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Chammal : dans la peau d’un Red Card Holder au CAOC

Mise à jour  : 24/07/2017

Engagé dans l’opération Inherent Resolve (OIR) sur la base d’Al Udeid au Qatar, le capitaine de frégate Guillaume est, avec ses homologues aviateurs, l’un des trois French Red Card Holders au sein du centre de commandement des opérations aériennes de la coalition (CAOC qui planifie, conduit et programme les opérations aériennes interalliées).

En quoi consiste le poste de Red Card Holder (RCH) ?

Dans le cadre de l’opération Chammal (Composant aérienne française de l’OIR), le contrôle national s’assure de la conformité de l’emploi des forces, de l’appréciation autonome de la situation et de l’optimisation de l’emploi possible des aéronefs français. Toute frappe non planifiée effectuée sur le théâtre du Levant est soumise à l’approbation du RCH français. 

« Je suis en poste dans la War Room dès que les avions français opèrent sur le théâtre d’opérations. Lorsqu’une unité des forces de sécurité combattant Daech a besoin d’un appui aérien, j’analyse finement la situation, avec les autres experts français présents à mes côtés, afin de décider si les avions français sont en mesure de répondre à la demande. Ma mission est d’autoriser ou non l’action de feu des Rafale ou de l’ATL2 (Atlantique 2) en fonction de l’analyse de la situation ».

Quel est le processus de validation d’une frappe non-planifiée ?

« Je travaille avec les Américains des cellules « Dynamic Targetting » et « Strike cell » chargées respectivement de développer le processus de ciblage accéléré ou de faire la liaison entre les forces au sol et les moyens aériens. Je dialogue systématiquement avec eux pour obtenir la meilleure appréciation possible de la situation au sol. A travers nos échanges, je dois juger de la légitimité de la frappe et mettre en balance l’intérêt militaire escompté et les dommages potentiels occasionnés. Lors d’une frappe en milieu urbain, l’armement choisi est adapté en termes de puissance, de précision, d’effet, afin de mettre hors de combat les groupes terroristes sans mettre en danger la population civile.

Mon rôle est de m’assurer, appuyé par un conseiller juridique appelé legal adviser (LEGAD), que l’action de feu pour laquelle nous sommes sollicités s’inscrive bien dans le cadre des directives nationales et des règles d’engagement émises par la France. L’équipe France RCH/ LEGAD confronte ses analyses et s’accorde pour valider la frappe ou émettre un véto. »

Cette prise de décision semble nécessiter un subtil équilibre entre réactivité et retenue, au regard de l’urgence de la situation mais aussi, des conséquences potentielles. Comment faites-vous pour prendre la bonne décision ?

 « Nous discutons très régulièrement entre les trois RCH et les deux LEGAD, pour étudier et appréhender le risque de la même manière. Nous confrontons le renseignement allié à celui fourni par nos services. Nous travaillons en étroite collaboration avec les Américains, entre Français sur place, au CPCO (Centre de Planification et de Conduite des Opérations) à Paris ou avec ceux de l’Etat-major opératif de la Coalition au Koweït. Mon rôle est de m’assurer que nous utilisons au mieux nos différents moyens, en fonction de leur spécificité, dans le but d’avoir le meilleur effet militaire possible ; tout cela dans le respect des règles d’engagement définies par la France. Nous débriefons également avec les escadrons qui ont réalisé la mission pour nous servir de retours d’expérience. En fonction des éléments récoltés, nous étudions la situation dans son ensemble pour prendre la meilleure décision vis-à-vis du contexte et dans un temps très court. »


Sources : État-major des armées
Droits : EMA