Ce matin en Iraq, trois Français s’affairent dans l’école irakienne de lutte contre les engins explosifs improvisés (Improvised Explosive Devices – IED), l’Iraqi Army Bomb Disposal School (IABDS).
Déployés au sein d’un laboratoire de lutte contre les IED de premier niveau, ils ont été sollicités par le commandement irakien pour aider à exploiter une livraison d’IED récemment saisis par les forces de sécurité irakiennes. Ils mettent alors en œuvre des procédures maintes fois répétées.
Le caporal-chef Florian, responsable de la protection du reste de l’équipe, établit un périmètre de sécurité autour du site, indispensable pour les spécialistes français et britanniques. « Je créé une bulle autour d’eux, pour qu’ils puissent travailler dans le calme nécessaire à cette activité, qui n’est pas sans risque » explique-t-il.
En effet, il n’est pas rare que parmi les composants certains contiennent encore des substances actives qui, mal manipulées, pourraient exploser. Pour éviter un tel drame, l’équipe compte dans ses rangs l’adjudant-chef Yves, spécialiste EOD (explosive ordnance disposal - neutralisation d’engins explosifs), chargé de trier les éléments afin d’identifier et de mettre hors d’usage les éventuelles matières encore actives. « Même après de nombreuses années de pratique, chaque intervention est unique. D’autant qu’ici, il faut composer avec différentes nations qui ne travaillent pas forcément de la même façon que nous, c’est un domaine extrêmement sensible où la moindre erreur peut avoir des conséquences dramatiques » confie-t-il.
Une fois la phase de triage effectuée, c’est au tour du capitaine Pascal, chef d’équipe et officier en charge de l’exploitation des IED (aussi appelé WIT pour Weapons Intelligence Team) d’entrer en scène. Les « ressources », comme les hommes du génie dénomment les composants qui leur sont fournis, sont acheminées vers le laboratoire d’exploitation de premier niveau où ils subiront une série d’examens et de manipulation afin d’en extraire le maximum d’informations. Le capitaine Pascal insiste sur l’importance du travail de son équipe « la phase d’exploitation d’un IED produit des résultats dans le temps long : elle permet d’établir des connexions entre différents évènements et contribue à protéger nos forces sur le terrain. »
Après plusieurs heures de manipulation, le capitaine Pascal et le corporal Mannie, du contingent britannique de l’équipe, s’attèlent à la rédaction du rapport d’exploitation, document qui sera par la suite transmis à l’état-major de la coalition contre Daech et aux autorités irakiennes, afin d’établir un éventuel lien avec d’autres compte-rendu et ainsi contribuer à la sécurisation à long terme de l’Irak.
Français et Britanniques se retrouvent en début de soirée pour souffler un peu, faire retomber la pression de la journée autour d’une partie de billard. L’ambiance au sein de l’équipe est chaleureuse et le travail fluide. En attendant la prochaine livraison d’IED, qui devrait intervenir dans les tout prochains jours, l’équipe travaille à la formation d’un officier irakien, futur spécialiste de l’exploitation.
Lancée depuis le 19 septembre 2014, l’opération Chammal représente la participation française à l’OIR (opération Inherent Resolve) et mobilise aujourd’hui près de 1 100 militaires. À la demande du gouvernement irakien et en coordination avec les alliés de la France présents dans la région, l’opération Chammal repose sur deux piliers complémentaires : un pilier « formation» au profit d’unités de sécurité nationale irakiennes et un pilier « appui » consistant à soutenir l’action des forces locales engagées au sol contre Daech et à frapper les capacités militaires du groupe terroriste.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense