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[Verdun 2016] Verdun, symbole d’une guerre d’usure

Mise à jour  : 24/03/2016 - Auteur : Camille Martin - Direction : DICoD

Le lundi 21 février 1916, un obus de 380mm explose dans la cour du palais épiscopal de Verdun. C’est le début de l’opération baptisée Gericht – Jugement – menée par l’Allemagne, qui va durer dix mois et faire plus de 300 000 morts et près de 400 000 blessés. C’est la plus longue et l’une des batailles les plus dévastatrices de la Première Guerre mondiale. Pourquoi représente-elle aujourd’hui la guerre d’usure ? Quelles étaient les intentions initiales des Allemands ? Et quels éléments ont joué dans l’issue finale de cette bataille ?

Cent ans après le lancement de la bataille la plus longue de la Première Guerre mondiale, les historiens discutent encore des différentes théories expliquant les objectifs de l’armée allemande lorsqu’elle a attaqué Verdun, le 21 février 1916. Deux hypothèses prédominent. La première serait la volonté allemande de percer le front français, pour éventuellement marcher sur Paris. La seconde hypothèse est celle défendue par le général Erich von Falkenhayn, commandant en chef de l’armée allemande : « saigner à blanc » l’armée française. « C’est ce qu’affirme le général Falkenhayn dans ses mémoires, relate le lieutenant-colonel Rémy Porte, historien, spécialiste de la Première Guerre mondiale. Il évoque l’existence du mémorandum de Noël, datant de décembre 1915, où il propose de ‘‘saigner à blanc’’ les Français. Cependant, ce memorandum n’a jamais été retrouvé. Le mystère reste entier. Ce récit peut être une reconstruction ultérieure du général pour expliquer son offensive, alors qu’il aurait eu comme intention initiale de faire une percée. Au final, les deux théories peuvent se défendre et se contester. »

Une formidable résistance française

Au-delà des objectifs initiaux, le général Falkenhayn restait persuadé que les troupes françaises étaient réellement épuisées et avaient atteint selon lui « les limites de ce qu’elles pouvaient supporter ». C’était sans compter sur une formidable résistance française. L’attaque débute par un déluge de feu massif qui dure de 7h30 à 16h30, le 21 février 1916. Derrière l’artillerie progresse l’infanterie allemande, mais le terrain labouré par les trous des obus est peu praticable, instable et dangereux. La progression des troupes est ralentie, elle doit se faire en colonne en évitant les obstacles. Du côté français, les unités qui n’ont pas été totalement détruites s’organisent. Les poilus résistent, se replient mais de façon très lente. Le général de Curières de Castelnau, adjoint du général Joffre, décide de garder le terrain. Tandis que le président du conseil affirme qu’il n’y aura pas de repli. « C’est une décision politico-militaire qui donne à Verdun son caractère de sacrifice pour défendre à tout prix le sol français », ajoute le lieutenant-colonel Rémy Porte. Se livre alors une guerre d’usure où chaque mètre conquis, perdu, repris, est une victoire. La difficile résistance peut être alimentée, grâce aux moyens mis en œuvre et à l’extrême détermination des soldats.

De février à début juillet, les Allemands ont l’initiative. De mi-juillet à décembre, les Français reviennent presque sur leurs positions de départ. Plusieurs raisons expliquent cette évolution. En premier lieu, les atouts du côté français : contrairement aux soldats allemands qui ne sont jamais relevés, les unités françaises se succèdent sur le champ de bataille par roulement de quelques jours. C’est la noria : « Au final, deux tiers des soldats français auront participé à Verdun, explique le lieutenant-colonel Rémy Porte. Ce système évite un épuisement des troupes et, psychologiquement, le fait de rester peu de temps sur le front est plus rassurant. Le ravitaillement par la Voie sacrée est également un atout majeur pour les Français. La noria quotidienne de camions permet de ravitailler les troupes en munitions, nourriture et d’évacuer les blessés. Enfin, le principal avantage français reste l’esprit de sacrifice des hommes qui se battent pour défendre leur sol. » Ces atouts permettront aux Français de tenir devant la vague allemande, jusqu’au tournant décisif de juillet 1916.

Verdun, symbole d'un sacrifice défensif pour les Français

Le 1er juillet au matin, les Alliés attaquent sur la Somme. « La bataille de la Somme et les victoires des Russes sur les Autrichiens mettent en difficulté l’armée allemande, qui ne peut pas tenir plusieurs fronts actifs en même temps, souligne le lieutenant-colonel Rémy Porte. Fin août, le général Erich von Falkenhayn est limogé. Son successeur a pour priorité de battre la Russie. Il est également effaré par le taux de perte de l’armée allemande à Verdun. Il donne l’ordre de stopper les actions offensives, mais les Allemands, à leur tour, doivent tenir le terrain coûte que coûte. » La France reprend l’offensive avec une supériorité certaine. Pour autant, les combats sont extrêmement durs jusqu’à la fin. Le 19 décembre, quand se termine la bataille de 1916 à Verdun, l’Allemagne en sort tout aussi meurtrie que la France. Elle reste le symbole d’un sacrifice défensif pour les Français, tandis que les Allemands la considèrent comme une bataille inutilement meurtrière, sans savoir réellement pourquoi elle a été engagée.


Sources : Ministère des Armées