "Pour moi, aider les troupes au sol fait partie de notre cœur de métier, tout comme pister les ennemis, qu'ils soient en mer ou dans le désert."
En effet, le commandant Yves, cumule près de 8500 heures de vol sur le même avion de Marine Atlantique 2, un record pour un navigateur. Directeur de formation modulaire en France, il a commandé de septembre à novembre 2019 le détachement de l'Atlantique 2, flottille 21F, sur la base aérienne projetée au Levant. Comme d'autres marins engagés sur l'opération Chammal, de tous les lieux où il pourrait être déployé en mission, le désert de sable du Moyen-Orient n'apparaît pas comme une évidence. Pourtant, Yves explique : "La polyvalence offerte par l'aéronef est un véritable atout pour une opération comme Chammal. Par ses capacités, l'Atlantique 2 permet à l'équipage de pister, de débusquer, de rendre compte et éventuellement d'engager le feu dans la foulée si l'ordre est donné. C'est un cycle de travail complet qui assure une efficacité d'action. J’insiste sur le fait que notre objectif premier à bord reste tout de même d'apporter du renseignement afin qu'il concourt à la neutralisation de l'organisation terroriste qu'est Daech."
A la fois navigateur, coordinateur tactique (TACO) et spécialiste de l'appui aérien rapproché (JTAC) , le Commandant Yves continuera pour les six prochaines années à faire vrombir les turbopropulseurs Tyne MK-21 de l'Atlantique 2 de Breguet aviation au-dessus des étendues désertiques du Moyen-Orient et d'Afrique subsaharienne pour les opérations Chammal et Barkhane, où il continuera de répondre à l'évolution de la menace terroriste grâce aux capacités plurivalentes de l'avion de patrouille maritime Atlantique 2.
Lancée depuis le 19 septembre 2014, l'opération Chammal représente le volet français de l'Opération Inherent Resolve (OIR) au sein d’une coalition de 80 pays et organisations. A la demande du gouvernement irakien et en coordination avec les alliés de la France présents dans la région, l'opération Chammal vise, à apporter un soutien militaire aux forces locales engagées dans le combat contre Daech sur leur territoire. L'opération Chammal repose sur deux piliers complémentaires : un pilier " appui " destiné à appuyer les troupes engagées au sol contre Daech et à frapper les capacités militaires de Daech ; un pilier " formation" au profit des forces de sécurité irakiennes. A ce jour, le dispositif complet de l'opération Chammal compte près de 1 000 militaires. Il comprend également plus d’une centaine de militaires projetés à Bagdad pour la formation et le conseil des états-majors et unités irakiennes.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense