- Seul le prononcé fait foi -
Monsieur le Préfet du Var,
Monsieur le maire,
Mesdames, messieurs les parlementaires,
Mesdames, messieurs les élus,
Chers présidents et membres d’associations du monde combattant,
Mesdames, messieurs,
« Nous sommes ici pour témoigner devant l'histoire que de 1939 à 1945 ses fils ont lutté pour que la France vive libre » Tels sont les mots inscrits dans la crypte du mémorial de la France combattante au Mont-Valérien. Parmi les seize combattants qui y reposent, quatre sont des combattants africains. Le soldat Diasso BOUTIE KAL, né au Burkina Faso et le soldat Mohamed BEN SALEM BEN HADJ, né en Tunisie, sont morts pour la France en juin 1940. Le caporal MABOULKEDE, né au Tchad, est mort pour notre pays dans le Var le 22 août 1944. Le soldat Allal Ould BEN SEMERS, né au Maroc, a donné sa vie à Briançon pour notre libération en octobre de la même année.
Ces quatre soldats ont tant fait pour la Patrie qu’il mérite son hommage. Ils sont les représentants de tous leurs frères d’armes morts pour la France, pour l’indépendance et pour la liberté retrouvée de notre pays.
Le caporal MABOULKEDE et le soldat BEN SEMERS étaient les soldats d’une armée française qui venait de prendre pied sur le sol de la Provence. Ils avaient déchiré le voile de l’occupation et de la collaboration. En suivant le général DE LATTRE DE TASSIGNY, ils avaient choisi le courage comme guide et la liberté comme horizon.
La majorité de cette armée française venait d’Afrique. Elle était celle de la diversité : celle des pieds noirs, celle de soldats originaires d’Algérie, de Maroc et de Tunisie, celle de combattants venus d’Afrique occidentale et équatoriale. Goumiers, tabors, spahis, tirailleurs, zouaves, ils étaient des milliers d’hommes aux destinées si différentes, ils étaient des milliers d’hommes unis par la fraternité d’armes au service de notre drapeau.
Nombre d’entre eux avaient déjà parcouru les sentiers de la gloire, en Afrique du Nord, en Sicile, en Corse et en Italie. Ils ont contribué à forger la Victoire, ils ont payé un lourd tribut au combat contre le nazisme. Pour l’éternité, ils ont mêlé leur sang à notre terre. Cette terre de France métropolitaine qui, pourtant, leur était inconnue.
Parce qu’ils ont été une des incarnations de la France combattante, parce qu’ils ont été les soldats de l’honneur, leur sacrifice nous oblige. La France a déjà œuvré pour leur reconnaissance. Elle continue et, ensemble, nous franchissons un nouveau pas.
A Bandol, comme dans tant d’autres territoires de notre République, l’armée de DE LATTRE a fait se lever le vent de la liberté. Comme en maintes communes de France, elle a porté les espoirs et renforcé les espérances. Toulon, Marseille, la vallée du Rhône, le sud de l’Alsace, leur doivent leur libération. La participation de la France à la Victoire et par conséquent la place de notre pays dans le concert des nations en 1945 sont aussi le fruit de ce combat.
« Et pourtant qui d’entre nous se souvient aujourd’hui de leurs noms, de leurs visages ? » C’est la question que posait le Président de la République le 15 août dernier lors des commémorations du Débarquement de Provence. Il affirmait alors que « les vies de ces héros d’Afrique doivent faire partie de nos vies de citoyens libres parce que sans eux nous ne le serions pas. » Et vous venez de le rappeler, monsieur le Maire, le Président de la République lançait alors un appel à tous les édiles de notre pays afin de faire sortir de l’obscurité le souvenir de ces soldats. Pour faire en sorte qu’en baptisant des rues, des places et des écoles du nom de combattants africains, ces soldats méconnus ne demeurent pas des soldats inconnus.
C’est à cet appel que Bandol a répondu. C’est à l’exigence de l’hommage que nous devons cette inauguration. Je suis ravie d’être parmi vous aujourd’hui pour cet évènement, et je serai tentée de dire d’être « enfin » parmi vous.
Cette place est désormais celle des « Libérateurs africains ». Elle est dédiée au 5 soldats, nés en Algérie, qui ont perdu la vie durant la libération de la commune. Vous venez, monsieur le Maire, de rappeler leur parcours. Ecoutons, encore une fois, résonner l’écho de leur nom sur cette place dont ils sont désormais les héros : Ali FATTANI, Mohamed DAHEL, Jean Edouard SEFFAR, Albert BANULS, François GAILLARDO.
Honneur à ces 5 braves tombés au champs d’honneur, loin de leur terre natale, loin de leur foyer, loin de leur famille.
Ils avaient 21 ou 23 ans, ils étaient jeunesse et abnégation, ils étaient jeunesse et détermination. Ils sont cette jeunesse sacrifiée à qui nous devons tant. 75 ans après, la France ne doit pas oublier, la France n’oublie pas.
Mesdames, messieurs, Bandol est un exemple à suivre. Bandol doit être une inspiration. Demain, à l’occasion des vœux de nouvelle année, je rappellerai le sens de l’appel du Président de la République et je citerai votre commune en exemple.
Je souhaite que Bandol soit la première de la longue liste des communes qui honorent la mémoire de ces valeureux combattants. Pour cela, le ministère des Armées se tient résolument aux côtés des communes de France.
C’est dans cet objectif, qu’il y a quelques semaines, j’ai signé avec l’Association des Maires de France une convention de soutien. Avec nos services, avec le Service Historique de la Défense, avec l’ONAC-VG, nous nous engageons à apporter notre aide et à accompagner les collectivités désireuses de s’inscrire dans cette démarche.
J’ai le plaisir de vous annoncer que, à partir d’aujourd’hui, 50 biographies de combattants africains sont d’ores et déjà en ligne sur le site du ministère des Armées. Elles sont à la disposition des communes qui souhaitent mettre à l’honneur la mémoire d’un combattant.
Je veux remercier – par avance – toutes les communes qui ont entamé ce travail et qui vont suivre l’exemple de Bandol.
Chers Bandolais, le regard que votre commune porte sur ces 5 combattants est celui que nous devons porter sur tous les hommes et toutes les femmes qui ont combattu sous nous couleurs, pour notre drapeau et pour notre liberté. Regardons cette page d’histoire avec envie, lisons-la avec fierté, transmettons-la avec bonne volonté.
Car oui, il faut sans cesse œuvrer pour la valoriser, pour l’expliquer et pour la mettre en lumière. Car oui, il faut sans cesse enseigner le rôle des armées françaises dans la Libération de notre territoire. Sans jamais omettre que cette armée était celle de la diversité. C’est la réalité de notre histoire.
Mesdames et messieurs, le travail de mémoire est essentiel. Connaître et se souvenir permet de construire le présent, de bâtir sa propre citoyenneté et de définir notre identité française et européenne.
Aujourd’hui, ce travail de mémoire Bandol l’accomplit d’une remarquable manière. Je suis heureuse de voir que sa jeunesse s’en empare également. Ainsi, les jeunes de la commune deviennent des héritiers de cette mémoire. Nous comptons sur notre jeunesse pour continuer à rappeler cette histoire, à se souvenir des combattants africains, à construire une société de la solidarité et de la tolérance.
Ainsi, le sacrifice de nos libérateurs et les valeurs de la République nous accompagneront toujours.
Vive la République !
Vive la France !
Sources : Ministère des Armées