Au sein de la coalition contre Daesh, le CAOC (Combined Air Operations Center), basé au Qatar, est chargé de la planification et de la conduite des missions de l’ensemble des moyens aériens. Ce centre opérationnel, au sein duquel est inséré un détachement français, gère notamment les missions de « frappes d’opportunité », c’est-à-dire l’appui des troupes au sol réalisé par les patrouilles d’avions alliés.
Ce type de frappes n’est réalisé qu’à la suite d’un processus extrêmement normé. La demande, qui vient d’un spécialiste sur le terrain, est envoyée au CAOC qui décide de confier la mission à une des patrouilles d’avions de chasse en vol au-dessus du théâtre à cet instant. Lorsque les chasseurs français sont susceptibles d’être engagés la demande est examinée par une équipe de trois experts français: le LEGAD (Legal Adviser ou conseiller juridique) et l’expert en armement, dit « weaponeer », sont les deux piliers sur lesquels s’appuie le Red Card Holder (RCH) pour prendre la décision finale.
La tâche de ce dernier est de s’assurer que la frappe est conforme aux règles d’engagement nationales. Sans son accord, la demande d’engagement est annulée. « Au moment où la demande arrive, nous nous isolons tous les trois dans une salle spécifique », relate le lieutenant-colonel Richard, RCH au Qatar pour l’opération Chammal. Le weaponeer calcule les dégâts humains et matériels potentiellement causés par le bombardement, en fonction de l’armement utilisé. Il travaille aussi en étroite collaboration avec le LEGAD pour être sûr que les principes du droit international sont respectés.
C’est à partir de ce travail que le RCH décide d’autoriser ou de refuser la frappe. « L’objectif de la France est de ne faire aucun mort civil », précise le RCH. De même, si la demande concerne la destruction d’un pont ou d’une route, le possible impact sur les conditions de vie des populations est évalué, et la demande sera refusée si celui-ci est jugé disproportionné au regard de l’effet militaire recherché. Aux côtés des Américains, la France est le seul pays de la coalition à disposer de sa propre méthodologie pour évaluer les dégâts potentiels.
« Quelle que soit la réponse, l’ensemble des étapes du processus de frappes d’opportunité prend entre 10 et 15 minutes » assure le commandant Grégory, weaponeer au sein des éléments français du CAOC. Affecté depuis un an au Centre National du Ciblage (CNC), le commandant Grégory peut mettre à profit sa grande expérience dans le domaine de l’appui aérien. « Il est important que l’ensemble des protagonistes se comprennent très rapidement, et seul l’entraînement nous permet d’atteindre ce niveau d’interopérabilité entre alliés ».
Lancée depuis le 19 septembre 2014, l’opération Chammal représente la participation française à l’opération Inherent Resolve et mobilise aujourd’hui près de 1 100 militaires. A la demande du gouvernement irakien et en coordination avec les alliés de la France présents dans la région, l’opération Chammal repose sur deux piliers complémentaires : un pilier « formation » au profit des forces de sécurités irakiennes et un pilier « appui » consistant à soutenir l’action des forces locales engagées au sol contre Daech et à frapper les capacités militaires du groupe terroriste.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense