La commémoration du 11 novembre s'est déroulée à Abidjan en présence du général de division LECERF, COMANFOR Licorne, et de nombreux anciens combattants. Parmi eux, l'adjudant-chef YEO était à l'honneur. Ivoirien, Chevalier de la Légion d'honneur, médaillé militaire, il a combattu dans les rangs français pendant plus de vingt ans : Libération, Indochine, Algérie. Rencontre avec un " jeune homme " de 92 ans dont la joie de vivre n'égale que son courage.
Entretien
Mon adjudant-chef, vous avez fait presque toutes les guerres du 20ème siècle ?
Je n'ai pas fait la Première guerre mondiale, puisque j'ai 92 ans. Mais j'ai combattu dans les rangs français pour libérer la France en 1944, de la Provence à Paris en passant par Strasbourg. Et une bonne partie de l'Europe, puisque je suis allé à Berlin. Puis l'Indochine avec Dien Biehn Phu. Enfin l'Algérie. J'ai été cité cinq fois.
Quels sont vos sentiments vis-à-vis de la France ?
J'ai deux sentiments. Tout d'abord de la fierté : je suis fier et heureux d'avoir combattu pour la France, qui nous a toujours beaucoup apporté. Ensuite, de la reconnaissance : je suis passé sous-officier au feu, on m'a remis la médaille militaire. Et les efforts faits aujourd'hui pour revaloriser la retraite des anciens combattants étaient attendus depuis longtemps ; mais ça y est !
Deux événements importants dans votre vie se sont déroulés en juillet 2006. Lesquels ?
A l'invitation de monsieur Jacques CHIRAC, Président de la République française, je me suis rendu aux cérémonies du 14 juillet avec mes enfants. Nous avons assisté au défilé dans les tribunes d'honneur puis à la garden-party à l'Elysée. J'ai rencontré beaucoup de Français qui étaient heureux et fiers de voir un Ivoirien ancien combattant. Et puis le grand jour est arrivé, le 19 juillet : le Président m'a remis la Légion d'honneur dans son bureau après avoir longuement discuté.
Quel conseil donneriez-vous aux jeunesses ivoirienne et française de 2006 ?
Il faut être courageux ! Dans sa vie personnelle et sa vie professionnelle. Je n'ai jamais eu peur...Mais aussi courageux physiquement : il m'arrive souvent encore de parcourir quarante kilomètres à pied dans ma plantation de café et cacao...J'ai toujours été sportif et je pense que c'est le secret de ma longévité. Aux Ivoiriens, je dis aussi courage, car le pays mérite de connaître à nouveau la prospérité et la paix.
Sources : EMA
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