Qu’elles soient militaires ou civiles, déployées en opération extérieure ou agissant en mission sur le territoire national, chacune participe à la mise en œuvre de la politique de défense de la France.
Elles représentent plus de 35000 militaires qui servent aujourd’hui dans les armées françaises, soit 15% des effectifs. Depuis une quinzaine d’année et la professionnalisation des armées, les femmes sont de plus en plus nombreuses à rejoindre le monde de la défense, plaçant l’institution au premier rang des armées européennes sur ce point.
Aujourd’hui, la quasi-totalité des spécialités et des postes sont ouverts aux femmes. Leur évolution au sein de la hiérarchie se révèle naturelle et progressive. Ainsi, 16 officiers généraux sont actuellement des femmes.
A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes du 08 mars , découvrez une sélection de portraits.
Éveline Spina est Ingénieure générale de l’armement, directrice de DGA Techniques navales (sites de Toulon et de Brest) et du Groupe d’études sous-marines de l’Atlantique (GESMA). Dans la Défense depuis 1988, cette femme de caractère a su trouver sa place et allie depuis travail et passion au quotidien. Chimie, poudres, armements et maintenant systèmes navals n’ont pas de secret pour elle.
« Dans ma carrière, j’ai toujours fait des choix originaux, disons peu communs pour une femme, mais je me suis toujours sentie libre. J’ai ainsi été la seule aspirante femme embarquée pour un an sur un navire. Très formateur ! En fait, c’était surtout difficile pour les officiers mariniers de se positionner, par manque d’habitude. Aujourd’hui, tout a beaucoup évolué et si certains domaines restent majoritairement masculins pour des raisons d’affinités je pense, le fait d’être une femme ne pose vraiment plus aucun problème », raconte Éveline Spina. Désireuse de s’affirmer dans un monde d’hommes, le domaine de l’armement l’a également attirée pour son caractère à la fois « atypique et confidentiel ». Son diplôme de l’ENSIETA en poche, spécialité chimie-poudres-pyrotechnie, elle occupe différents postes liés à la pyrotechnie et au dépiégeage à Toulon. Sa volonté d’aller de l’avant la pousse à relever de nouveaux challenges. En 1993, elle intègre le corps des Ingénieurs de l’armement par concours professionnel, et devient commandant de la Pyrotechnie du Service des programmes navals (SPN - Toulon). Une fonction qu’elle assume de 1993 à 1999.
Une femme de tête et de défis
Les défis professionnels qu’elle relève la forment à tenir la barre. Aux affaires internationales navales d’abord (SPN/AI), puis en tant que chef de bureau des programmes navals (DPM) et comme sous-directrice technique du Centre technique des systèmes navals (CTSN), elle développe son expertise du réseau consulaire, des méthodes de conduite des programmes d’armement, des mécanismes de finances publiques et de l’administration. « J’ai toujours souhaité apprendre et m’amuser dans mon métier. À chaque fois, j’ai essayé d’ouvrir de nouveaux espaces. Après dix ans sur le terrain dans la pyrotechnie, j’ai décidé d’élargir mes compétences à l’ensemble des programmes navals et à la recherche et développement ». Passionnée comme au premier jour, elle s’efforce de transmettre cette dynamique et s’est désormais fixé pour objectif de préparer l’avenir du centre d’essai et d’expertise qui compte 500 personnes. « À mon poste, il y a un temps pour la stratégie, pour le dialogue, et pour la décision. Je m’efforce d’envisager l’évolution du centre en termes de compétences et de moyens, de définir les grandes directions. Dès mon arrivée j’ai souhaité partager ma pratique du tissu industriel. Il me semble en effet essentiel de mieux considérer la relation que la DGA peut avoir avec ses industries, ce qui valorise les espaces de dialogue ».
« Je suis assez loin de mon point de départ, mais les années que j’ai passées sur le terrain m’ont donné les fondements que je mobilise aujourd’hui : le sens des responsabilités, de la décision, du management, les connaissances techniques et du milieu marine. Quand je regarde mon parcours a posteriori, je lui trouve une logique. Et surtout, je me rends compte de tout ce que j’ai acquis au travers de mes expériences ». Un savoir-faire acquis sur le terrain, qu’elle entend bien mettre au service de la DGA !
Exercice de tir à bord du Floréal . À l’arrière du bâtiment, on largue les cibles. Les ballons jaunes et rouges ont pris leur envol, avant de retomber à l’eau. Derrière la mitrailleuse de calibre 20 mm, deux marins s’activent pour préparer la mise en œuvre de leur armement. Une fois le matériel paré et les chapelets de cartouches à poste, l’un d’eux se positionne et ajuste son tir. Le feu est ordonné par le directeur de tir. Les ballons ne peuvent opposer qu’une faible résistance. Tout à coup, c’est le silence. Les munitions ont cessé de fuser, et le tireur fait tomber le casque lourd.
Surprise, ce n’est pas un fusilier rompu à l’exercice, mais l’une des membres de l’équipe du commissariat, le SM Sophie B., qui vient de réussir son tir au but.
Ses boucles brunes et son sourire radieux vous disent sans doute quelque chose. Il vous semble avoir déjà croisé la jeune femme quelque part. Non, ce n’est pas sa jumelle que vous avez croisée à la coopérative pour réaliser vos achats. Ni son double lorsque vous réglez vos problèmes administratifs. On retrouve en effet le second-maître à bord sous différentes casquettes. Officiellement, elle occupe un poste de fourrier auprès du commissaire du bâtiment. Mais au sein d’un équipage aux effectifs optimisés, cette spécialiste de l’administration a choisi de jouer la carte de la polyvalence. «Lors des postes de combat, j’occupe le poste de tir au 20mm. J’ai appris sur le tas, cela change de l’administration générale et ça permet de prendre l’air!» s’amuse-t-elle.
C’est aussi elle qui tient la barre en passerelle, où elle prend régulièrement son tour de quart. «C’était mon poste à bord du Latouche-Tréville lors de mon affectation précédente. Je cherche toujours à garder ma spécialité d’origine, mais en pratiquant d’autres choses à côté et éviter la routine. À bord du Floréal , il a fallu m’habituer à une barre un peu différente, mais je suis devenue la barreuse attitrée lors des manœuvres comme les ravitaillements à la mer», témoigne la jeune femme.
«Au début, je suis rentrée dans la Marine nationale pour quitter le cocon familial et prendre mon envol». La chrysalide s’est faite papillon. Un papillon polyvalent qui goûte le quotidien de sa carrière marine avec un réel plaisir. « Ce que j’apprécie à bord, c’est l’autonomie dans le travail. J’espère d’ailleurs bientôt être admise au brevet supérieur (BS). Notre mission dans les Terres australes nous a également permis de voir des paysages hors du commun. Nous avons navigué dans des régions où beaucoup de gens ne vont jamais, comme les Iles Kerguelen et avons pu inviter à bord des scientifiques qui y travaillent ou nous faire inviter par des habitants qui y vivent à l’année et nous ont raconté leur quotidien ».
Pour le SM B., les rencontres à bord sont monnaie courante, surtout en occupant divers postes à bord. «Dans ma spécialité, nous sommes en contact avec beaucoup de personnes de tout grade», explique Sophie. Discrète et effacée dans ses propos, elle ne cherche pas du tout à se mettre en avant. Presque gênée d’être interviewée, elle reconnaît tout juste vouloir se rendre utile. «Au commissariat, nous faisons partie d’un service qui est au service des services». Un bel esprit d’équipage !
Recevoir la Croix de la Valeur militaire pour « acte de bravoure au combat », des mains du chef d’état-major de l’armée de terre, voilà une situation à laquelle le sergent Julie Arneau ne s’était pas attendue.
Savoir se dépasser
Chef de groupe génie combat au 17e Régiment du génie parachutiste (RGP) de Montauban, Julie, 24 ans, n’en demeure pas moins modeste. Pour cette sportive de haut niveau au franc sourire, le « dépassement de soi » a fait partie très tôt de son vocabulaire. Entre ses loisirs et le lycée sport-études, elle s’exerce à d’autres talents : golf, natation, ski, judo… Elle passe sa ceinture noire peu avant d’entrer à l’École des sous-officiers de Saint-Maixent. Pendant une préparation militaire au 17e RGP, elle découvre le saut en parachute. Nouvelle passion, le parachutisme sportif entre dans la liste de ses « loisirs ».
Le 17e RGP en ligne de mire, elle profite des quelques mois qui lui restent avant le début des cours à l’École des sous-officiers pour passer son brevet para. Puis c’est l’entrée à Saint-Maixent pour huit mois de formation spécialité « génie combat ». Quand elle s’installe enfin au « 17 », en janvier 2007, on la prévient : « Il y a peu de filles dans le génie, cela risque d’être difficile ». Rapidement, ses supérieurs lui confient un groupe expérimenté. Elle écoute et observe alors beaucoup, « surtout les anciens ». Elle apprend vite et sait se faire apprécier.
« Nous l’avons évacué pour le faire soigner »
Un an et demi plus tard, elle intègre une équipe de fouille opérationnelle qui part six mois en Afghanistan. Une « superbe opportunité » qu’elle accepte immédiatement, malgré les risques inhérents à ce théâtre. Dans l’équipe, elle est la plus jeune, la seule femme, et l’un des trois sous-officiers parmi une dizaine de militaires du rang. « Je me suis dit que c’était à moi de m’adapter ». Ses hommes attendent beaucoup d'elle. Du haut de son mètre soixante-cinq, elle reste souriante, faisant fi des 50 kg de matériel et de l’hostilité du terrain. Deux moments forts marqueront son séjour afghan. « La découverte d’une importante cache de munitions en Surobi… Et une infiltration de village à pied, en Kapisa. La patrouille s’était bien passée, mais au moment du repli, nous avons été pris sous le feu. Un civil afghan a été blessé. Nous l’avons évacué pour le faire soigner ». Elle finit par lâcher que ses camarades et elle l’ont porté sur près de deux kilomètres, toujours sous la menace. Ce qui lui a valu la Croix de la Valeur militaire. Gênée, elle secoue la tête : « Je n’ai rien fait de plus que les autres... » Son entourage professionnel évoque pourtant une personnalité hors normes. Aujourd’hui rentrée d’Afghanistan, elle se prépare avec son groupe à un départ en Nouvelle-Calédonie, tout en continuant à s’entraîner à ses sports favoris. Autant dire qu’elle souffle peu. Elle s’en défend, pourtant, affirmant qu’elle trouve du temps pour ses proches. Elle se voit même fonder une famille. « Je me calmerai bien un jour, forcément ! »
Portrait réalisé en mars 2011 par Cynthia Glock
La condition de vie des militaires occupe une place importante au sein du ministère de la Défense. Les conjointes des soldats envoyés en opération extérieures voient ainsi leurs problématiques prises en compte. Au cours d'une table ronde, le ministre de la Défense et des Anciens combattants s'est entretenu avec des épouses de militaires lors de sa visite le 1er mars au sein du 3ème RIMa. Retour sur cette rencontre.
«Être un jour aux commandes d’un Rafale est un rêve que je partageais avec la plupart des élèves de l’École de l’air, témoigne la capitaine Claire Mérouze. Naturellement, nous serions tout aussi heureux de piloter les autres avions de chasse de l’armée de l’air. » Après six années de formation, elle devient major de sa promotion et est affectée sur la base aérienne de Saint-Dizier, fin janvier 2012. Elle touche son rêve du bout des doigts. Première femme pilote de Rafale, elle entame, dès lors, sa phase de formation au sein de l’escadron de transformation Rafale 2/92 « Aquitaine », avant son affectation à l’escadron de chasse 1/7 « Provence ». «Même en étant major de promotion, rien ne garantit une place en escadron Rafale : une part de chance entre également en jeu. »
Passionnée par les récits de son père, ancien navigateur sur Mirage IV, Claire n’a eu de cesse que d’embrasser une carrière d’aviatrice. À maintes reprises, elle le suit lors des meetings aériens, nourrissant encore sa vocation grandissante. Combative, Claire a pratiqué le saut à la perche et l’heptathlon, se classant parmi les 20 meilleures françaises. « Je pratiquais environ huit heures par semaine, sans compter les week-ends, se souvient Claire. Cependant, j’ai du arrêter l’entraînement pendant la « prépa » pour intégrer l’École de l’air. Le rythme était bien trop intense. » Néanmoins, le sport et la passion de l’aéronautique transmise par son père sont les moteurs qui ont contribué à sa réussite.
À la question « Est-il difficile d’être une femme dans un milieu d’homme ? », elle confie : « Dans ce milieu peu féminisé, je n’ai pas senti de discrimination. Nous sommes peut-être un peu plus surveillées. En effet, dans un groupe de 20 élèves, s’il n’y a qu’une fille, tout le monde la connaîtra tout de suite. Après est-ce positif ou négatif ? Je pense qu’en fin de compte, il n’y a ni avantage ni inconvénient ».
« L’expérience des premières aviatrices nous facilite les choses », signale la capitaine Mérouze. L’armée de l’air a ouvert les portes du métier de pilote de chasse aux femmes en 1995. Cette année là, Caroline Aigle a intégré l’École de l’air, puis est devenue première femme pilote de chasse en 1999. De nos jours, la plupart des pilotes de chasse ont déjà travaillé avec une femme, qu’elle soit pilote ou navigatrice. « Il est inutile que tu fasses davantage que les pilotes masculins, le cursus de pilote de chasse est déjà assez difficile ! », lui a conseillé un jour un ancien commandant du « Provence ». Aujourd’hui, l’armée de l’air atteint un taux de féminisation de 22%, le plus élevé dans les armées. Les femmes pilotes de chasse sont de plus en plus nombreuses. Des pionnières ont franchi de nombreux paliers : pilote de chasse, commandant d’escadrille, pilote de chasse en opérations, leader de la Patrouille de France et aujourd’hui, pilote de Rafale… autant d’étapes gravies par des aviatrices qui soulignent la jeunesse et l’ouverture d’esprit de l’armée de l’air.
Les représentantes des associations ARIA (Association de Réflexion, d’Information et d’Accueil des familles de militaires en activité) et ANFEM (Association Nationale des Femmes de Militaire) ont été reçues par le ministre de la Défense Gérard Longuet à l’Hôtel de Brienne, le mercredi 7 mars. Ces deux associations œuvrent pour informer et soutenir les femmes et les familles de militaires.
« Le ministère de la Défense ne s’intéresse pas uniquement aux femmes, pour la journée qui leur est dédiée, le 8 mars », s’exclame Gérard Longuet, ministre de la Défense. « Toute l’année, une partie de nos réflexions porte sur la questions des conjoints de militaire. [...] La singularité de l’engagement militaire réclame une attention toute particulière de la part de l’employeur à l’égard des situations familiales. Ce sont des situations qui sont au regard des normes de la société actuelle, parfaitement exceptionnelles. Et à bien des égards, en porte à faux avec toutes les habitudes de la vie quotidienne civile, d’aujourd’hui. »
Les représentantes de ces deux associations ont présenté au ministre leurs actions récentes et en cours. L’ANFEM a ainsi réalisé tout au long de l’année de nombreuses actions en faveur de familles de militaires ayant des enfants handicapés. Quant à l’ARIA, elle a travaillé plus particulièrement sur la question de l’illettrisme au sein des armées. Elle a également créé de nouvelles antennes notamment à l’étranger, à Bruxelles (Belgique) et à Stavenger (Norvège). Ces nouvelles antennes sont destinées à aider les familles de militaires qui ont été mutés dans ces pays. L’ARIA souhaite pour 2012 être plus impliquée et intégrée dans le dispositif des bases de Défense.
Les représentantes de ces deux associations ont également insisté sur le fait qu’elles étaient toutes bénévoles.
Elles ont ensuite abordé avec le ministre des sujets qui les préoccupent, comme les questions de logement, de garde d’enfants, et de solde.
Le rôle du conjoint dans la vie du militaire n’est pas à minimiser. Ce dernier occupe un rôle important pour la famille. Il doit gérer l’absence du militaire qui part en OPEX souvent pour six mois, et tous les problèmes du foyer, éducations des enfants, problèmes d’argent, problèmes personnels… « On a l’habitude de dire que le rôle de la femme d’un militaire est d’être en base arrière. Et quand la base arrière va bien, le militaire va bien et peut mener sa mission de façon sereine. , C’est pour cela que notre action est importante, pour soutenir et aider les familles de militaires quand ces dernier sont en OPEX », souligne Catherine Goudeau, présidente de l’ANFEM. « Cette vie de ‘femmes de militaire’ est une vie faite de dévouement, d’abnégation », continue Béatrice Cambournac, présidente de l’association ARIA. « Nous devons faire en sorte que notre mari puisse partir sereinement en opération. C’est une vie que je connais depuis très longtemps. Je la partage avec d’autres femmes. Et je veux faire partager mon enthousiasme avec les autres femmes de militaires. »
Le but de cette réunion a été de valoriser le travail de l’ARIA et de l’ANFEM. Le ministre a longuement salué leurs actions en faveur du monde militaire et a rendu hommage à leur leur dévouement au quotidien. « Ce sont deux institutions vivantes, qui sont malheureusement pas assez connues. Je souhaite que plus de conjoints de militaires rejoignent ces deux associations pour bénéficier de cette formidable entraide, et des informations, qu’elles délivrent ! », a conclut le ministre.
Source : Ministère des Armées