Point de situation des opérations du vendredi 10 au jeudi 16 septembre.
AFRIQUE – BARKHANE
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
Dans la bande sahélo-saharienne, plusieurs opérations conjointes et actions de partenariat ont marqué la semaine. Elles illustrent le très bon niveau d'interopérabilité de la Force Barkhane et des forces partenaires.
ACTIVITÉ DE LA FORCE
Du 17 au 22 août 2021, les forces françaises de l’opération BARKHANE, en partenariat avec les Forces armées maliennes (FAMa), ont conduit une opération de reconnaissance et de harcèlement contre un groupe de l’EIGS dans le Liptako malien, au sud d’In Delimane, dans la forêt de Dangarous.
Cette opération s’inscrivait dans un cycle opérationnel plus large qui vise à stabiliser la situation sécuritaire du Gourma et du Liptako dans la zone des Trois frontières, en partenariat étroit avec les forces maliennes et nigériennes et avec la forces conjointe du G5 Sahel, et en coordination avec nos alliés européens et américain dont il faut à nouveau saluer l’engagement. Ce cycle d’opérations a notamment pour but de maintenir la liberté de circulation sur la RN20 entre Ménaka et Ansongo et d’appuyer le déploiement des forces armées maliennes et des forces armées nigériennes dans cette région.
C’est au cours de cette opération que la Force Barkhane a neutralisé Abou Walid Al-Sahraoui, émir de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS).
Cette opération, fruit d’un long travail de renseignement interservices et interalliés, a impliqué l’ensemble des composantes de la Force Barkhane, aériennes et terrestres.
Elle était articulée autour d’une phase préparatoire essentiellement centrée sur des actions de collecte de renseignements et sur une phase d’engagement à terre dans la forêt de Dangarous, zone boisée difficile d’accès, connue pour abriter des campements de cadres et de membres de l’EIGS ainsi que des plots logistiques.
La phase initiale de renseignement conduite entre le 17 et le 20 août visait à préciser les informations recueillies par Barkhane après avoir capturé quelques jours plus tôt deux membres de l’EIGS à proximité de la forêt de Dangarous. Au cours de cette phase de renseignement, une frappe aérienne a permis de neutraliser deux membres de l’EIGS qui circulaient sur une moto.
Lors de la phase à terre, du 20 au 22 août, un groupe commando a été engagé pour reconnaitre et fouiller l’ensemble de la zone. Il était appuyé par des moyens aériens (drone et M2000D). Des frappes aériennes ont été réalisées sur différents objectifs clairement identifiés comme étant occupés par des membres de l’EIGS.
Les frappes ont été déclenchées après avoir respecté un processus de ciblage robuste et avec la confirmation que les objectifs visés correspondaient à des éléments de l’EIGS.
Lors de cette opération, plusieurs membres de l’EIGS, ont été neutralisés, dont Abou Walid Al-Sahraoui, et plusieurs plots logistiques, dont de nombreuses ressources, ont été détruits.
Du 2 au 12 septembre, les aéronefs de la Force Barkhane ont assuré le transport entre Gao et Ménaka d’une centaine de soldats maliens issus du processus de Désarmement démobilisation et réintégration (DDR). Ces militaires maliens issus à parité des FAMa et des groupes armés signataires (Coordination des mouvements de l’Azaouad et Plateforme) constitueront le nouveau 11e Régiment d’infanterie motorisée (RIM) de Ménaka.
Ce déploiement s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation qui a vu la constitution de trois bataillons de l’armée de Terre dits « reconstitués » stationnés à Tombouctou, Kidal et Ménaka. Ces formations, complètement intégrées à l’armée de Terre malienne, ont pris les dénominations officielles de 51e RIM (Tombouctou), 72e RIM (Kidal) et 11e RIM (Ménaka). Elles ont pour mission de contribuer à la sécurité des populations dans leur zone d’action respectives.
Dans le même temps, la force Barkhane a conduit des opérations de réassurance au profit de la relève par voie routière des unités maliennes de Tessit.
Le détachement Reaper a continué ses missions de renseignement au profit des opérations terrestres de la Force Barkhane grâce à sa capacité à détecter toute menace potentielle contre les unités de la force et des forces partenaires et à les avertir sur la praticabilité de l’itinéraire.
Le détachement Reaper a également travaillé avec la Task Force (TF) Takuba en fournissant du renseignement pour la préparation des opérations à venir dans le Liptako.
Une délégation danoise s’est rendue à Ménaka en reconnaissance de terrain, avant le déploiement de ses forces spéciales début janvier 2022.
Le Task Group franco-estonien (TG1), stationné à Gao, a réalisé une opération de lutte contre les groupes armés terroristes (GAT), en accompagnement de l’Unité légère de reconnaissance et d’investigation n°3 (ULRI 3) FAMa d’Ansongo. Cette jeune ULRI démontre, opération après opération, une réelle compétence tactique et technique. Dans le même temps, le TG1 a poursuivi son programme de Train the trainers avec l’ULRI 4 avec laquelle Takuba opère depuis plus d’un an. L’engagement européen est au cœur de la TF Takuba pour cette mission de partenariat au profit des FAMa.
AFRIQUE - EUTM RCA
La cérémonie de passation de commandement de la mission de formation de l’Union européenne en République centrafricaine (EUTM-RCA) s’est déroulée le samedi 11 septembre 2021, au sein du camp de M'Poko, en présence de son Excellence le Professeur Faustin Archange Touadera, Président de la République centrafricaine. Le général de brigade portugais Paulo Neves de Abreu a transmis le commandement de la mission au général de brigade français Jacques Langlade de Montgros. Le nouveau Force mission commander européen assurera également les fonctions de conseiller défense du Président de la République centrafricaine. La mission EUTM RCA est présente à Bangui depuis 2016. Elle regroupe 225 militaires issus de 15 nations. Elle est en partie armée par le Corps européen et a pour mission de former des unités des Forces armées centrafricaines (FACA) et d’apporter un conseil stratégique auprès du MINDEF et de l’EMA centrafricains.
PROCHE MOYEN-ORIENT – CHAMMAL
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
L’opération CHAMMAL, volet français de l’opération INHERENT RESOLVE (OIR), se poursuit et les Armées restent engagées dans leur lutte contre Daech, car l’organisation terroriste est entrée dans un combat en réseau, clandestin en dissimulant ses capacités.
La France apporte par ailleurs une action de conseil auprès des forces de sécurité irakiennes afin de contribuer à leur montée en puissance. Au sein du JOCAT (Joint Operations Command Advisory Team), structure conseillant le commandement interarmées des opérations irakien, plusieurs officiers français insérés apportent leurs compétences dans des domaines variés (renseignement, feux, opérations terrestres et aériennes).
ACTIVITÉ DE LA FORCE
De début août à début septembre, près d’une cinquantaine d’aviateurs ont été déployés sur la Base aérienne projetée (BAP) au Levant pour mettre en œuvre le MAMBA, système de défense sol-air moyenne portée (SAMP). Il s’agissait du 1er déploiement sur un théâtre d'opération pour ce système d’armes, qui est habituellement employé en métropole dans le cadre de la protection des bases aériennes et également lors des dispositifs particuliers de sûreté aérienne (DPSA).
Au cours de ce déploiement, le MAMBA a confirmé son haut niveau de performances et son interopérabilité avec les forces partenaires (F16, F15, A400M et Rafale) allant jusqu’à intégrer un officier de liaison jordanien au sein du centre de management de la défense dans la 3e dimension (CMD3D), module dévolu à la conduite et la coordination des engagements sol-air lorsque plusieurs systèmes d'armes sont déployés pour protéger une zone.
Le 7 septembre, deux Rafale de l’armée de l’Air et de l’Espace de la base aérienne projetée (BAP) au Levant se sont entrainés avec deux F16 des forces aériennes irakiennes dans un exercice centré sur des missions de défense de l’espace aérien irakien.
Les pilotes de F16 se sont entraînés à conduire des interceptions tactiques des Rafale selon différentes procédures d’identification. Ce type d’exercice contribue à renforcer l’interopérabilité entre les forces françaises et irakiennes.
BASSIN MEDITERRANEEN – DEPLOIEMENTS MARITIMES
En Méditerranée orientale, la frégate furtive légère Aconit poursuit sa patrouille au large des côtes du Levant dans le cadre de son déploiement en soutien direct de l’opération CHAMMAL. Cette semaine a été marquée par une coopération avec un hélicoptère de type AW139 des forces armées chypriotes. Il a ainsi participé à plusieurs exercices de touch and go ainsi qu’à un treuillage d’un plongeur chypriote sur le pont d’envol de la frégate. Compte tenu de son positionnement géographique, Chypre joue un rôle essentiel de point d’appui pour les bâtiments français patrouillant dans la région. Cet exercice permet d'entretenir l'interopérabilité et un haut niveau de coopération entre les forces armées des deux pays. En cas d’évacuation médicale (MEDEVAC), un tel entraînement garantirait l’interopérabilité des moyens et permettrait ainsi aux frégates françaises déployées de façon quasi permanente en Méditerranée orientale de continuer leur mission sans avoir à rejoindre un port.
Huit jours après son appareillage de Toulon, le chasseur de mines Lyre a accosté à Koper en Slovénie pour une relâche opérationnelle. Dès son arrivée, l’équipage de la Lyre a pu débuter des activités de coopération. Les échanges entre les marins des deux nations, notamment dans le domaine de la plongée militaire et de la guerre des mines, ont permis un partage de savoir-faire fructueux, renforçant l’interopérabilité des plongeurs. Le chasseur de mines a ensuite repris sa patrouille et se dirige actuellement vers le Monténégro.
Partenaires opérationnels depuis une dizaine de jours, la frégate La Fayette (FLF) Guépratte et la frégate algérienne Erradii ont accosté mardi 14 septembre à Alger dans le cadre de l’activité de coopération opérationnelle (ACO) Raïs Hamidou 2021. Cette activité conjointe a pour but la consolidation et le développement de la coopération opérationnelle dans les domaines de la surveillance et de la sécurité maritime. Elle passe par l’approfondissement d’une interopérabilité pérenne entre les structures de commandement et les unités. Se déroulant en deux phases, RAÏS HAMIDOU 21 aura permis aux deux marines de s’exercer à terre, à Toulon, et en mer Méditerranée. Ces échanges entre les marines des deux pays riverains de la mer Méditerranée sont indispensables à l’aptitude des deux parties à opérer conjointement et à répondre, le cas échéant, à une situation de crise en mer.
EUROPE DU NORD ET DE L’EST – eFP ESTONIE
La fin de mandat du Battle group Estonia « Cabrit 8 » (nom de la participation britannique à l’enhanced Forward Presence) approche.
La cérémonie de Transfer of authority (TOA) du Battle group Estonia s’est déroulée le 16 septembre sur le camp de Tapa entre le lieutenant-colonel (UK) Dean Canham, commandant le 1st Mercian, et le lieutenant-colonel (UK) Simon Worth, commandant le Royal Tank Regiment. Ce TOA marquera une évolution notable pour le Battle group, qui basculera d’une dominante infanterie à une dominante blindée. Cette restructuration s'est notamment traduite par l’arrivée sur le théâtre de 10 chars de combat Challenger 2 le 9 septembre.
La semaine prochaine marquera également le début de la relève du SGTIA Lynx.
OTAN
Un avion de détection et de commandement Boeing E-3F et son équipage (environ 20 aviateurs) de la 36e escadre de commandement et de conduite aéroportés (36e EC2A) de la base aérienne 702 d’Avord a réalisé 4 vols de surveillance aérienne au-dessus de la Pologne, du 10 au 16 septembre 2021, dans le cadre des mesures de réassurance de l’OTAN au profit de ses Etats membres en Europe centrale et orientale.
La 36e escadre conduit des missions similaires environ une fois par mois au-dessus de la Mer Noire et de la région polo-balte. L’armée de l’air et de l’espace a conduit 11 missions depuis le début de l’année 2021, respectant ainsi les engagements de la France vis-à-vis de l’Otan et de ses alliés.
EUROPE DU NORD – GRAND NORD
Du 6 août au 6 septembre 2021, le Chasseur de mines tripartite (CMT) Croix du Sud a été intégré à l’un des deux groupes maritimes de guerre des mines permanents de l’OTAN, le standing NATO mine countermeasures group 1 (SNMCMG1), en Manche puis en mer du Nord. Le SNMCMG1 est spécialisé dans la guerre des mines et opère en océan Atlantique, l’autre groupe de guerres des mines de l’OTAN, le SNMCMG2, opère en Méditerranée ou en mer Noire. Constitué de bâtiments - dont des chasseurs de mines - mis à disposition par les pays de l’Alliance, le SNMCMG1 assure à l’OTAN une permanence à la mer et un moyen de réaction prompt en cas de menace « mines » réelle dans sa zone.
Après la mission Historical ordnance disposal (HOD) du 10 au 18 août, l’exercice Sandy Coast a été conduit du 24 août au 3 septembre.
Sandy Coast s’est déroulé en mer du Nord au large du Pays-Bas, dans le cadre des opérations interalliées de guerre des mines. Cet exercice comportait de 2 volets :
ATLANTIQUE – DEPLOIEMENTS MARITIMES
La frégate multi-missions (FREMM) Aquitaine, actuellement déployée au large des côtes nord-américaines, poursuit sa participation à l’exercice interalliés CUTLASS FURY 2021 aux côtés de la Marine royale canadienne et de l’US Navy.
Après avoir réalisé des exercices de manœuvre en force constituée le 9 septembre, l’Aquitaine a conduit plusieurs entraînements de tir d’artillerie. Ces différentes séquences permettent de confirmer l’excellent niveau d’interopérabilité avec les marines canadiennes et américaines aux côtés desquelles la marine française opère régulièrement. Les marins vont débuter la phase tactique de l’exercice qui mobilisera tout leur savoir-faire opérationnel dans des domaines variés tels que la lutte anti-aérienne et anti-sous-marine, en passant par la lutte antinavire et les opérations de visite.
Déployé depuis le 8 septembre en mer Baltique, le chasseur de mines tripartite (CMT) Pégase a débuté en début de semaine l’entraînement opérationnel NORTHERN COASTS 2021, exercice multi-luttes rassemblant 28 navires et 2000 marins des pays baltes, scandinaves, polonais, allemands et français au sud de la mer Baltique. Pour cette édition 2021 organisée par la marine suédoise, les chasseurs de mines et patrouilleurs côtiers des différentes nations participantes s’entraînent ensemble jusqu’au 23 septembre afin d’accroître leur capacité à mener efficacement des opérations conjointes, notamment dans des espaces confinés et peu profonds propres de la mer Baltique.
PACIFIQUE – MISSION AMERIQUE LATINE
Le 13 septembre, la frégate de surveillance (FS) Prairial a appareillé de Tahiti pour un déploiement de deux mois dans le Pacifique Est où elle mènera des missions de surveillance maritime et de police des pêches dans les zones économiques exclusives de la Polynésie française et de Clipperton.
La frégate Prairial participera à des actions de coopération avec nos partenaires d’Amérique latine, avec en particulier UNITAS 2021, le plus grand exercice naval d’Amérique du Sud. 19 pays (Argentine, Australie, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, République Dominicaine, Equateur, France, Allemagne, Italie, Jamaïque, Mexique, Maroc, Panama, Espagne, Uruguay, Grande Bretagne et Pérou) participent à cet exercice à hauteur de 25 bâtiments dont 3 sous-marins, 12 aéronefs et 3 000 marins.
TERRITOIRE NATIONAL – OPÉRATION HARPIE
Du 16 au 21 août puis du 24 au 1er septembre, deux opérations d’ampleur ont été menées dans la région Sud-ouest de la Guyane dans le cadre de l’opération HARPIE de lutte contre l’orpaillage illégal. Baptisées WETEN 4 et WETEN 5, ces actions interministérielles ont réuni une soixantaine de militaires des Forces armées en Guyane (FAG), une dizaine de gendarmes, et un inspecteur de l’environnement du parc amazonien de Guyane pour WETEN 4.
Au bilan, plusieurs centaines de carbets, plusieurs dizaines de tables de levées et plusieurs tonnes de matériels ont été détruites ou saisies.
TERRITOIRE NATIONAL – FAA
Du 7 au 9 septembre, les forces armées aux Antilles (FAA) ont conduit en mer des Caraïbes la deuxième édition de l’exercice LANMEKOL dédié à la préparation opérationnelle de ses bâtiments de surface. Cet exercice placé sous le commandement tactique de la frégate de surveillance Germinal, et comprenant le patrouilleur Antilles-Guyane La Combattante, le remorqueur portuaire côtier Maïto, et le nouveau Dauphin N3 du détachement de la flottille 35F a également permis de consolider l’interopérabilité des FAA avec la Gendarmerie nationale dans la zone, puisque les pilotes des hélicoptères de type Ecureuils se sont qualifiés aux appontages et décollages sur et depuis le Germinal, en mer.
Sources : Ministère des Armées
Droits : EMA