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Article UMEX 2022

La 5e édition du salon UMEX / SIMTEX 2022 s’est tenue du 21 au 23 février 2022 au Abu Dhabi National Expo Center (ADNEC). Ce salon d’armement, spécialisé dans les thématiques « drone » et « robotique », a largement dépassé le rayonnement régional et attire désormais de grandes entreprises nord-américaines, européennes et asiatiques. Malgré cela, une place importante était bien évidemment accordée aux équipements issus de développement local ou de coopération. Il est à noter une forte présence d’Israël dont ce fût la première participation.

La multitude de nouveautés présentées à cette occasion met en lumière l’explosion du domaine drone à vocation civile, militaire ou duale ; tout comme son opposé de la lutte anti-drone.

L’industrie émirienne à l’honneur, du groupe EDGE aux plus petites entreprises.

Occupant un large espace du hall d’exposition, le groupe émirien EDGE a présenté de nombreux équipements drones aériens et terrestres, issus de ses filiales HALCON et ADASI. Aux côtés des systèmes déjà présentés récemment (munitions rôdeuses de la famille QX, drone Garmoosha, drone armée REACH-S) , il est à noter la nouveauté dans le domaine aérien qu’est la munition de précision HUNTER 2-S (HALCON).Son lanceur, prévu pour mettre en œuvre 21 munitions, est installé sur camion et est doté d’une intelligence artificielle à bord. Elle permet de déterminer et d’adapter le nombre de munitions allouées pour une cible. Les drones pèsent 8 kg et ont une envergure de près de 1,50 m. Chaque vecteur aérien emporte une ogive à fragmentation de 2 kg. De plus, l’industriel présente ce système avec une capacité de vols en essaim. Le développement du système devrait être finalisé d’ici la fin de cette année et, par la suite, proposé aux forces émiriennes voire à l’export.

Du côté drone terrestre, notons la présence du SCORPIO-B de chez ADASI. Basé sur un quad tout-terrain, il est équipé d’une tourelle électro-optique et d’une mitrailleuse de calibre 5.56 mm. Il est doté également de deux lance-grenades de 40 mm. Tout un système de caméra jour/nuit,  monté sur mât, lui permet d’assurer des missions ISR. Développé pour accompagner des troupes militaires ou forces de sécurité, avec une charge utile pouvant atteindre 200 kg, il fonctionne en télécommandé ou en automatique. Sa mise en œuvre est assurée par une station de contrôle armée par deux personnes, le pilote et le servant.

L’intelligence artificielle (IA) est également un domaine en pleine expansion, pour lequel il est intéressant de citer la société CYNAX LABS, basée à Dubaï. Son système d’IA, nommé AIPod, était présenté en version mobile. En effet, associé au drone aérien Kungsörn, AIPod peut être déployé et mis en œuvre depuis un Ford K2.

Conçue par CYNAX, ce système d’IA est dédié à la reconnaissance faciale, au suivi de personnes et à l’analyse du niveau de menace que peut représenter un individu. S’appuyant sur des bases de données propriétaires, AIPod a aussi la possibilité de se brancher sur des bases de données gouvernementales type Interpol.

En ce qui concerne le Kungsörn, il s’agit d’un drone à décollage vertical de conception singapourienne, prévu pour mener des missions ISR. Il dispose d’une endurance de 3h30 avec une charge électro-optique et infrarouge de 3 kg. L’antenne de poursuite est montée sur le véhicule Ford K2 et a une portée jusqu’à 200 km. L’arrière du pick-up présenté sert de base pour le drone avec un système de recharge automatique.

 

Sociétés européennes et nord-américaines ont occupé l’espace.

Les compagnies américaines étaient nombreuses, et un invité de choix était présent sous la bannière de General Atomics : le drone MQ-9B SeaGuardian exposé avec les cocardes des Emirats Arabes Unis. Cette version est en mesure de réaliser un large panel de missions dans le domaine maritime : lutte sous la mer, détection aéroportée, défense anti-missile, search and rescue (SAR) et relais de communication. Avec une vitesse maximale de 390 km/h et une altitude de 12 200 m maximum, le MQ-9B SeaGuardian a une endurance de plus de 30 heures.

 

Dans un autre registre, la société américaine AeroVironment présentait ses drones tactiques tels que le PUMA-LE ou le JUMP20 et ses munitions rôdeuses de la famille SwitchBlade, tous déjà en service et dont la notoriété n’est plus à prouver. Il apparait que le drone VTOL JUMP20 a bénéficié de certaines modifications dont la plus notable est sa charge optronique. Côté segment sol, la société a mis au point un système de contrôle (GCS – Ground Control System) nommé Crysalis, commun à tous ses systèmes de drones et charges utiles. Compatible avec les différents systèmes d’exploitation du commerce (Android, Windows…), il est proposé en différentes configurations, allant du système portable à peine plus grand qu’une console de jeu portable à un centre de commande fixe. L’objectif principal de ce système est de faciliter le travail du ou des opérateurs, grâce à une ergonomie optimale et un software intuitif.

Côté européen, citons la présence du suédois SAAB qui présentait un système de communication 5G conçu localement aux EAU : le DeployNet. Ce système fournit un réseau sans fil 5G/LTE crypté, que ce soit pour une vocation militaire comme civile, ce qui est particulièrement utile dans des zones sans réseaux fixes de communications. L’entreprise suisso-suédoise UMS Skeldar présentait quant à elle, son drone multi-rôles Skeldar V-150, conçu et produit en Suisse. Il s’agit là d’une version améliorée pouvant avoir une vocation civile et/ou maritime : mission ISR, surveillance de frontières et de zones, mission search and rescue, inspections d’infrastructures et surveillance maritime. La modification majeure par rapport à la version précédente porte sur sa motorisation. Afin de facilement s’adapter aux besoins du client le carburant du V-150 peut être du fioul lourd ou du carburant standard, d’où sa diversité d’emploi. Ce drone peut emporter 40 kg de charge utile et est doté d’une endurance de plus de 5 heures. Disposant d’une liaison de données à 15 mégabits, ce drone peut fournir de la vidéo en temps réel jusqu’à 200 km de sa station sol.

 

La firme espagnole AERTEC proposait sa famille de drones TARSIS, avec la présentation sur stand du TARSIS-75. Ce dernier permet d’emporter une charge utile de 12 kg tout en disposant d’une autonomie de près de 12 heures. La charge utile est adaptable selon les demandes du client. Le TARSIS-75 dispose d’une capacité de désignation laser, ce qui lui permet de tirer du  micro-missile A-Fox, conçu également par AERTEC. Système modulaire à guidage semi-actif, ce missile peut être intégré sur différentes plateformes aériennes. La console de contrôle du drone est mise en œuvre par deux personnes, le pilote et l’opérateur de la charge utile. Les drones AERTEC sont déjà en service en Espagne et en Colombie.

 

Devenu un incontournable des salons d’armement, la société polonaise WB Group présentait des équipements liés à son système d’artillerie TOPAZ. Un drone, le FlyEye, réalise la reconnaissance et la surveillance, ainsi que la localisation de cibles au profit de l’artillerie. Associées au drone, les munitions rôdeuses de la gamme Warmate peuvent être employées à la place de l’artillerie selon la situation. Les ogives sont interchangeables en fonction du besoin : anti-personnel ou antichar. Pour la partie capteurs, le système AMSTA peut être installé dans le but de détecter toute intrusion à pied ou à bord de véhicules. WB Group a également mis en avant le développement d’une capacité de vol en essaim pour la gamme Warmate.

 

Société présente en Irlande, aux Etats-Unis, aux EAU, au Canada ou encore en Allemagne, ZENADRONE a exposé son système ZenaDrone 1000 à l’occasion d’UMEX 2022. Quad-rotor avec une cellule en carbone, ce vecteur aérien est équipé d’une propulsion hybride. Avec une autonomie de 60 minutes, il revient automatiquement à sa base pour sa recharge. Initialement voué à réaliser des missions de surveillance et reconnaissance, il est également en mesure d’assurer des opérations de logistique et de ravitaillement. En utilisation dans le milieu agricole, il sert à disperser des produits ou des semences grâce à un compartiment situé dans la cellule du drone. Outre les missions ISR, il peut être un atout dans le domaine militaire et sécuritaire en servant de leurre ou en tant que système anti-drone. Pour réaliser cette mission, il va cibler un autre drone et l’asperger d’une substance collante, ce qui va empêcher le drone ennemi de poursuivre son vol.

Si les Russes n’ont finalement pas fait le déplacement, les entreprises biélorusses et les sociétés ukrainiennes étaient quant à elles bien représentées.

Le consortium Ukroboronprom/Ukrspecexport présentaient de nombreuses maquettes de drones, munitions rôdeuses, système SIGINT et système anti-drone, sans pour autant mettre en lumière de nouveautés. La firme UKRSPECSYSTEMS, liée au groupe émirien International Golden Group, a présenté quant à elle le drone PD-2. La spécificité de ce drone est qu’il est disponible en différentes configurations : VTOL ou ailes fixes (respectivement 4 ou 5 mètres d’envergure). Cela est rendu possible par un système de charnières sur les ailes permettant une bascule rapide d’une configuration à l’autre. Ce vecteur dispose d’une boule optronique de conception ukrainienne. Pour autant, les systèmes optroniques américains WESCAM ou FLIR peuvent la remplacer selon les exigences des clients. Son moteur est de conception japonaise mais est entièrement remanié en local afin qu’il soit adapter aux conditions climatiques dans lesquels il évoluera. En complément des missions de surveillance, le PD-2 peut être configuré en version cargo. Dans ce cas, le « colis » est placé dans le fuselage et larguer grâce à l’ouverture de deux trappes sous le fuselage. Ce drone est en service au sein des forces de sécurité ukrainienne et un exemplaire est présent aux EAU.

 

La présence asiatique dominée par les Chinois.

Une surface importante du salon était occupée par International Golden Group, consortium émirien regroupant de nombreuses entreprises locales mais aussi internationales.

Parmi elles, l’industrie chinoise NORINCO qui travaille en coopération avec le CEST (China Emirates Science and Technology Innovation Laboratory) pour le développement d’équipements comme par exemple les munitions rôdeuses Loitering Dragon 5A disposant vraisemblablement de la capacité d’attaque en essaim.

Le groupe CATIC (China national Aero-technology Import&export Corp) exposait également plusieurs vecteurs dont le plus intriguant est le drone AR-36. Sa cellule atypique lui permet de décoller et atterrir verticalement (capacité VTOL), avant de poursuivre son vol à l’horizontale grâce à ses ailes fixes. Sa propulsion est hybride et est entièrement autonome. Ses capacités couvrent les missions suivantes : reconnaissance, relais radio, escorte, patrouille ; et peuvent étendues aux fonctions anti-drone et missile de croisière.

Industriel d’envergure plus modeste, Shenzhen Smart Drone (SMD) proposait une gamme de drones VTOL à voilure fixe dont le V330 PRO, à propulsion électrique. Ce dernier est déjà en service dans les forces émiriennes, en Indonésie et en Tunisie. La nouveauté de cette édition était le drone V480. Sa motorisation thermique lui confère une autonomie de plus de 10 heures. Même s’il est annoncé multi-mission, sa fonction principale reste la surveillance. Les boules optroniques proposées pour ce vecteur sont également fabriquées par SMD. La suite de son développement devrait intégrer une capacité d’emport d’armement.

En parallèle, la société chinoise Zuhaï Ziyan UAS mettait en avant sa gamme de drone à voilure tournante ou multi-rotor dont leur produit phare, le BlowFish A3, disponible en différentes configurations armées. Mais la a nouveauté  pour UMEX 2022 était le drone Falcon-10. Facilement transportable grâce à sa poutre de queue repliable contre le corps du drone, il tient dans le coffre d’une voiture. Différentes charges utiles sont disponibles selon la demande, que ce soit pour effectuer des missions de surveillance, de cartographie ou encore de surveillance de frontières.

La Corée du Sud aura également fait un déplacement remarqué avec la présence du pavillon coréen. Industriel connu du domaine de la robotique, LIG a proposé toute une gamme de drones pour chaque domaine d’emploi : aérien, terrestre, naval et sous-marin. Dans la gamme navale, les USV Sea Sword II et III, représentés en maquettes, sont des plateformes multi-missions de 12 mètres de long et pesant 11 tonnes. Le Sea Sword II peut être piloté  ou télécommandé. Il est principalement dédié à des missions de Search and Rescue  (SAR). Le Sea Sword III, quant à lui, est dédié à la lutte au-dessus de la surface en zone côtière avec son armement composée d’une mitrailleuse 12,7 mm Hyundai et d’un lance-roquettes multiple de 70 mm.

Les entreprises chinoises n’étaient pas les seuls représentants du continent asiatique. L’industrie indienne était notamment représentée par l’entreprise ZEN TECHNOLOGIES, spécialisée dans les équipements d’entrainement et simulation au combat. Elle produit un système de lutte anti-drone, ZADS, destiné à la protection de périmètres ou de convois. Ce système est composé d’un détecteur radiofréquences, d’un détecteur radar, d’un système électro-optique d’identification et de poursuite et d’une brouilleur radiofréquence. La gestion de l’ensemble de ces sous-systèmes est réalisée au niveau d’un centre de fusion de l’information et de contrôle. Le système comprend également une partie destruction, assurée par un canon anti-aérien L-70, pour les cibles évoluant en mode autonome. ZADS est en service au sein de l’Armée de l’air indienne et sert à la protection des convois présidentiels (système monté sur van).

 

Les pays du Proche Orient au rendez-vous.

Pour la première fois sur le salon UMEX, l’industriel Baykar Makina a pu proposer ses solutions drones. Cette première participation a été l’occasion d’introduire officiellement le Bayraktar TB2-S (version avec SATCOM du TB2) et le Bayraktar TB3. Ce dernier, actuellement en développement, est un drone tactique armé capable de décoller et atterrir depuis un porte-aéronefs.

Enfin, la présence israélienne aura été importante pour la première participation de ses entreprises à UMEX. Le stand ELBIT SYSTEMS apparaissait avec le nom des EAU sous son logo, montrant ainsi une forte coopération entre ces deux pays. AVNON Group tenait également son rang au sein du consortium émirien International Golden Group.

Spécialisée dans le domaine de la lutte anti-drone, la société israélienne AVNON développe régulièrement de nouveaux matériels. Le dernier en date est le missile léger SKY INTERCEPTOR dont l’ogive est composée de rubans qui vont entraver les hélices du drone à intercepter et ainsi le faire tomber. Ce missile n’est pas sensible au brouillage et dispose de contre-mesures. Les données GPS de sa cible sont fournies par le système de détection Bee5.

Toujours dans une approche offensive, le petit quadricoptère DRONELOCK est doté d’une caméra et d’un radar à son sommet permettant de verrouiller sur un drone à intercepter. Son objectif est ensuite de le percuter afin de le faire tomber. Une petite charge explosive à fragmentation peut également être installée dans le DRONELOCK.