Accueil | Opérations | Monde | Grand levant | Chammal | Brèves | CHAMMAL : Le ciblage, cœur de la réussite des frappes planifiées Opérations ... Brèves | CHAMMAL : Le ciblage, cœur de la réussite des frappes planifiées

CHAMMAL : Le ciblage, cœur de la réussite des frappes planifiées

Mise à jour  : 07/07/2020

Le processus du ciblage consiste à déterminer avec précision comment atteindre l’effet militaire recherché sur le système adverse en utilisant l’armement le plus adapté sur un objectif bien identifié.

« Le ciblage est un processus complexe et rigoureux qui vise à assurer le meilleur emploi et la meilleure efficacité des moyens de neutralisation de systèmes ou cibles adverses, avec une forte attention portée aux risques de dommages collatéraux » explique le colonel Bernard, commandant les éléments français insérés au Centre des Opérations Aériennes de la Coalition, au Qatar.

Préalable à toute frappe, le recueil de renseignement à partir de différents capteurs détient une place prépondérante. Par exemple, des photos satellites servent à reconnaitre les bâtiments et matériels présents sur une zone. Complétées par des observations de proximité, elles permettent de déterminer la nature exacte des bâtiments (poste de commandement, centre de communication…) et leur fréquentation (quantité et qualité des personnes, horaires de présence…).

Le processus initial de ciblage consiste, à partir des renseignements collectés, à sélectionner la ou les cibles à traiter en fonction des effets recherchés. « Dans le cadre de l’opération Chammal, il s’agit de réduire le potentiel de Daesh. Les cibles prioritaires sont donc les fabriques d’EEI (engins explosifs improvisés) et les centres de commandement de Daesh. Nous étudions également tous les moyens de dégrader la capacité d’action du groupe terroriste » précise l’enseigne de vaisseau Octave, chef de la section ciblage du Centre des Opérations Aériennes de la Coalition.

Si la cible est un bâtiment ou une installation, il faut analyser sa structure. Les munitions seront en effet différentes selon que le bâtiment est fabriqué en bois, en pierre, en béton armé, comporte plusieurs étages ou est enterré. Les bombes peuvent ainsi être programmées pour exploser avec un certain retard après leur impact, afin par exemple qu’elles n’explosent qu’après avoir traversé un toit de bâtiment pour rechercher un effet de destruction maximal.

Les risques de dommages collatéraux que la frappe pourrait occasionner sont aussi évalués. « Ce point doit impérativement être pris en compte quand la cible potentielle se situe à proximité d’autres bâtiments civils ou qu’elle est utilisée également par la population civile » explique la commissaire Clémence, conseillère juridique française. Le renseignement collecté initialement permet de mesurer la distance entre l’objectif militaire à détruire et les habitations proches, par exemple. La puissance de la bombe est ainsi adaptée pour minimiser ces effets collatéraux tout en s’assurant que l’effet militaire recherché est atteint.

Une fois toutes ces données techniques établies, des réunions de coordination priorisent les cibles à détruire. Chaque cible est validée par le commandement de la Coalition. « Ensuite, les différentes nations de la Coalition se positionnent pour traiter telle ou telle cible en fonction de leurs règles d’engagement » explique le commandant d’escadron Jean, responsable du ciblage français, inséré dans le commandement opératif d’OIR au Koweït. Ainsi, quand la France accepte la responsabilité de traiter une cible, un contrôle national s’opère. Les spécialistes français (cibleurs, juristes) étudient le dossier d’objectifs puis le soumettent à la validation d’une autorité française, à savoir soit le représentant national de théâtre, soit le centre de commandement parisien.

Le contrôle national se poursuit d’ailleurs jusqu’à la délivrance de la frappe. Un officier français, désigné « National approval authority » (autorité nationale d’approbation), peut interrompre une frappe française à tout moment lors du vol. Et in fine, l’observation in situ du pilote ou des moyens de la Coalition peut amener à interdire la frappe si les conditions ne sont plus réunies (météo dégradée, présence de civils…).

Toute cette chaine décisionnelle a notamment été mise en œuvre pour les frappes des Rafale les 10 mai et 22 juin dernier.

   

   

Lancée depuis le 19 septembre 2014, l’opération Chammal représente le volet français de l’opération internationale Inherent Resolve (OIR) rassemblant 80 pays et organisations. En coordination avec le gouvernement irakien et les alliés de la France présents dans la zone, l’opération Chammal apporte un soutien militaire aux forces locales engagées dans la lutte contre Daech sur leur territoire. La Coalition internationale adapte en permanence son dispositif au Levant et la France poursuit son effort dans la région car le combat contre le terrorisme continue. L’opération Chammal se concentre désormais sur son pilier « appui » et compte 600 soldats insérés au sein des états-majors d’OIR ou sur les déploiements aériens et maritimes.


Sources : État-major des armées
Droits : EMA