Le rassemblement de moyens sur une même emprise en opération facilite des rapprochements qui bénéficient au maintien en condition opérationnelle : ainsi, depuis quelques mois maintenant, le détachement protection et le détachement chasse de la Base aérienne projetée (BAP) au Levant ont développé une dynamique commune les amenant à travailler en synergie dans le cadre d’exercices Emergency close air support (ECAS).
Rencontre avec le Lieutenant (LTN) Jimmy, commandant le détachement protection, et le Sergent-chef (SCH) Louis, chef de section, qui reviennent sur un exercice ECAS conduit récemment et nous donnent plus de détails sur la mise en œuvre comme les attendus opérationnels d’un tel exercice de haute technicité.
Qu’est-ce que l'ECAS ?
- LTN Jimmy : « Il s'agit d'une procédure d’urgence permettant à tout élément des forces armées pris à parti sur le terrain et ne pouvant pas se désengager de faire appel à un appui aérien. La composante 3D permet de rééquilibrer un rapport de force défavorable. En effet, nous pouvons être pris à partie par un ennemi dont le nombre ou la capacité des armes est supérieur. Nous serions alors fixés et les possibilités de se soustraire au feu seraient très limitées, voire impossibles à réaliser sans subir des pertes. Par l’emploi d’une procédure simplifiée, nous pouvons bénéficier des incroyables capacités de ces machines de combat. Les équipes au sol peuvent demander le type d’appui en fonction de l’effet à obtenir, mais c’est à l’équipage de l’aéronef que revient la décision d’engager ou non la cible. »
Pouvez-vous nous parler du scénario de l’exercice ?
- SCH Louis : « Le groupe est pris à parti et n’arrive pas à s’extraire du feu ennemi. Nous faisons alors appel à la 3D – deux Rafale B – par liaison radio en indiquant notre position ainsi que celles, par rapport à la nôtre, des deux objectifs ennemis à traiter, l’un à 800 mètres et l’autre à 1 kilomètre. Nous demandons dans un premier temps, un show of force afin que nous puissions essayer de nous désengager de notre position. Le premier objectif ennemi rejoint alors la position du second objectif ennemi et continu à nous prendre à partie. Nous décidons alors de demander aux Rafale B un passage canon sur la position ennemie. Suite à ce passage, les ennemis essaient de se réorganiser en effectuant un feu fourni sur notre position. Nouvelle liaison avec les Rafale B pour cette fois demander une double passe canon afin de détruire les deux véhicules ennemis. Ce dernier passage est synonyme de succès, les véhicules sont bien détruits et le danger immédiat pour le groupe est écarté. »
Pourquoi la mise en œuvre d’un exercice ECAS ?
- LTN Jimmy : « Lorsque le détachement chasse m’a proposé la possibilité de réaliser des exercices ECAS à leurs retours de mission, je n’ai pas hésité. Les objectifs de ces exercices Air surface integration (ASI) sont cohérents avec la volonté de moderniser la force protection air. Les chefs de groupe conçoivent les scénarios, le matériel utilisé est varié (Vector, DAGR, JMLR, transmissions…), les liaisons avec les pilotes sont toujours effectuées par un fusilier commando de l’air différent, la majorité des transmissions se fait en anglais…bref que du positif pour nous. Pour les pilotes, c’est également très intéressant, ils doivent s’adapter à leur interlocuteur au sol, à la façon et à la précision des informations qui leur sont transmises. Chaque exercice est unique et les scénarios proposés présentent des contraintes visant à complexifier la situation vue d’en haut et donc à exploiter au mieux le matériel dont ils disposent. »
De par ces exercices, les militaires mobilisés sur la BAP au Levant démontrent au quotidien leur implication sans faille dans la lutte contre Daech.
Lancée depuis le 19 septembre 2014, l’opération CHAMMAL représente le volet français de l’opération internationale INHERENT RESOLVE (OIR) rassemblant 80 pays et organisations. En coordination avec le gouvernement irakien et les alliés de la France présents dans la zone, l’opération CHAMMAL apporte un soutien militaire aux forces locales engagées dans la lutte contre Daech sur leur territoire. La Coalition internationale adapte en permanence son dispositif au Levant et la France poursuit son effort dans la région, car le combat contre le terrorisme continue. L’opération CHAMMAL se concentre désormais sur son pilier « appui » et compte 600 soldats insérés au sein des états-majors d’OIR ou sur les déploiements aériens et maritimes.
Sources : État-major des armées
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