Mon cher camarade,
Depuis quelques jours, les rues s’agitent et s’illuminent à l’approche de Noël. Partout, les esprits se préparent aux permissions, dont j’ai choisi de vous parler aujourd’hui.
La permission, c’est, avant tout, un temps de pause, indispensable à une vie militaire faite d’action, d’éloignements et d’efforts. C’est une respiration vitale pour ceux qui ont choisi de faire de leur vie un service. Sans cette respiration, c’est l’asphyxie, la perte de lucidité et d’efficacité. Pour le bien de la mission, nous ne pouvons pas nous le permettre !
Notre métier exige, par-dessus tout, des hommes et des femmes combatifs, clairvoyants et équilibrés. La combativité nous la trouvons dans le repos du corps ; celui qui nous permet de refaire nos forces. La clairvoyance est à rechercher dans le repos de l’esprit ; celui qui permet la justesse du jugement, qualité indispensable au cœur de l’action. L’équilibre passe, quant à lui, par une vie saine et épanouie, qui fait la part belle aux passions personnelles et aux réjouissances collectives. Pour toutes ces raisons, les permissions sont, non seulement, un droit mais, également, une nécessité et donc, une obligation. Prendre des permissions, c’est, en soi, une mission !
Mais c’est également une nécessité pour vos familles et pour vos proches. Ceux à qui vous demandez tant et qu’il vous est parfois difficile de remercier. Le temps des permissions doit être, pour nous militaires, l’occasion de rendre à notre entourage un peu de ce qu’il nous a donné ; de lui signifier combien il compte pour nous ; de le remercier pour son soutien discret et fidèle, moteur de notre engagement et source de notre équilibre.
A la veille de ces permissions, j’ai une pensée particulière pour les milliers d’hommes et de femmes qui, en cette fin d’année, sont déployés en opérations extérieures pour assurer notre protection, au plus près des foyers de crise. Je pense, également, à tous ceux qui, par une présence discrète et une vigilance de tous les instants, veilleront sur notre sécurité depuis les airs, en mer et sur terre. Certains patrouilleront, d’ailleurs, à proximité des endroits où les autres prendront leurs permissions, car le devoir de servir l’emporte sur le droit au repos. C’est une exigence que nous avons librement acceptée et qui tient en un mot : disponibilité. C’est là notre honneur.
A tous, je redis toute ma satisfaction pour l’état d’esprit avec lequel vous remplissez vos missions, souvent difficiles et toujours exigeantes.
Je me réjouis de la perspective de rencontrer, dans les jours qui viennent, ceux d’entre vous qui sont actuellement déployés à Paris, dans le cadre de l’opération Sentinelle, à Abidjan, au sein des forces françaises de Côte d’Ivoire et à Niamey, dans le cadre de l’opération Barkhane, où je passerai la nuit de Noël. A tous les autres, ainsi qu’à vos familles, je souhaite, d’ores et déjà, un Joyeux Noël et d’excellentes permissions.
Fraternellement,
Général d’armée Pierre de Villiers
Ecole militaire, le 21 décembre 2016
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère des Armées