Clé de voûte de l’opération CHAMMAL, véritable système de combat modulaire et réversible, la Base aérienne projetée (BAP) au Levant constitue un lieu de stationnement et de projection souple et adaptable où figurent l’ensemble des savoir-faire de l’armée de l’Air et de l’Espace. Rouages essentiels de la BAP, le Centre de coordination interarmées des transports, transits, et mouvements (CCITTM) et la cellule effectifs « A1 » contribuent à la continuité opérationnelle de l’opération CHAMMAL. Rencontre avec le lieutenant-colonel (LCL) Stéphane et l’adjudant-chef (ADC) Valérie.
Quelle est votre expérience opérationnelle ?
LCL Stéphane : Je me suis engagé en 2000,je totalise 21 ans de service dans l’armée de l’Air et de l’Espace. Ma carrière se compose de plusieurs parties. Tout d’abord, j’ai été pilote d’avion de transport sur des aéronefs Transall, j’ai ensuite été affecté au sein d’un état-major multinational du transport aérien. J’ai participé à plusieurs Opérations extérieures (OPEX), ainsi qu’à de nombreuses missions en outremer : en Côte d’Ivoire, en Afghanistan ou encore au Niger dans le cadre de l’opération BARKHANE déjà en qualité de chef CCITTM. Je sers actuellement dans les domaines du transit et des acheminements en tant que commandant d’escadron. Mes missions ici sont donc assez proches de celles effectuées en France
ADC Valérie : pour ma part, j’ai 19 ans de service et c’est ma première OPEX. J’ai débuté par un poste de secrétaire d’autorités à l’État-major des armées (EMA) et j’ai ensuite évolué dans des postes de gestion du personnel au sein de différents Groupements de soutien de bases de Défense (GSBdD). Je suis actuellement affectée à la Direction des ressources humaines de l’armée de l’Air (DRHAA) comme assistant de projet des systèmes d’information pour l’amélioration de la gestion du personnel.
En quoi consistent vos fonctions au sein de la BAP au Levant ?
LCL Stéphane : Je gère tous les mouvements des avions de transport français transitant par la BAP. J’assure le suivi de leur chargement en passagers ou en fret. La BAP au Levant peut en effet accueillir plusieurs types d’aéronefs : A400M, C130, A310 ou A330 Phénix MRTT. Nous prenons en compte aussi bien les acheminements stratégiques en provenance de France que les mouvements en intra-théâtre au profit des autres sites. Le positionnement de la BAP comme véritable « point pivot » de l’opération CHAMMAL prend tout son sens.
ADC Valérie : Ma mission sur la BAP au Levant consiste à gérer les effectifs, sous la responsabilité de la cellule « J1 » basée aux Émirats arabes unis (EAU). Plus précisément, je gère les relèves, la composition des Voies aériennes militaires arrivantes (VAM IN) et partantes (VAM OUT). Je prends en compte divers éléments comme la durée des mandats variant de 2 à 6 mois ; le temps de passation de consignes propre à chaque poste, les retours anticipés, etc.
J’assure aussi les formalités administratives des militaires arrivant et quittant le théâtre, appelées In processing et Out processing. En avril 2020, la BAP a mis en place un SAS de quatorzaine pour le personnel projeté sur le théâtre afin de se protéger et de respecter les directives liées à la pandémie de la COVID-19. Cette adaptation a nécessité une réorganisation des projections. Il a fallu assurer des relèves cohérentes selon deux facteurs principaux :la durée de prise de consignes spécifique à chaque poste et la fréquence des relèves se succédant en moyenne tous les 15 jours. Cette gestion implique un travail en continu nécessitant de l’anticipation.
À quoi ressemble une journée type de travail ?
LCL Stéphane : Tout au long de la journée, je suis les mouvements des aéronefs. Je coordonne les besoins du théâtre pour qu’ils soient pris en compte et je facilite les opérations de transit et de chargement/déchargement sur la plateforme.
ADC Valérie : Afin de préparer au mieux les relèves, mon principal outil de travail est une base de données informatique que je mets à jour en temps réel, sept jours sur sept. C’est un travail de longue haleine, demandant beaucoup d’application, car il est essentiel pour assurer la continuité opérationnelle de l’opération. Durant mon mandat, j’aurai assuré le suivi de plus d’un millier de militaires entrants, sortants ou en transit. J’informe au quotidien le commandement de la BAP et les chefs de détachement et je rends compte à la cellule « J1 » des difficultés et des problématiques rencontrées.
BAP au Levant : 6 ans de hub logistique en quelques chiffres :
Lancée depuis le 19 septembre 2014, l’opération CHAMMAL représente le volet français de l’opération internationale INHERENT RESOLVE (OIR) rassemblant 80 pays et organisations. En coordination avec le gouvernement irakien et les alliés de la France présents dans la zone, l’opération CHAMMAL apporte un soutien militaire aux forces locales engagées dans la lutte contre Daech sur leur territoire. La Coalition internationale adapte en permanence son dispositif au Levant et la France poursuit son effort dans la région car le combat contre le terrorisme continue. L’opération CHAMMAL se concentre désormais sur son pilier « appui » et compte 600 soldats insérés au sein des états-majors d’OIR ou sur les déploiements aériens et maritimes.
Sources : État-major des armées
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