Sept ans après le début de l’opération CHAMMAL, l’organisation terroriste ne contrôle plus de territoire au Levant mais reste une menace. Les armées françaises restent résolument engagées au sein de l’opération INHERENT RESOLVE (OIR), pour prévenir la résurgence.
Le général de brigade aérienne Vincent Coste, Senior national representative de niveau opératif (SNR-O) de l’opération CHAMMAL, revient sur l’évolution de l’engagement français, le partenariat avec les forces irakiennes et la détermination de la France à combattre le terrorisme.
Lors du lancement de l’opération CHAMMAL en 2014, Daech avait pris le contrôle d’une large partie de l’Irak et de la Syrie. Sept ans après, l’organisation terroriste ne contrôle plus de territoire, mais cherche à reconstituer ses capacités. Comment la France s’est-elle adaptée à cette évolution de la menace ?
Aujourd’hui, Daech est à terre, réduit à l’insurrection, mais n’a pas disparu. Nous poursuivons la lutte. Depuis son lancement, CHAMMAL repose sur deux piliers complémentaires :
- un pilier « appui », destiné à soutenir les troupes engagées au sol contre Daech, porté principalement par les Rafale de la Base aérienne projetée (BAP) au Levant,
- un pilier « conseil », au profit des Forces de sécurité nationale irakiennes (FSI), et dont la charge revient au Military advisory group (MAG). Le MAG est composé notamment du Joint operation command advisory team (JOCAT), situé à Bagdad et dirigé par un colonel français.
Ces piliers ont évolué au fil du temps afin de s’adapter à la lutte contre l’organisation terroriste.
Les autorités irakiennes ont commencé la reconstruction du pays et œuvrent pour mettre en place les conditions d’une stabilité durable. De quelle manière la France apporte-t-elle son soutien pour atteindre ces objectifs ?
Aujourd’hui, en accord avec la Coalition et avec le gouvernement irakien, et au regard du niveau d’autonomie suffisant atteint par les FSI, l’objectif est de renforcer le niveau de commandement opératif des forces irakiennes, indispensable à la coordination des effets. Cela passe notamment par une meilleure maîtrise de la coordination de la planification interarmées, de la recherche d’effets à obtenir jusqu’au renforcement du renseignement militaire et de sa fusion. A cela s’ajoute une nécessaire capacité de résilience, en termes de logistique, d’entraînement et de formation des forces. Dans le domaine du conseil, OIR s’implique particulièrement dans la création de brigades mixtes, comportant des éléments des FSI et des Peshmergas du Kurdistan irakien, région de l’Irak. Ces brigades agissent contre Daech sur la frontière entre le Kurdistan irakien et l’Irak fédérale. La France contribue également aux opérations civilo-militaires en s’appuyant sur le Directorate of interagency and civilian environment pour favoriser l’action du gouvernement irakien en lien avec les organisations internationales et non-gouvernementales. En effet, de meilleures conditions de logement, de travail et de sécurité favoriseront la reprise d’une vie normale, le retour des réfugiés, et une baisse du recrutement de la part de Daech.
Au sein de la coalition, la France maintient donc son engagement dans les structures d’OIR en Irak comme au Koweït et au Qatar, et poursuit ses déploiements navals dans le canal de Syrie et dans le golfe Arabo-persique. Le dispositif actuel de l’opération CHAMMAL compte près de 600 militaires des trois armées et services. La France est le 3e contributeur aérien de la coalition.
Alors que l’opération OIR est entrée dans une phase de stabilisation et de normalisation et que les troupes combattantes étrangères doivent se retirer d’Irak d’ici la fin de l’année, quel est l’avenir de l’action de la France sur le théâtre ?
Les annonces communes du Président Biden et du Premier ministre Khadimi, lors du dialogue stratégique, ont confirmé qu’il n’y aura plus de forces combattantes d’ici à la fin d’année. Le gouvernement irakien a par ailleurs reconnu que la Coalition était vitale pour défaire Daech et a invité les nations de la Coalition à conseiller, assister et apporter leur soutien aux FSI et FSK, en particulier dans les domaines du renseignement, de la surveillance et de l’appui au sol. OIR reste donc engagée dans cette mission et la coopération militaire franco-irakienne reste une priorité.
Lancée depuis le 19 septembre 2014, l’opération Chammal représente le volet français de l’opération internationale Inherent Resolve (OIR) rassemblant 80 pays et organisations. En coordination avec le gouvernement irakien et les alliés de la France présents dans la zone, l’opération Chammal apporte un soutien militaire aux forces locales engagées dans la lutte contre Daech sur leur territoire. La Coalition internationale adapte en permanence son dispositif au Levant et la France poursuit son effort dans la région car le combat contre le terrorisme continue. L’opération Chammal se concentre désormais sur son pilier « appui » et compte 600 soldats insérés au sein des états-majors d’OIR ou sur les déploiements aériens et maritimes.
Sources : État-major des armées
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