État-major des armées
L’édition 2019 du salon TADTE a mis les industries taïwanaises en valeur. En effet, la grande majorité des stands arboraient les couleurs du pays hôte. Cela permet de démontrer les avancées en matière de recherche et développement dans les domaines militaires, et en particulier celui des drones, à travers le pays. Plusieurs démonstrations dynamiques ont particulièrement démontré les capacités technologiques locales.
Tout au long de ces trois jours, les exposants taïwanais ont démontré leur haut niveau technologique liés aux demandes des clients et l’importance du « made in Taiwan ».
AVIX était l’un des incontournables de ce salon. Cet industriel présente des systèmes entièrement élaborés par ses chaînes de production, ayant déjà fait leurs preuves. C’est le cas du drone aérien AXH-E230RS.
20 systèmes sont en service dans les unités des Garde-côtes taïwanaises depuis plus d’un an, avec 150 personnes formées. Afin de remplir ses missions de surveillance maritime, le drone est capable de voler jusqu’à 30 kilomètres de son point de départ tout en conservant un retour vidéo en qualité HD.
Drone AXH-E230RS - AVIX
AVIX a profité de cette édition pour mettre en avant son dernier drone multi-rotor AXM. Il est doté de rotors articulés, appelés « collective pitch rotor », qui lui offrent une grande stabilité dans toutes les situations. Grâce à cette spécificité, l’AXM est capable de réaliser bon nombres de missions, même dans des conditions météorologiques très dégradées. De plus, un ensemble de capteurs lui permet de fonctionner malgré la perte temporaire du signal GPS, comme en cas de vol dans un tunnel.
Drone AXM lors d’un vol test - AVIX
Aux côtés de la société spécialisée en télécommunications Chunghwa Telecom, le groupe Thunder Tiger présentait une large gamme de drones aériens, ainsi que le véhicule sous-marin téléguidé (ou ROV) SeaDragon XLR.
Six propulseurs situés sur les côtés de l’appareil permettent au SeaDragon XLR de rester stable même dans des zones à forts courants. Ce ROV modulable, et qui emporte jusqu’à 10 kg de charge utile, répond à un large panel de missions : inspection, recherche, opération sous-marine grâce à son bras articulé, etc.
Le SeaDragon XLR peut descendre à 300 mètres de profondeur et évoluer à près de 7,2 km/h. Dans sa configuration la plus légère, son autonomie peut atteindre les six heures.
Véhicule sous-marin téléguidé SeaDragon XLR – Thunder Tiger
La gamme de drones « TU- » proposée par Taïwan UAV couvre une belle part de l’ensemble des drones disponibles sur le marché. Cet exposant annonce fièrement que ses appareils sont entièrement « Made in Taïwan », à l’exception des optionnels et du moteur fournis par des partenaires étrangers. Leurs aéronefs sont principalement dédiés à des opérations de cartographie, fonction première du TU-70.
Ce drone de 5 mètres d’envergure peut voler jusqu’à 8 heures, emportant 10 kg d’optionnels à une vitesse de croisière de 120 km/h. De quoi intéresser plus d’un client, même si la mise en œuvre du drone peut encore être améliorée : deux opérateurs sont nécessaires pour utiliser le système à sa pleine capacité et les équipes de Taïwan UAV souhaitent passer à un seul opérateur.
drone TU-70 de Taïwan UAV
Le « Materiel Production Center » du ministère de la Défense présentait deux innovations dans le domaine des matériels terrestres. Le véhicule blindé d’appui Mobile Mortar System (ou MMS) est armé, à l’arrière de la caisse, d’un mortier à canon lisse, de 81 ou de 120 mm. Développé par le 202e Arsenal du MPC, il dispose d’un tampon hydraulique capable d’atténuer le recul de l’armement de 70%.
Au premier plan, à droite – Mortar Mobile System du MPC
MPC présentait également une tourelle télé-opérée composée d’un lance-grenades automatique Mk19 MOD3 de 40 mm et d’une mitrailleuse coaxiale T74 de 7,62 mm. Cette tourelle a été spécifiquement conçue pour réduire l’empreinte visuelle d’un véhicule blindé, en l’occurrence celle du blindé 8x8 de transport de troupes CM-32 Cloud Leopard.
Tourelle téléopérée RCWS - MPC
Le concept des munitions rôdeuses intéresse de plus en plus les forces armées. Leur efficacité liée à un faible coût est très attractive et les entreprises taïwanaises développent plusieurs modèles, s’engouffrant ainsi dans cette niche technologique.
Très proche du modèle israélien Harpy, le système de drone Chien Hsiang n’en est pour autant pas une copie. L’industriel NCSIST affirme que l’ensemble de ce projet est entièrement « made in Taïwan ». Le Chien Hsiang est composé d’un shelter, dans lequel peuvent être stockés jusqu’à douze munitions rôdeuses et sur lequel est monté le système antennaire. Les munitions rôdeuses appelées également « antiradiation UAV » ont pour mission la neutralisation des systèmes radar adverses. Le drone détecte les émissions radar ou électromagnétiques ennemies afin d’identifier la cible avant de frapper l’objectif.
Système de drone Chien Hsiang - NCSIST
Autre création de NCSIST, le Fire Cardinal est une des nouveautés de cette édition TADTE. Dérivée du drone de reconnaissance Cardinal II, cette munition rôdeuse possède un système électro-optique et infrarouge intégré dans le nez de l’appareil, qui lui permet de détecter de potentielles cibles. Pour la sélection de l’objectif, NCSIST aurait mis au point un « système intelligent de détection d’objet ». Le Fire Cardinal mesure 1,2 mètre pour une envergure de 2 mètres et il ne pèse que 6 kg.
Munition rôdeuse Fire Cardinal - NCSIST
Plutôt concentré sur les drones à vocation civile, l'industriel Taïwan UAV diversifie maintenant son catalogue. À ce titre il développe une munition rôdeuse, dont un prototype était présenté, prévue pour l’heure pour équiper les forces armées taïwanaises. Ce drone sera transportable et opérable par une seule personne, ce qui est cohérent avec l’emploi de ce type d'appareil, souvent réservé aux unités spéciales. À la différence des autres drones assemblés par la société, cette munition rôdeuse est complètement élaborée par Taïwan UAV, système électro-optique compris. L'industriel annonce que cette munition rôdeuse devrait être sur le marché d’ici un an.
Munition rôdeuse sur le stand de Taïwan UAV
Habituellement incontournables dans les salons internationaux, avec des stands visibles au premier coup d’œil, les industriels étrangers n’étaient pas mis en avant. Si les principaux exposants étaient américains ou russes, quelques entreprises venaient d'Asie. En lien avec le fil conducteur de ce salon, les matériels notables concernaient le domaine des drones et de la lutte anti-drone.
À travers une présentation vidéo, l'industriel russe présentait un concept innovant : le largage du drone de surface Aurora depuis le drone aérien VT 500, afin de réaliser des missions de sauvetage.
L'intérêt majeur de ce concept est de pouvoir élargir la zone de recherche grâce au rayon d'action du VT 500 (320 km de vol pendant plus de 5 heures). Une fois l'objectif localisé, le drone Aurora peut être largué et atteindre son point sans être limité par son faible rayon d'action (1 km). Capable d'emporter deux Aurora sous son fuselage, l’emploi du VT500 permettra d'entamer des opérations de « search & rescue » en tout temps, y compris avec des conditions météorologiques difficiles, sans engager des moyens humains.
Le drone Lattice Ghost, présenté par l'industriel américain Anduril, est particulièrement attractif, notamment grâce à sa forme originale.
Cet héli-drone d'environ 9 kg seulement, possède un système de rail sous le fuselage, et sa charge utile est facilement interchangeable. Cela élargit le champ des possibles pour ses missions de « search & rescue », de livraison médicale ou encore de surveillance des frontières. Point fort de cet appareil, il est quasiment inaudible jusqu'à 100 mètres, et est donc particulièrement discret.
L'exposant a confié que les capacités de ce drone ont déjà convaincu plusieurs clients européens, ainsi que les autorités américaines, dont certaines emploient déjà le Lattice Ghost à la surveillance de la frontière mexicaine.
Drone Lattice Ghost (sans pales) - Anduril
Présente sur le stand du taïwanais Plaska, la société singapourienne ComTechSys présentait différentes solutions anti-drones, tel le fusil DD-03 Drone Disruptor. Annoncé opérationnel, il répond aux besoins des potentiels acheteurs. Pesant moins de 4,5 kilogrammes (avec batterie), le DD-03 est facilement transportable et facile à utiliser grâce à son interface intuitive. Il peut brouiller une à quatre gammes de fréquences simultanément, ce qui permet de discriminer le type de drone que l'on souhaite neutraliser. Son rayon d'action est d’au plus un kilomètre, et il peut fonctionner jusqu'à 45 minutes en continu avec une batterie de 90 watt heures. La mise en place d'une batterie de 180 watt heures est possible, afin de doubler son temps d'utilisation.
Fusil brouilleur DD-03 Drone Disruptor - ComTechSys
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère des Armées
