Fin avril 2019, quatre lieutenants irakiens du cours Joint Fires Observer (JFO) ont participé à un exercice interarmes sur le camp de Besmayah mêlant des tirs réels de l’artillerie et des tirs simulés à partir d’hélicoptères. Cet entraînement organisé par les formateurs du pilier artillerie de la Task Force (TF) Monsabert avait pour but de mettre en pratique dans des conditions proches de la réalité les savoir-faire acquis au long de leurs huit semaines de formation. Pour faire travailler les jeunes observateurs, hélicoptères et canons de l’armée irakienne ont participé à l’exercice.
Une formation particulièrement réaliste
Dès le début de l’exercice, à proximité immédiate des JFO, à l’avant, l’adjudant-chef Gregory désigne l’objectif à détruire au lieutenant Hamed, il s’agit d’un conteneur situé à quelques centaines de mètres de la zone où ils sont positionnés.
Il y a huit semaines, Hamed ne parlait pas anglais, pourtant c’est dans cette langue qu’il prépare sans hésitation son message 5 lines qui est un message formaté pour la demande d’appui aérien. Lors du stage JFO, les instructeurs français lui ont donné une liste de près de 400 mots usuels du domaine à apprendre par cœur, puis l’ont fait pratiquer sans relâche.
Sur le terrain, après avoir relevé les coordonnées de l’objectif et détaillé le mode d’action retenu, Hamed établit le contact radio avec les hélicoptères. Alors qu’il transmet son message de tir appelé call for fire aux pilotes, le commandant Odin lui signale : « ne restez pas debout, mettez un genou à terre, sur une zone de combat vous seriez une cible pour l’ennemi ». L’hélicoptère Bell suivi d’un Eurocopter arrive et simule une passe canon sur la cible désignée. Hamed suit avec attention la manœuvre afin de transmettre le bilan : trois ennemis ont été neutralisés. Les passes hélicoptères se succèdent, chaque JFO fait plusieurs séquences. Au fur et à mesure, les instructeurs augmentent la difficulté, mais les jeunes JFO s’en sortent bien et réussissent même à dissocier les effets produits par les deux hélicoptères.
Du côté des pilotes, il y a une réelle satisfaction ; c’est la première fois qu’ils sont guidés par des JFO, compatriotes qui plus est. Ils comprennent leur rôle dans la manœuvre et l’intérêt d’avoir au sol un officier en mesure de guider, coordonner les tirs et gérer la déconfliction entre les moyens air et sol.
C’est d’ailleurs au sol que se poursuit l’entraînement. A quelques kilomètres de la position des observateurs se trouvent les canons M198 dont ils vont devoir régler les tirs. Les adjudants-chefs Helmut et Ragnar, de la TF Monsabert, sont à l’arrière auprès des canons pour assurer le conseil et la sécurité dans cette manœuvre à tirs réels. Dès leur arrivée sur zone, ils proposent que les munitions placées entre les flèches des canons soient disposées plus en retrait afin de limiter les dégâts en cas d’auto-inflammation d’un obus dans le tube. La consigne de sécurité est prise en compte et les munitions éloignées.
Une expérience enrichissante
Le JFO transmet les coordonnées des positions à détruire. Le commandant de la batterie effectue ses calculs, notamment le gisement de tir et l’angle de hausse. Les conseillers français effectuent les calculs de leur côté et comparent leurs résultats avec ceux obtenus par les artilleurs irakiens. L’adjudant-chef Helmut explique : « nous les avons fait travailler avec la table de tir en plus de la graphie, comme nous l’avions vu au cours Fire direction center. Nous avons ensuite tiré sur la base de leurs calculs. » A la fin de l’exercice, l’adjoint formation de l’école d’artillerie, venu assister à l’exercice, a tenu à souligner la belle précision dans les tirs des canons, la qualité du travail avec les Français et a signifié qu’il souhaitait que la méthode enseignée par les Français soit utilisée à l’école et dans tous les régiments.
Le bilan de ce premier live fires exercice est très satisfaisant pour les instructeurs de la TF Monsabert, permettant ainsi aux premiers officiers irakiens détenteurs de la qualification Joint fires Observer de s’entraîner dans des conditions proches de la réalité.
Lancée depuis le 19 septembre 2014, l'opération Chammal représente le volet français de l'Opération Inherent Resolve (OIR) au sein d’une coalition de 79 pays et organisations. A la demande du gouvernement irakien et en coordination avec les alliés de la France présents dans la région, l'opération Chammal vise, à apporter un soutien militaire aux forces locales engagées dans le combat contre Daech sur leur territoire. L'opération Chammal repose sur deux piliers complémentaires : un pilier " appui " destiné à appuyer les troupes engagées au sol contre Daech et à frapper les capacités militaires de Daech ; un pilier " formation" au profit des forces de sécurité irakiennes. A ce jour, le dispositif complet de l'opération Chammal compte 1 100 militaires. Il comprend également plus d’une centaine de militaires projetés à Bagdad pour la formation et le conseil des états-majors et unités irakiennes.
Sources : État-major des armées
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