CHAMMAL : Immersion aux côtés d’un équipage de combat

Deux métiers, deux fonctions, un seul avion. Sur le Rafale biplace, pilote et navigateur officier système d’armes (NOSA) forment un binôme indissociable : ils volent en équipage constitué, aussi appelé « équipage de combat ».

Le pilote et le navigateur occupent chacun une fonction complémentaire. « Évoluer en équipage de combat, en mission de guerre, c’est surtout avoir une confiance absolue l’un envers l’autre » explique le pilote. Chaque mission requiert un investissement total et une formation particulièrement exigeante.

Au départ de la base aérienne débute une première phase appelée domestics. Le pilote assure la gestion de la position et de la trajectoire de l’aéronef. Il réalise également toutes les communications avec l’avion-leader et gère les ravitaillements en vol. Pendant cette étape, le navigateur assiste le pilote en anticipant notamment la gestion de la mission à moyen-long terme et la préparation du système de navigation et d’attaque. Après un ravitaillement en vol, le Rafale arrive sur la zone de mission.

La phase tactique débute. Le navigateur dialogue par radio avec le Joint Terminal Attack Controller (JTAC), le contrôleur aérien avancé qui assiste les pilotes depuis le sol. « Mon rôle est de créer une relation de confiance avec le JTAC et de répondre à ses demandes » détaille le navigateur. Pendant ce temps, le pilote gère minutieusement la trajectoire de son avion dans un espace aérien occupé par les nombreux aéronefs de la coalition. « Pendant une mission d’appui aérien rapproché (close air support ou CAS), nous sommes entourés de nombreux drones et autres chasseurs, ajoute le pilote. Il faut être extrêmement vigilant aux altitudes de vol ».

Au sol, le JTAC des forces démocratiques syriennes demande la surveillance de la zone. « Il me demande d’observer et de lui décrire une zone d’intérêt », détaille le navigateur. Grâce à la paire de jumelles, du pod Damoclés (nacelle de désignation d’imagerie infrarouge) et de l’OCAD (outil connecté d’aide à la décision), l’équipage assure l’observation de la zone. Un véhicule remonte par le sud. Il s’arrête et se poste. A son bord, trois individus armés. Ce sont des combattants ennemis identifiés. « Immédiatement, je décris la situation au JTAC, indique le navigateur. Il positionne un drone sur l’objectif ». Quelques minutes plus tard, l’ordre de tir est donné pour neutraliser ces combattants qui menacent une position des FDS. Plus un bruit dans l’avion, l’équipage connaît ses procédures par cœur. Le navigateur prépare le système pendant que le pilote positionne l’avion sur la trajectoire de tir. « Au moment où le JTAC nous annonce une cible, il n’y a plus une seule communication dans le cockpit, décrit le navigateur. Le pilote rentre les coordonnées de la cible, je vérifie les données. Avant le tir, je relis une dernière fois les coordonnées au JTAC depuis la visualisation du système d’armes. » Le pilote tire la bombe et le NOSA la guide vers l’objectif ennemi. Mission accomplie.

Lancée depuis le 19 septembre 2014, l’opération Chammal représente la participation française à l’OIR (opération Inherent Resolve) et mobilise aujourd’hui près de 1 100 militaires. À la demande du gouvernement irakien et en coordination avec les alliés de la France présents dans la région, l’opération Chammal repose sur deux piliers complémentaires : un pilier « formation» au profit d’unités de sécurité nationales irakiennes et un pilier « appui » consistant à soutenir l’action des forces locales engagées au sol contre Daech et à frapper les capacités militaires du groupe terroriste.