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Côte d'Ivoire: Interview(2) du Colonel Dubois (10/11/04)

Mise à jour  : 28/06/2010

Interview du Colonel Dubois, Porte-Parole du CEMA, sur RFI

R.F.I

JOURNAL DE L'AFRIQUE

- Le 10/11/2004 -

Invité : Le Colonel DUBOIS, porte-parole du chef d'état-major des armées françaises

JOURNALISTE

La situation en Côte d'Ivoire toujours, avec le Colonel DUBOIS, c'est le porte-parole du chef d'état-major des armées françaises. Revenons sur cette fusillade d'hier devant l'hôtel Ivoire à Abidjan. Que s'est-il passé ? Comment sont morts les manifestants et le soldat ivoirien ? Le Colonel DUBOIS répond aux questions de Christophe BOISBOUVIER.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER

Mon Colonel, bonjour

COLONEL DUBOIS

Bonjour.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER

Pourquoi y a-t-il eu des affrontements entre manifestants ivoiriens et soldats français près de l'hôtel Ivoire ?

COLONEL DUBOIS

Alors il n'y a pas eu d'affrontements entre soldats français et manifestants ivoiriens. La force LICORNE avait déployé autour de l'hôtel Ivoire un détachement de véhicules blindés de façon à pouvoir assurer la sécurité des ressortissants qui sont nombreux dans ce quartier de centre ville, et puis ils avaient en signe d'apaisement, puisque les jeunes patriotes et la radio avaient dit que c'était une provocation, décidé de se déplacer toujours dans le centre ville mais à quelques distances de l'hôtel Ivoire. Ces déplacements ont été pendant la journée, je vais dire, empêchés par les manifestations qui ont eu lieu, et puis en fin d'après-midi il y a eu un déploiement de forces de sécurité ivoiriennes, de police ivoirienne, entre la foule et les blindés qui étaient encore sur place à l'hôtel Ivoire. Il y avait une foule excessivement agressive et quoi était armée, il y a eu des coups de feu qui ont été tirés de la foule, la foule a débordé un petit peu, malmené les policiers qui étaient sur place, il y a eu des ripostes et les blindés ont poursuivi leur mouvement. LICORNE a fait des tirs d'intimidation, pas dans la foule bien sûr, mais on peut noter qu'il y a eu sur place un certain nombre d'affrontements violents dus aux manifestants armés dans cette foule.

Christophe BOISBOUVIER

Et on parle de sept morts au moins parmi les manifestants.

COLONEL DUBOIS

Ecoutez, sur place je ne peux absolument pas confirmer ce bilan, d'abord parce que nous avons quitté la position et ensuite parce que je ne peux pas laisser dire que nous avons tiré dans la foule. Je démens le fait que les Français aient tiré sur la foule ivoirienne.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER

Mais qui a tiré alors ?

COLONEL DUBOIS

Ecoutez, dans ces manifestations très violentes, dont la violence est inégalée depuis notre arrivée en Côte d'Ivoire, vous avez à l'intérieur des manifestants un certain nombre de pillards qui sont armés, qui font usage de leurs armes.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER

Alors, est-ce que vous vous êtes redéployés dans d'autres secteurs, du côté du plateau ou de Riviera ?

COLONEL DUBOIS

Nous nous sommes redéployés effectivement, mais notre principale préoccupation dans cette présence en ville est d'assurer la sécurité de nos ressortissants. Nous ne serions pas en ville, et nous sommes prêts à ressortir de la ville à partir du moment où les forces de sécurité ivoirienne prendront notre place et assureront la sécurité tant de la population d'ailleurs, que des ressortissants.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER

Est-ce qu'il y a beaucoup de candidats à l'évacuation aujourd'hui ?

COLONEL DUBOIS

C'est excessivement difficile de le dire, les 2000 ou 3000 ressortissants qui sont sous la protection de l'ONUCI et de LICORNE à Port-Boué et puis au camp de l'ONUCI en ville, la situation est extrêmement confuse, et je vous avouerais qu'au fil des événements on vit effectivement des hauts et des bas dans cette situation.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER

Est-ce pour faciliter d'éventuelles évacuations que vous avez ouvert une antenne militaire française à Lomé ?

COLONEL DUBOIS

Non, pas du tout, l'évacuation n'est pas du tout à l'ordre du jour, l'évacuation des ressortissants, nous avons déployé un petit détachement de transit, c'est-à-dire les Transals, les 630 qui sont actuellement sur l'aéroport d'Abidjan, vont se redéployer là-bas de façon à enlever de l'aéroport d'Abidjan nos appareils.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER

Allez-vous faire venir des bâtiments de transport au port d'Abidjan ?

COLONEL DUBOIS

Ecoutez, il y a un bâtiment, le SIROCCO, qui est un bâtiment de transport, qui a effectivement appareillé la semaine dernière, qui est actuellement en route, mais pour Cotonou, pour une manoeuvre... et donc cette manoeuvre est prévue depuis deux ans, c'est dans ce cadre là que le SIROCCO a été déployé.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER

Mais ce SIROCCO pourrait éventuellement être détourné au port d'Abidjan.

COLONEL DUBOIS

Ecoutez, c'est une possibilité dont je vous laisse la paternité. La mission du SIROCCO n'est pas liée aux événements actuels.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER

Dans le climat de tension actuel, mon Colonel, est-ce que vous allez pouvoir continuer longtemps à rester dans les quartiers d'Abidjan ?

COLONEL DUBOIS

Le but n'est pas de rester dans les quartiers d'Abidjan, il faut que le calme revienne et il faut surtout que les forces de sécurité ivoiriennes, l'armée ivoirienne, puisse rétablir le calme et la sécurité, tant de la population que des ressortissants.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER

Oui, mais vous voyez bien que le pouvoir fait venir des manifestants par milliers, de province, par cars, justement pour vous dissuader de rester en ville et vous obliger à revenir à Port-Boué.

COLONEL DUBOIS

Ecoutez, les manifestations à Port-Boué ont déjà été nombreuses, agressives et on n'était pas dans Abidjan. Je crois qu'il faut en la matière arrêter de dire que la présence des blindés provoque des manifestations qui existaient avant, et puis donner la parole à ceux qui veulent la paix.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER

Est-ce qu'il y a des distributions d'armes à feu aux manifestants ?

COLONEL DUBOIS

Je ne peux pas vous le confirmer, je n'en ai pas connaissance.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER

Autre lieu de tensions, le port de San Pedro à l'Ouest, les français sont menacés de mort, dit le consul honoraire sur place, qu'est-ce que vous allez faire ?

COLONEL DUBOIS

Nous avons héliporté dans la journée d'hier sur San Pedro un peloton de gendarmerie mobile, de façon à pouvoir permettre de renforcer la sécurité.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER

Par ailleurs il y a des violences dans le centre ouest à Gagnoa, des violences à caractère ethnique, est-ce que vous ne craignez pas une tentative de percée des forces nouvelles sur Gagnoa pour y protéger les Dioulas ?

COLONEL DUBOIS

Ecoutez, l'ONUCI qui est déployée dans la zone de confiance, donc entre le nord et le sud, compte 6000 hommes, donc j'ai toute confiance dans leur capacité d'interdire le franchissement de la ligne de confiance.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER

Mon Colonel, je vous remercie.


Sources : EMA
Droits : RFI