Le major Stéphane, opérateur de ravitaillement en vol (ORV), revient sur le théâtre de l’opération Chammal, qu’il a ouvert en 2014. Après plus de 30 ans de services au sein de l’armée de l’Air, il foule pour la première fois la piste de la base aérienne d’Al Udeïd au Qatar.
L’air, une passion
Tout a commencé à Saintes, chez les arpètes, à l’école d’enseignement technique de l’armée de l’Air. Il a ensuite suivi le parcours de mécanicien cellule-hydraulique, qui correspond à présent au poste de mécanicien vecteur. Ses qualifications lui ont permis de passer le concours interne de mécanicien navigant. Le parcours de formation a évolué et est aujourd’hui toujours aussi sélectif même s’il a été ouvert à la spécialité avionique, en plus des vecteurs. L’ouverture à cette spécialité dépend d’une logique de formation et de besoin, car, avec les vecteurs, ils sont les mécaniciens au plus près des systèmes de l’avion.
En sortie de formation, il a choisi le Boeing : « c’est un avion que j’ai pu découvrir en amont et il est de toutes les opérations. ». Via les multiples missions de convoyage ou opérationnelles durant ses opérations extérieures (OPEX), plus de 35, il ne les dénombre plus, il a connu tous les théâtres majeurs en tant qu’ORV depuis le Kosovo. En effet, « le C-135FR m’a permis de faire le tour du monde. »
« Travailler en Coalition ou entre Français n’influe pas sur ma fonction d’ORV. Celle-ci est standardisée, il faut connaître les bases qui sont strictes »
Il se remémore sa première OPEX sur le tanker en 2000 : « j’ai découvert un univers particulier, car nous ne sommes ni transporteurs, ni chasseurs, et pourtant nos missions sont un mélange des deux cultures ».
A chaque OPEX, les milieux sont mélangés et au sein du détachement « nous sommes un clan », nous nous soutenons les uns les autres.
Le major Stéphane connaît tous les opérateurs de ravitaillement en vol. Facile pour lui, il est le chef de cette spécialité en France et gère leurs formations et qualifications. Au total, ils sont une vingtaine, et seuls cinq d’entre eux ont la qualification supplémentaire d’opérateur de ravitaillement en vol dit « rigide ».
Sur l’ensemble de la flotte française, seul l’AWACS est ravitaillé par une perche rigide. Pourtant, au sein de la Coalition, c’est un standard pour nombre de nations comme les Etats-Unis. Aussi sa spécificité d’ORV « rigide » est plus profitable pour cette opération, même s’il est également qualifié pour les ravitaillements en vol dits « souple ».
L’opération Chammal ne lui est pas inconnue, il ne compte plus ses déploiements. Cependant, l’un d’eux l’a plus particulièrement marqué : l’opération Hamilton en 2018. « Cette mission était montée comme une mission de dissuasion avec une menace importante et bien réelle en face. » Il a fait partie des tankers qui ont décollé pour cette opération de frappes de rétorsion contre le régime syrien.
« Travailler en Coalition ou entre Français n’influe pas sur ma fonction d’ORV. Celle-ci est standardisée, il faut connaître les bases qui sont strictes ». En tant qu’instructeur, il est exigeant, néanmoins il apprend aux plus jeunes certaines astuces qui ne se vivent que sur le terrain.
Entre l’arrivée de l’A330 Phénix et l’approche de sa fin de carrière, le major Stéphane s’imagine bien « faire de la réserve active sur le tanker jusqu’à la fin du C-135 » !
Lancée depuis le 19 septembre 2014, l'opération Chammal représente le volet français de l'Opération Inherent Resolve (OIR) au sein d’une coalition de 80 pays et organisations. A la demande du gouvernement irakien et en coordination avec les alliés de la France présents dans la région, l'opération Chammal vise, à apporter un soutien militaire aux forces locales engagées dans le combat contre Daech sur leur territoire. L'opération Chammal repose sur deux piliers complémentaires : un pilier " appui " destiné à appuyer les troupes engagées au sol contre Daech et à frapper les capacités militaires de Daech ; un pilier " formation" au profit des forces de sécurité irakiennes. A ce jour, le dispositif complet de l'opération Chammal compte près de 1 000 militaires. Il comprend également plus d’une centaine de militaires projetés à Bagdad pour la formation et le conseil des états-majors et unités irakiennes.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense