CHAMMAL : Désengagement des troupes françaises d’Irak, une opération logistique rondement menée

Ce rapatriement est intervenu à un moment où les motifs sanitaires liés au COVID-19 ont succédé aux raisons sécuritaires pour suspendre les formations au profit des forces de sécurité irakiennes. 

Une cellule de coordination de mise en œuvre du plan de retrait a été immédiatement activée au Koweït, dès la décision prise : « L'opération Alphabet correspond au désengagement de nos forces en Irak. Nous avions collectivement anticipé cette opération de logistique en établissant un plan ad hoc en amont » indique le GBA Stéphane Dupont, représentant national de théâtre de l'opération Chammal au Koweït. « Les réflexions ont débuté en début d’année alors que les armées irakiennes voyaient leurs efforts de montée en puissance récompensés et qu’elles commençaient à mener des opérations militaires en toute autonomie : « Will of Victory » tout d’abord, puis depuis février « Heroes of Iraq ». Nous avions donc préparé un départ de la TF Monsabert d’Irak, lié à l’efficacité de la formation dispensée et à l’amélioration significative des compétences de la 6e division irakienne. La suspension des formations liée au Coronavirus a juste avancé notre départ » précise-t-il. 

La manœuvre logistique terrestre s’est déroulée entre le 23 et le 26 mars : « Tout l’enjeu consistait à disposer des moyens nécessaires pour extraire nos 142 militaires et les quelque 300 m3 de fret de leurs emprises initiales vers l’aéroport militaire jouxtant l’aéroport international de Bagdad. » précise le LCL Frédéric, chef du centre de coordination. « Les excellentes relations entretenues depuis près de 5 ans avec les autorités irakiennes ont été un facteur clé du succès de l’opération » ajoute-il.

Du 26 au 31 mars, 5 rotations effectuées par un A400M Atlas déployé de métropole pour cette occasion, ont permis de rapatrier le personnel et le fret de Bagdad sur la Base aérienne projetée, située en Jordanie. Concernant le matériel, « il arrivait par camion sur la zone de transit. Mon équipe le déchargeait, constituait des palettes et les arrimait correctement dans l’A400M » confie le CNE Vincent, chef de l’équipe de renfort transit projetée à Bagdad. « Le contenu de chaque palette est identifié pour que les douaniers irakiens puissent effectuer leurs opérations de contrôle » ajoute-t-il. Une fois le fret arrivé sur la BAP, il est déchargé et stocké. Il sera rapatrié en France progressivement et en fonction des priorités. L’oxygène par exemple, élément clé dans la crise sanitaire que traverse la France actuellement, a été rapatrié dès le 1er avril. Le personnel quant à lui est installé dans le sas « Covid 19 » de la BAP créé à cette occasion. « Le personnel en transit sur la BAP n’a pas de contact physique avec celui de la base », explique le COL Souberbielle, commandant la base. « Ici aussi, nous appliquons les gestes barrière. C’est la garantie de la poursuite de notre mission ».

Le 1er avril, l’Atlas est reparti pour la France avec tout le personnel. « L’A400M Atlas est un avion formidable » rappelle le COL Souberbielle « son allonge et sa capacité de transport nous ont permis ce désengagement rapide. » 

L’opération Alphabet aura duré 9 jours. 

Lancée depuis le 19 septembre 2014, l’opération Chammal représente le volet français de l’opération internationale Inherent Resolve (OIR) rassemblant 80 pays et organisations. En coordination avec le gouvernement irakien et les alliés de la France présents dans la zone, l’opération Chammal apporte un soutien militaire aux forces locales engagées dans la lutte contre Daech sur leur territoire. La Coalition internationale adapte en permanence son dispositif au Levant et la France poursuit son effort dans la région car le combat contre le terrorisme continue. L’opération Chammal se concentre désormais sur son pilier « appui » et compte 600 soldats insérés au sein des états-majors d’OIR ou sur les déploiements aériens et maritimes.