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CHAMMAL : Immersion dans une mission de ravitaillement (partie 2)

Mise à jour  : 26/06/2019

Le groupe de ravitaillement en vol 2/91 « Bretagne » est à nouveau engagé au profit du volet français de l’opération Inherent Resolve, l’opération Chammal. Familier de ce type d’engagement, le ravitailleur français, C-135FR, est pour la première fois déployé sur la base aérienne d’Al Udeïd au Qatar. Il se trouve ainsi au plus près du Centre de commandement des opérations aériennes (CAOC) lequel planifie et conduit toutes les opérations aériennes de la Coalition, permettant une grande réactivité au déclenchement des missions.

Ces capacités de ravitaillement en vol, mises à profit de l’ensemble des avions de la Coalition (chasseurs et avions de détection et de contrôle radar), illustrent l’engagement de la France et de la Coalition dans leur appui aux Forces démocratiques syriennes et aux Forces de sécurité irakiennes dans le combat contre Daech, désormais entré en clandestinité.

  • J – H-1 avant décollage

Une heure avant son départ, les mécaniciens sont déjà sur le parking où stationne le ravitailleur. Ils effectuent les dernières vérifications avant l’arrivée de l’équipage. Tandis que le navigateur et le copilote montent directement dans le C-135FR, le pilote et l’Opérateur de ravitaillement en vol effectuent avec la sergent Manon, le mécanicien vecteur, communément appelé « pistar », le « cocking », c’est-à-dire le tour de l’avion. Chaque partie de l’aéronef est vérifiée et les flammes « remove before flight » sont ôtées l’une après l’autre par le mécanicien. Le reste de l’équipage prend place à bord et s’en suit un dernier contrôle visuel de la sergent Manon en lien direct avec le pilote qui méticuleusement teste de façon dynamique les systèmes de l’avion au sol : rentrée des trappes du train d’atterrissage ou encore descente des volets sur les ailes et surtout la particularité du C-135FR, vérification de la perche et/ou des pods du ravitaillement en vol. Une autre check list complétée, le co-pilote, le capitaine Sylvain, peut maintenant demander l’autorisation à la tour de contrôle la mise en route pour quitter le parking et décoller.

Le contrôleur transmet les dernières informations nécessaires au décollage, notamment le numéro de la piste en service, qui peut changer en fonction du vent et la météo.

  • J –Début de la mission - décollage

L’avion prend la route indiquée par le contrôleur pour s’engager vers la piste. Ce dernier valide l’autorisation du décollage et le pilote et co-pilote débutent la procédure.

Le ravitailleur prend son envol et suit le plan de vol déposé en amont par le navigateur, le capitaine Julien, afin de rejoindre son axe de ravitaillement.

  • J –Heure H pour le ravitaillement en vol

Le rendez-vous entre l’avion de chasse et le ravitailleur est pris en amont, le tanker est déjà en place et attend la prise de contact radio du chasseur. Il existe deux types de ravitaillement en vol : le souple et le rigide1. Aujourd’hui, c’est une mission de ravitaillement avec la perche rigide. L’ORV, le major Stéphane, est déjà en place dans le compartiment arrière en point central, la perche, (le boom), est sortie et prête à ravitailler le F-15 de l’armée de l’air américaine.

La patrouille de F-15 prend contact avec le pilote du C-135FR, le lieutenant-colonel Vincent. Dès que le F-15 a « accroché radar » le ravitailleur français, c’est-à-dire qu’il le voit sur son écran radar, le pilote du tanker les autorise à se rapprocher. Lorsque le pilote du F-15 a le visuel, le lieutenant-colonel Vincent leur précise le type d’approche. Ce dernier cède la place au major Stéphane qui cherche du regard la position du chasseur. C’est lui qui engagera la procédure jusqu’à l’accrochage à la perche.

En quelques secondes, le F-15 apparaît sur la droite et se rapproche de son point d’accroche. Il ajuste sa vitesse et donne l’impression de se rapprocher millimètre par millimètre alors que ce dernier est à une vitesse de plus de 0,7 mach, l’équivalent de plus de 850 km/h.

Malgré les légères turbulences, les deux avions conservent le même cap et la même vitesse. Le navigateur vérifie constamment ces deux éléments.

Son ravitaillement terminé, le leader laisse la place à son wingman, le second F-15, et le même cycle reprend, avec autant d’attention de l’équipage au complet.

Pendant que le commandant de bord gère le vol et la trajectoire de l’aéronef le navigateur surveille la zone et également la trajectoire dédiée. Tandis que le capitaine Sylvain actionne les différentes vannes et pompes, le major Stéphane et le capitaine Julien suivent l’évolution du carburant, tout en tenant compte des besoins propres en carburant du tanker. Après son dernier ravitaillement, le F-15 repart pour sa mission.

  • Fin de mission

La mission accomplie, le ravitailleur effectue son retour base. A peine posés, l’équipage débriefe avec les mécaniciens avioniques pour leur faire part des pannes ou des problèmes rencontrés avant de descendre du tanker et le laisser entre leurs mains averties. L’objectif pour l’équipe de mécaniciens, comme le chef Fabien, est de reconfigurer le C-135FR pour la mission du lendemain.

« La France est reconnue par les autres pays de la Coalition et ils nous font confiance lors de leurs ravitaillements », indique le lieutenant-colonel Vincent en clôturant cette mission.

Lancée depuis le 19 septembre 2014, l'opération Chammal représente le volet français de l'Opération Inherent Resolve (OIR) au sein d’une coalition de 80 pays et organisations. A la demande du gouvernement irakien et en coordination avec les alliés de la France présents dans la région, l'opération Chammal vise, à apporter un soutien militaire aux forces locales engagées dans le combat contre Daech sur leur territoire. L'opération Chammal repose sur deux piliers complémentaires : un pilier " appui " destiné à appuyer les troupes engagées au sol contre Daech et à frapper les capacités militaires de Daech ; un pilier " formation" au profit des forces de sécurité irakiennes. A ce jour, le dispositif complet de l'opération Chammal compte près de 1 000 militaires. Il comprend également plus d’une centaine de militaires projetés à Bagdad pour la formation et le conseil des états-majors et unités irakiennes.


Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense