Portrait d’un équipage de MQ9 Reaper, depuis la base aérienne projetée de Niamey. Le soleil tombe lorsque le lieutenant-colonel Marco, accompagné de son opérateur capteur et du coordinateur tactique, prend le dernier créneau de la mission Reaper de ce jour-là. Réalisant son 18e détachement en opération extérieure, le lieutenant-colonel Marco nous livre son récit.
Le soleil tombe lorsque je prends le dernier créneau de la mission du jour. Je me dirige avec mon opérateur capteur vers ce que nous appelons « la boîte » et tape deux fois sur la porte. Un « boom boom » vient de l’intérieur : l’équipage à poste nous autorise l’entrée.
Je pose mes affaires au sol tandis que le pilote à poste se retourne vers moi et me briefe : « Nous suivons un groupe armé terroriste (GAT) depuis trois heures. L’avion fonctionne normalement, nous avons d’autres appareils autour de nous et assez de carburant pour tenir encore plusieurs heures. » En une fraction de seconde, la place se libère et je saute dans le siège. À côté de moi, mon opérateur capteur fait de même. Je m’assure que l’avion est sur une trajectoire qui permet le suivi des GAT tandis qu’il prend le relais sur les caméras. « On s’entend ? C’est bon pour moi, me répond-il. Moi aussi. Et moi également… » Deux autres voix interviennent sur le téléphone de bord, celles des autres membres de l’équipage : le coordinateur tactique et son opérateur image.
Nous prenons donc la suite de la mission. « Ils s’arrêtent », annonce l’opérateur capteur . Sur nos écrans, le GAT s’arrête. L’opérateur zoome et améliore la netteté de l’image. « Mets les coordonnées sur l’écran », intervient le coordinateur tactique, comme ça ils auront toutes les informations au Poste de commandement interarmées de théâtre (PCIAT). J’anticipe et place mon Reaper en position de tir. Je compile toutes les informations afin d’optimiser la réussite de la frappe. Nous savons qu’en parallèle, des spécialistes au PCIAT s’activent pour étudier minutieusement la situation.
Le coordinateur tactique m’annonce que nous avons l’autorisation d’engager les cibles. J’aligne mes indicateurs de tir sur l’écran et m’assure qu’aucun dommage collatéral ne sera présent à l’impact. Mon opérateur capteur a sélectionné le niveau de zoom qui permet d’embrasser l’ensemble de la zone. J’écrase la détente. Un flash blanc sature nos écrans. « Elle a tapé au bon endroit », confirme l’opérateur image. Il est temps de faire revenir le Reaper. La mission ne sera terminée qu’une fois le drone rentré à bon port sur la base aérienne projetée (BAP) de Niamey.
Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad. Elle regroupe environ 5 100 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace. |
Sources : EMA COM
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